La libération des deux diplomates algériens après deux longues années de captivité par un groupe terroriste au nord du Mali laisse un goût amer. Amer parce que les algériens ne savent pas trop s’ils doivent exprimer leur joie pour cette heureuse nouvelle de la fin du cauchemar pour leurs compatriotes Mourad Guessas et Kedour Miloudi.
Ou alors pleurer la mort de leurs compagnons d’infortune Boualem Saies, «décédé des suites d’une maladie chronique », et de Tahar Touati, «mort assassiné», selon le communiqué officiel.
Du coup c’est sentiment étrange de bonheur et de malheur qui s’est emparé de l’opinion publique. Et on ne pourra connaitre, peut être jamais, les tenants et les aboutissants de cette affaire qui a tout l’air de relever d’un secret de défense ou d’État.
Il est en effet bizarre d’apprendre simultanément les deux nouvelles ; deux bonnes et deux mauvaises. Le tout à la veille d’un autre round de négociation entre les différentes factions civiles et militaires maliennes sous l’étendard algérien qui s’ouvre à Alger.
Dans quelles circonstances les deux diplomates algériens, enlevés le 5 avril 2012 au Nord du Mali, ont-ils été libérés ? S’agit-il une décision unilatérale des ravisseurs ou alors le résultat de tractations entre les autorités algériennes et le groupe terroriste qui a enlevés nos diplomates ? Mystère.
Un bonheur… amer
Ensuite, l’élargissement s’est-il fait sur le territoire national ou au Nord du Mali ?
Aussi longtemps que les autorités algérienne ne donnent pas quelques détails de l’opération, on risque de ne jamais connaitre la vérité dans cette affaire qui aura tenu l’opinion publique mais surtout les familles des otages en haleine deux années durant.
On ne saura pas non plus quand est ce que le défunt Tahar Touati a été assassiné par ses ravisseurs.
Dans cette confusion, les algériens sont réduits à tirer des plombs sur la comète.
Une opération à décrypter
Comme par exemple de supputer que cette libération des deux diplomates est plus un acte volontaire des ravisseurs maliens lié peut être aux efforts de l’Algérie de voir le dialogue inclusif inter-malien déboucher sur une paix véritable.
Ce serait alors une sorte de «cadeau» pour services rendus à l’Etat algérien. Une hypothèse plausible d’autant plus que les autorités algériennes donnent l’impression d’apprendre comme nous tous, la mort des deux autres otages.
Le propos ici n’est pas de jeter la pierre sur l’Etat algérien qui n’a jamais oublié nos compatriotes malgré la délicatesse de l’affaire. Il n’est pas non plus demandé de livrer à l’opinion des secrets de défense, censés rester précisément secrets.
Mais un petit effort de communication aurait aidé les algériens à se faire une idée plus ou moins claire sur cette terrible affaire qui a bouleversé l’opinion.
Pour l’heure en tous cas, l’affliction causée par la mort atroce de Tahar Touati et Boualem Saies est plus grande que le bonheur de compter parmi nous les miraculés Mourad Guessas et Kedour Miloudi. Et çà restera ainsi tant que la «boite noire» n’a pas encore livré les secrets de cette opération.