Par M. Ould El Bachir
À 84 ans (né le 1er janvier 1934), ce diplomate infatigable aux missions certes difficiles, mais accomplies, qui a une expérience inestimable dans le règlement des conflits et des crises dans le monde, continue d’être écouté et respecté au plus haut niveau de l’Etat et a mérité ainsi l’honneur d’inscrire son nom au fronton de l'histoire diplomatique algérienne.
Sur l’Afghanistan, Haïti, le Zaïre, l’Afrique du Sud, l’Irak, le Liban, le Yémen, la Syrie et le monde arabe en général, son expertise et son entregent sont loués, voire même recherchés par la communauté internationale.
Aux jeunes compétences de l’institut diplomatique et des relations internationales, je dirai qu’il faut lire l’itinéraire de ce diplomate d’envergure, ce modèle de probité, de savoir et de dignité algérienne.
La dernière fois où je l’ai vu au Ministère des affaires étrangères, cette ‘’lumière’’ du FLN révolutionnaire prenait beaucoup de satisfaction et de plaisir à raconter son histoire et les conditions difficiles dans lesquelles les jeunes de sa génération ont évolué et à discuter chaleureusement avec les ‘’jeunes loups’’ du MAE, dont le Ministre Abdelkader Messahel s’efforce dans sa nouvelle vision novatrice à jeter les bases d’une formation diplomatique forte et résolument tournée vers la professionnalisation.
Tout au long de la majeure partie de son histoire dans les couloirs des Nations unies, le digne fils d’El Azizia, connu pour son travail exceptionnel et son engagement sans failles, a su montrer qu’il est porteur d’une vision forgée à l’école diplomatique de novembre 1954.
« Lorsqu’il planche sur un dossier, rien ne l’arrête, c’est un fou du travail, il va jusqu’au bout », se rappelle un de ses anciens collaborateurs.
« Notre père, raconte son frère cadet Si Miloud, n’avait pas la réputation d’être un lettré, mais il sacralisait l’école. D’ ailleurs, il est parti avec un gros chagrin parce qu’on a empêché Lakhdar, alors âgé de 10 ans, de passer l’examen de certificat d’études. On a jugé qu’il était trop jeune. » De cette enfance, ceux qui l’ont connu, retiennent fortement l’influence de sa famille proche, sa mère et son oncle, et « sa passion pour les études. Il adorait lire. Il dévorait les livres. Il s’est vite forgé une personnalité ».
Lakhdar Brahimi clôture ses études à la Medersa, en 1953, en raflant le premier prix au Concours Général d'Arabe ouvert aux lycéens de France et d'Afrique du Nord, puis son départ en France pour des études en droit et science politique .
En intégrant l’Ugema, après son adhésion à l’Association des Etudiants Musulmans d'Afrique du Nord à Alger en 1954, sa carrière est vite tracée, puisqu’il est repéré pour représenter le FLN et le GPRA dans plusieurs capitales.
Après Bandung, Lakhdar Brahimi représentera pendant cinq ans le FLN, à Djakarta, étendant son activité vers les autres pays de la région, notamment la Malaisie, la Thaïlande, la Birmanie et Singapour.
Au lendemain de l’indépendance, il occupe plusieurs postes dont le poste d’ambassadeur de l'Algérie indépendante au Caire, en mars 1963, puis une succession de postes à travers le monde, comme Ambassadeur à Londres, en Grande Bretagne.
De 1988 à 1991, il accomplit une mission de médiateur au Liban en vue de la conclusion des accords de Taef, mandaté par la Ligue des états arabes Arabe dont il deviendra Secrétaire Général- Adjoint. En 1991, il revient en Algérie pour occuper les fonctions de Ministre des Affaires Etrangères.
Au sein de l'ONU, il exerce les fonctions de Secrétaire Général Adjoint, chargé des missions spéciales de soutien au maintien de la paix , puis chargé d'une réflexion sur les opérations de maintien de la paix qui produit un rapport « le Rapport BRAHIMI ».
Lakhdar BRAHIMI est Docteur Honoris Causa de l'Université américaine de Beyrouth, de l'Université britannique d'Oxford, de l'Université française de Nice (Faculté de Droit) et de l'Université italienne de Bologne (Faculté de Droit).
De son expérience internationale, il tire l'enseignement que les opérations de paix sont toujours utiles et qu’il appartient aux pays comme l'Algérie - d'accroître leur poids spécifique, et de faire en sorte que leur voix soit plus forte, tout en reconnaissant que nos diplomates d'aujourd'hui sont mieux formés, contrairement à sa génération qui avait accédé à des responsabilités auxquelles elle n'était pas préparée. Pour lui, la diplomatie est une vigilance de tous les instants, partout où l'on se trouve.
Cela consiste aussi à rester toujours conscient de l'honneur et de la responsabilité de représenter son pays, son peuple et son Président.
Certains fideles racontent qu’il a, cependant, une estime particulière pour cheikh Ould Rouis, qui lui faisait rappeler la médersa d’Alger, le Dr Lamine Debaghine, avec qui il a appris le dur métier des Affaires étrangères et Abdelaziz Bouteflika, avec qui il partage d’abord des valeurs d’amitié et ensuite une vision novatrice résolument tournée vers le progrès et l’avenir de l’Algérie.
M. Ould El Bachir (universitaire)