Les images diffusées mercredi par la télévision sur la rencontre tripartite Bouteflika, Sellal et Gaid Salah aux Invalides (Paris), outre qu’elles constituent un recadrage sur l’état de santé du chef de l’Etat, servent aussi à déboucher l’horizon politique du pays. Tout au long des 45 jours d’absence du président de la République, sur fond de communication officielle calamiteuse, partis politiques, personnalités, experts, s’appuyant sur ce qu’ils considèrent comme « une paralysie des institutions de l’Etat » se sont relayés pour appeler à la mise en branle de la disposition constitutionnelle relative à l’empêchement pour raison de santé.

Le déplacement d’Abdelmalek Sellal et Gaid Salah, incarnation des pouvoirs civil et militaire se veut justement comme une fin de non-recevoir à cette revendication et Abdelaziz Bouteflika restera vraisemblablement président de la république avec le plein exercice de ses fonctions. C’est dans ce cadre justement qu’il convient d’interpréter les instructions qu’il avait donné à son premier ministre : notamment la finalisation des textes qui doivent être prochainement examinés et adosser par le Conseil des ministres. Un conseil des ministres qui devrait être présidé par le chef de l’Etat lui-même, en sachant qu’il s’agit là d’une prérogative qu’il ne peut déléguer.

Les projets de loi qui seront adoptés donneront de la matière première à l’institution parlementaire qui va, du coup, se remettre en fonctionnement après avoir tourné depuis quelques semaines sur les questions orales. Mais par delà le prochain Conseil des ministres, la rencontre tripartie de Paris a eu pour effet de redonner de la visibilité politique à l’Algérie. L’agenda pour les prochains mois devient plus clair. Probablement en raison de sa convalescence, le président Bouteflika aura une activité à minima, mais en demeurant le centre d’impulsion principal.

Et c’est le Premier ministre, qui s’est plutôt bien acquitté de sa mission jusque-là, qui sera au front pour mettre en musique la politique du Gouvernement. Ce schéma articulé sur un partage des rôles entre un président de la république qui continuera à avoir la haute main sur la décision politique, en tenant la barre, et un Premier ministre sur le pont, tiendra lieu de feuille de route pour les dix mois qui nous séparent de l’élection présidentielle. Dix mois pendant lesquelles les tractations ont toute la latitude de se dérouler pour la mise en place du scénario de la succession.