C’est demain mardi que s’ouvrira à Alger une réunion de dialogue entre des différents belligérants en Libye sous les auspices de la diplomatie algérienne.
Une quinzaine de dirigeants politiques de premier plan, des chefs de partis et de grands militants connus sur la scène libyenne vont se retrouver pour la première autour d’une table pour discuter sereinement de l’avenir de leur pays.
C’est déjà un premier succès pour l’Algérie que de convaincre les différentes partie de s’assoir à la même table alors que les armes font des ravages sur le terrain.
La mission est certes difficile mais pas impossible. «Nous sommes raisonnablement optimistes et travaillons pour que le dialogue entre les frères libyens aboutisse au règlement de la crise que vit la Libye», a assuré dimanche le ministre des affaires étrangères, M.Ramtane Lamamra.
Il faut rappeler que c’est la mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul) présidée par l’italien Bernardino Leon qui avait annoncé mercredi dernier la tenue de cette rencontre à Alger.
C’était une sorte de mise au point à l’agitation du makhzen qui voulait parasiter le règlement de ce conflit en annonçant une rencontre au Maroc.
Le Maroc réunit les parlementaires rivaux
Peine perdue, puisque l’ONU a confié cette mission délicate à l’Algérie qui a réussi un premier coup avec les maliens. Des discussions se déroulent certes depuis jeudi dernier au Maroc entre des représentants des deux Parlements rivaux, mais le format des négociations sera plus représentatif demain à Alger.
Lamamra espère en tout cas que les discussions qui s’ouvriront mardi aboutissent à «un consensus national sur la création d'un gouvernement d'union et sur les arrangements de sécurité pourpermettre au pays d'évoluer et d'aller vers la Constitution, des élections dans le calme et la sérénité».
Et c’est en fonction des résultats de cette rencontre que la mission des Nations unis sera fixée sur les étapes suivantes des pourparlers. Lamamra a précisé que les négociateurs libyens pourront rester en Algérie «aussi longtemps qu'ils le souhaitent». C’est dire à quel point l’Algérie fonde beaucoup ses espoirs sur cette rencontre, elle, qui est directement impactée par le chaos libyen à ses frontières.
L’optimisme mesuré de Lamamra
Le ministre des affaires étrangères a souligné en outre que l'Algérie soutenait «naturellement» les efforts de Bernardino Leon, chef de la Manul, de «multiples manières, y compris à travers nos propres contacts et interactions avec des Libyens et Libyennes de tout horizon politique et social».
Et d’ajouter que notre pays avait reçu «discrètement» ces derniers mois plus de 200 acteurs de la crise en Libye. Il y a donc un travail soutenu à l’abri des projecteurs qui a été accompli avant d’arriver à ce tête à tête.
Il faut dire que la diplomatie algérienne dispose d’une solide expérience dans les négociations multilatérales. Mieux encore, elle dispose d’un soutien sans réserve de la communauté internationale et des puissants du monde pour qui le règlement de la crise libyenne est une urgence absolue en raison des menaces qu’elle fait peser sur toute la région.
Il va de soi que l’Algérie qui plaide en faveur de la solution politique en Libye est quasiment obligée de réussir pour éviter le scénario catastrophe d’une intervention militaire comme le souhaite certains pays comme la France et l'Egypte.
Livré aux milices, la Libye est dirigé par deux Parlements et deux gouvernements, l'un proche de milices islamistes et l'autre reconnu par la communauté internationale.
Les deux délégations tenteront à Alger de se mettre d'accord sur la «forme» d'un gouvernement d'union et les modalités d'une cessation des hostilités.