Après une croissance négative d’environ moins 6% en 2020, l’année 2021 avec le retour de la crise sanitaire et les restrictions drastiques des importations pour l’appareil productif pourrait encore plomber l’économie algérienne, le FMI prévoyant un taux de chômage supérieur à 15%. Aussi un bilan lucide doit être réalisé afin d’éviter de commettre les erreurs du passé et de tracer les perspectives. Force est de reconnaître en ce mois de juillet 2021 malgré toutes ses potentialités, et elles sont énormes, la prédominance de la rente des hydrocarbures qui irrigue toute l’économie et le corps social : Sonatrach, c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach. Sur le plan géostratégique, nous assistons à de vives tensions en Afrique via le Sahel , au Moyen Orient notamment en Iran, Syrie, Irak, les récents événements en Tunisie et dans d’autres contrées du monde. Sur le plan économique , la transition énergétique et numérique, préfigurent d’importantes reconfigurations géopolitiques et géo-économiques.
1.-L’Algérie est à la croisée des chemins et la situation très difficile, avec une probabilité de baisse drastique des réserves de change en cas de relance économique, sauf miracle d’un cours du baril à 90/100 dollars ce qui est illusoire avec la crise mondiale actuelle et la transition numérique et énergétique mondiale en cours. Les loi de finances 2020/2021 fonctionnent sur la base d’un cours supérieur à 100 dollars, la banque mondiale donnant 130 dollars pour 2021, Cette situation posant un problème de sécurité nationale, l’Algérie, n’a pas besoin de louanges ou de maquer la réalité en contrepartie d’une rente et certains responsables, continuant dans les pratiques du passé, oubliant la dure réalité que vivent les citoyens algériens et que nous sommes à l’ère d’internet, doivent avoir un langage de vérité s’ils veulent redresser l’économie nationale. Jusqu’à quant le ministère du commerce livrera des données baisées loin de la réalité, des chiffres bruts sans analyses fines sur les exportations hors hydrocarbures où selon l’APS les exportations hors hydrocarbures ont représenté, durant le premier semestre de l'année 2021 pour une valeur d’environ 2,03 milliards de dollars.
Or les dérivées d’hydrocarbures et les semi produits ont représenté durant le premier semestre 2021, environ 70% dont 618 millions de dollars uniquement pour les engrais minéraux et chimiques azotés, 343 millions de dollars pour les produits chimiques inorganiques et 370 millions de dollars pour le fer et l’acier, sans compter d’autres produits des dérivées d’hydrocarbures. Ce qui laisse aux produits manufacturés nobles et au produits alimentaires environ 600 millions de dollars et à cette tendance les exportations hors hydrocarbures avoisineront 1,2 milliards de dollars. Pour avoir une balance positive pour l’Algérie il faudra soustraire à ces montants la valeur des matières premières importées en devises et de toutes les subventions à l’exportation qui constituent un manque à gagner pour le trésor. Par ailleurs le document significatif est la balance de paiements qui retrace tous les mouvements de marchandises et de capitaux et non la balance commerciale à signification limitée, devant comptabiliser l’assistance étrangère dont le montant des sorties en devises a été d’environ 10/11 milliards de dollars par an entre 2010/2019.
2.-Le dérapage du dinar (cotation entre le 26/28 juillet 2021 à 135,1130 dinars un dollar et 159,0550 dinars un euro) induit le processus inflationniste avec la détérioration du pouvoir d’acaht, dans un but essentiel de combler artificiellement le déficit budgétaire, la bureaucratie, héritage d'une économie administrée, constituant une des contraintes les plus fortes et dont l'éradication est absolument nécessaire. Plus on diffère les réformes, plus on épuisera les réserves de changes car les données de réserves de change de 44 milliards de dollars fin juin 2021 ont une signification limitée , la majorité de l’appareil de production étant en hibernation faute d’importations de matières premières (fonctionnant à peine à 50%) , sans compter que peu de projets d’envergures structurants ont été lancés, sauf des lettres d’intention. Les importations de voitures qui traînent en longueur qui ont entraîné une hausse des prix de voitures d’occasion de plus de 100% , ainsi que les pièces détachées une des causes des accidents de voitures et pas seulement l’inconscience des conducteurs, le code d’investissement et les décrets d’application de la loi d’hydrocarbures étant toujours en attente.
C’est comme un ménage qui restreint la nourriture, faisant des économies mais la paralysie de la machine économique pouvant conduire à l’implosion sociale. (voir Interview du Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL Au quotidien gouvernemental « Horizondz » du jeudi 29 juillet 2021 « à propos des 44 milliards de dollars de réserves de change fin juin 2021 : accélérer les réformes). La planche à billets d’un montant colossal pour 2021 d’environ 16 milliards de dollars (plus de 2160 milliards de dinars) outre son effet inflationniste, en cas où ces montants ne sont pas destinés à la création de valeur, à l’image du Venezuela, en rappelant l’expérience roumaine communiste , un endettement extérieur zéro mais une économie en ruine, risque d’avoir un effet sur les réserves de change puisqu’en mettant à la disposition des entreprises des crédits en dinars , le taux d’intégration ne dépassant pas 15%, celles ci ayant besoin de devises , se porteront importatrices
3.-. Le besoin estimé pour un retour à la croissance par certains experts est d’environ 20/25 milliards de dollars en devises sans compter la partie dinars, puisque l’Etat a décidé de ne pas recourir à l’endettement extérieur et les IDE sont en nette baisse, devant compter que sur la rente des hydrocarbures. Or l’on a assisté entre 2007/2020 à une baisse en volume physique des exportations tant du pétrole que du gaz environ avec 860.000 barils jour selon l’OPEP en mai 2021, une légère remontée en juin 2021 environ 920.000 brils/j contre plus de 1,2 entre 2007/2008 et 40/42 milliards de mètres cubes gazeux contre 60/65 pour la même période, espérant pour fin 2021 environ 45 milliards de mètres cubes gazeux selon une déclaration d’un ex ministre de l’Energie fin 2020. Les investisseurs nationaux et internationaux, outre la levée des entraves bureaucratiques et la réforme du système financier–banques, domaine, douane, fiscalité) supposant une cohérence et clarté dans la future politique socio-économique évitant le perpétuel changement de cadres juridiques, attendent toujours les décrets d’application de la loi de hydrocarbures, le nouveau code d’investissement promis pour 2020 et la délimitation des secteurs stratégiques et non stratégiques de la règle des 49/51%.
Face donc à la situation socio-économique préoccupante, qui renvoie à la sécurité nationale, il y a urgence d’un discours de vérité au même titre que la situation sanitaire si ‘on veut être crédible et mobiliser la population fonction de la moralité de ceux qui dirigent la Cité. Comme je le préconise depuis de longues années (mebtoul- www.google 2009), s’impose une cohérence gouvernementale d’où l’urgence d’un grand ministère de l’économie, un Front social interne solide, tenant compte des différentes sensibilités, grâce à un dialogue productif au profit exclusif de l’Algérie. Tout blocage des réformes liées à une nouvelle gouvernance, accroîtra les tensions sociales l’insécurité et marginalisera l’Algérie au niveau des relations internationales, l’efficacité d’une diplomatie étant fonction de la solidité de l’économie et de la stabilité politique. Mais tous els observateurs internationaux s’accordent pour affirmer que l'Algérie a toutes les potentialités de sortie de crise. Pour cela agissons, loin des discours démagogiques qui ne portent plus pour le bien-être de l’Algérie.
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL