Par Mohamed Ould El Bachir
Exceptionnel itinéraire que celui de Si Mourad Medelci. Parcours d’exception et à nul autre comparable. Il fait partie pleinement des grands hommes de l’école diplomatique d’Abdelaziz Bouteflika qui peuvent affirmer avoir eu la grande confiance du Président de la République. Eu égard à son humilité et à sa sagesse légendaire, les diplomates étrangers- de Moscou à Washington, en passant par Paris, ne lui lancent que des fleurs et de la considération.
Des personnalités et pas des moindres, issues des institutions de la république, à l’instar des hauts cadres des affaires étrangères, ont tenu à lui rendre hommage. Ainsi, de l’avis de tous, Si Mourad était à la fois «le patriote, le technocrate et le diplomate».
De son itinéraire, le président de la République y voit une réussite majeure d’un grand homme de l'Algérie qui a accompli avec abnégation et dévouement ses missions dans le processus d'édification de l'Etat, à travers les différents postes de responsabilité qu'il a eu à assumer, notamment aux ministères des Finances et des Affaires étrangères, mais aussi à la tête du Conseil constitutionnel.
Né le 30 avril 1943 à Tlemcen, ce fin connaisseur des institutions de l’État a occupé différents portefeuilles ministériels entre 1988 et 2013, dont le Commerce (1988-1989 et 1999-2001 ) le Budget ( 1991-1992 ) , les Finances ( 2001-2002 et 2005-2007 ) et les Affaires étrangères (2007-2013) . Conseiller à la présidence de la République entre 2002 et 2005, il est nommé à la tête du Conseil Constitutionnel en 2013 par le président Abdelaziz Bouteflika.
Licencié en Sciences économiques de l'université d'Alger en 1966, il occupera des postes de direction dans plusieurs groupes publics avant de devenir Directeur Général de la SNTA en juin 1977.
Sur la chaine « En Nahar », un ancien ministre, qui le connait bien, de surcroit son voisin, n’y trouve strictement rien à dire, tant si Mourad est réputé pour son caractère affable, conciliant et amène.
Je me permets d’ajouter un point qui a par ailleurs été souligné par ce ministre, qui a fait état de sa réelle affection pour lui, en le décrivant comme un "homme d'Etat au caractère fort, au leadership charismatique et à la discrétion rare. Il était doté, dit-il, d’une grande générosité, qui s’est vérifiée lors de son pèlerinage aux lieux saints de l’islam, et d'une extraordinaire faculté d'anticipation", témoigne -t-il encore.
Ses anciens amis, qui lui reconnaissent une grande capacité de travail et un effet participatif, se souviennent de sa modestie, de son dévouement et de sa valeur d’écoute, ce qui lui valut respect et considération.
S’il est une constatation que l’on doive donc faire d’abord et avant tout de son itinéraire diplomatique, c’est bien celle de son extraordinaire capacité à gérer toutes les situations difficiles, compliquées et dangereuses, qui se sont présentées à lui sur prés de six années. Le secret de cet accomplissement, c’est ses valeurs humaines, sa finesse et son intelligence politiques, fait remarquer un ancien diplomate.
Au titre du poste régalien qu’il occupait aux affaires étrangères, et en totale synergie avec son frère Abdelkader Messahel, il avait eu la prescience des implications des événements de la région du monde arabe des années 2011-2012, ce qui a poussé d’éminentes personnalités étrangères à citer la parole de l’Algérie comme référence pour l’analyse et la compréhension des non-dits des crises et conflits.
Pour moi, ce chapitre constitue l’aspect le plus important de sa carrière de grand commis de l’état. Les nouveaux défis de l’Algérie, dont les enjeux dépassent largement son contexte, requièrent des efforts supplémentaires et une plus grande coopération. La menace terroriste et la criminalité transnationale multiforme se déploient dans les régions autrefois épargnées nécessitant une vigilance accrue, une prise en charge adéquate et une coopération effective pour lutter efficacement contre ce fléau, disait-il.
Il en est ainsi de la criminalisation sans équivoque et la condamnation ferme des autres crimes transnationaux perpétrés par les groupes terroristes qui trouvent là un moyen facile de poursuivre leurs activités et contourner le tarissement de leurs sources de financement.
Sur l’UMA, il affirmait que l'ambition d'édification de cette union n'est pas théorique mais repose sur notre expérience, nos capacités et une forte volonté politique pour assurer un saut qualitatif et permettre à chacun d'en bénéficier de façon équitable et sure.
Dans ses discours, l’image qu’il présentait à l’époque de la Libye était peu rassurante, notamment par rapport à la circulation des armes dans ce pays avec toutes les conséquences fâcheuses sur l'ensemble des pays voisins.
Au Mali, il a toujours souhaité que les évènements tragiques marquent le début de la fin des violences et le début d'un dialogue entre les parties concernées pour le règlement des problèmes posés, sur la base du respect de l'intégrité territoriale de ce pays voisin.
Concernant la crise en Syrie, il n’a eu de cesse de réaffirmer la nécessité de mettre un terme à la violence, tout en préparant le terrain à un dialogue inclusif et à la réconciliation nationale.
Aux menaces du voisinage immédiat s’ajoutent les menaces régionales et internationales. On pourrait multiplier les exemples, évoquer dans des pages entières toutes les crises maintes fois évoquées dans son analyse de l’environnement extérieur de notre pays.
Plus qu’une valeur abstraite, c’est cette réflexion de Si Mourad Medelci reprenant fidèlement à son compte la problématique de la diplomatie algérienne, qui dit le mieux ses valeurs et ses principes.
Au Ministère des Affaires étrangères, il a laissé le souvenir d’un homme d’une rare bienveillance, toujours à l’écoute des avis de ses conseillers pour transcender les malentendus et les incomplétudes afin de conserver à l’appareil diplomatique sa ritualité, ses valeurs et ses orientations.
Mohamed Ould El Bachir (Universitaire)