Algérie 1

Icon Collap
...

Les États-Unis construisent au Niger la seconde plus grande base de drones armés en Afrique

26-06-2018 14:56  Djamil Mesrer

Les États-Unis accélèrent l’expansion d’un nouveau « front » au Sahel en établissant une base de drones armés "General Atomics MQ-9 Reaper" près de la localité d’Agadez, dans le Nord du Niger.

La base, dénommée Niger Air Base 201, est située à la lisière du Sahel et du Sahara, entre les limites méridionales des pays d’Afrique du Nord et les pays du Sahel. C’est la seconde plus grande base de drones armés après celle de Djibouti sur le continent africain. 

Le choix d’utiliser des drones armés intervient après un grave incident en octobre 2017 au cours duquel des éléments des forces spéciales US ont été tués en opération dans une embuscade meurtrière. Niger Air Base 201 sera une base permanente qui acceuillera un nombre croissant de personnels militaires et de drones armés. 

Le General Atomics MQ-9 Reaper block 5 est l’un des drones chasseurs tueurs les plus avancés dans l’arsenal US. Équipé d’un turbopropulseur de 950 cv et pouvant emporter des missiles Air-Sol AGM-114 Hellfire, des bombes guidées au Laser GBU-12 Paveway II, ainsi que des JDAM (Joint Direct Attack ), le MQ-9 peut atteindre une altitude de 15 000 mètres et une portée opérationnelle de plus de 1850 kilomètres, couvrant en théorie l’intégralité du territoire libyen, l’ensemble du Tchad, le Mali, le Burkina Faso, le Nigeria, une partie de la Mauritanie, le Golfe de Guinée, une partie du Sahara algérien (jusqu’aux  gisements d’hydrocarbures de Hassi Messaoud) et le sud de la Tunisie. 

Indubitablement, la construction de cette base US près d’Agadez marque l’influence croissante des États-Unis dans ce qui était le pré-carré français, notamment après l’échec total des opérations françaises au Sahel dont le résultat a abouti certes à la sauvegarde de l’existence des États malien, nigérien et burkinabé mais la perte d’une partie non négligeable de vastes territoires au profit d’acteurs non-étatiques plus puissants que jamais. 

Il semble également admis une fois pour toutes que le Sahel et la Libye sont le nouveau Afghanistan, un foyer chronique d’instabilité délibérément entretenu par des puissances tierces pour y intervenir militairement dans un cadre stratégique plus vaste incluant entre autres objectifs la lutte contre l’influence chinoise en Afrique mais également la mise au pas de cette région et son remodelage. 

Pour rappel, en 2013, le président Obama avait ordonné la construction d'une base de drones dans la capitale du Niger, Niamey, mais même les responsables militaires avaient déjà indiqué qu'idéalement, ils voulaient que l'opération de drones soit basée à l'extérieur d'Agadez. Le NY Times a rapporté que le déplacement de la base de drones à Agadez avait deux avantages principaux. Premièrement, elle est mieux placée pour lancer des drones dans les régions méridionales du Sahara qui se transforment en foyer du terrorisme. Deuxièmement, les opérations de drones sont mieux protégées des regards indiscrets à Agadez qu'à Niamey. Une troisième raison, non mentionnée par le NYT pourrait bien être qu'avec la chute du leader libyen Kadhafi, Agadez est devenue la capitale de la contrebande en Afrique, selon Politico Europe.

Dans le NYT, P.W. Singer, un stratège et spécialiste des drones à New America à Washington, a déclaré cela : "La base, et les vols plus fréquents que son ouverture nous permettra, nous permettront d'avoir une meilleure connaissance de la situation et des renseignements sur une région qui a été un centre d'activités illicites et extrémistes, mais elle nous impliquera aussi davantage dans des opérations et des combats dans lesquels peu d'Etatsuniens savent même que nos militaires sont engagés".

La citation souligne le caractère occulte des opérations de drones étatsuniennes. De nombreuses bases de drones sont situées dans des zones reculées avec des autorités douteuses et très peu de surveillance, comme au Yémen, en Somalie et maintenant au Niger.

La base de drones, qui coûte 110 millions de dollars, est dotée d'une piste de 2km de long et 45 mètres de large, car elle doit non seulement accueillir des drones comme le MQ-9 Reaper, mais aussi les avions cargo C-17 beaucoup plus lourds.

Certains s'interrogent sur l'efficacité des drones à travers le continent africain. Par exemple, E.J. Hogendoorn, directeur adjoint du programme Afrique de l'International Crisis Group à Washington, aurait déclaré : "Le déploiement de drones armés ne fera pas de différence stratégique et pourrait même accroître l'hostilité locale envers les États-Unis et le gouvernement central dans la lointaine ville de Niamey. (Avec Noorinfo, AP, Drone DJ)



Voir tous les articles de la catégorie "Focus"