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Les données du Ministère du commerce sur les exportations hors hydrocarbures du 1er semestre 2021 voilent la réalité

29-07-2021 14:58  Pr Abderrahmane Mebtoul

Après une croissance négative d’environ  moins 6% en 2020, l’année 2021 avec le retour de la crise sanitaire et les restrictions drastiques des importations pour l’appareil productif pourrait encore plomber l’économie algérienne, le FMI prévoyant un taux de chômage supérieur à 15%. Aussi un bilan lucide doit être réalisé afin d’éviter de commettre les erreurs du passé et de tracer les perspectives.  Force est de reconnaître en ce mois de juillet 2021 malgré toutes ses potentialités, et elles sont énormes, la prédominance de la rente des hydrocarbures qui irrigue toute l’économie et le corps social : Sonatrach, c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach. Sur le plan géostratégique, nous assistons à de vives tensions en Afrique via le Sahel , au Moyen Orient  notamment  en  Iran, Syrie,  Irak, les récents événements en Tunisie et dans d’autres contrées du monde. Sur le plan économique , la transition énergétique et numérique, préfigurent d’importantes reconfigurations géopolitiques et géo-économiques.

1.-L’Algérie est à la croisée des chemins et la situation  très difficile, avec une probabilité de baisse drastique des réserves de change en cas de relance économique, sauf miracle d’un cours du baril à 90/100 dollars  ce qui est illusoire avec la crise mondiale actuelle et la transition numérique et énergétique mondiale en cours. Les  loi de finances 2020/2021 fonctionnent sur la base d’un cours  supérieur à 100 dollars, la banque mondiale donnant 130 dollars pour 2021, Cette situation  posant  un problème de sécurité nationale, l’Algérie, n’a pas  besoin de louanges ou de maquer la réalité en contrepartie d’une rente et certains  responsables, continuant  dans les  pratiques du passé, oubliant la dure réalité que vivent les citoyens algériens et que nous sommes à l’ère d’internet, doivent avoir un langage de vérité s’ils veulent redresser l’économie nationale. Jusqu’à quant  le ministère du commerce  livrera des données baisées loin de la réalité, des chiffres bruts sans analyses fines   sur les exportations hors hydrocarbures où selon l’APS les  exportations hors hydrocarbures ont représenté, durant le premier semestre de l'année 2021 pour une valeur d’environ 2,03 milliards de dollars.

Or les dérivées d’hydrocarbures et les semi produits ont représenté durant le premier semestre 2021, environ 70% dont 618 millions de dollars uniquement pour les engrais  minéraux et chimiques azotés, 343 millions de dollars  pour les produits chimiques inorganiques et 370 millions de dollars pour le  fer et l’acier, sans compter d’autres produits des dérivées d’hydrocarbures. Ce qui laisse aux produits manufacturés nobles  et au produits alimentaires environ 600 millions de dollars et à cette tendance les exportations hors hydrocarbures  avoisineront 1,2 milliards de dollars. Pour avoir une balance positive pour l’Algérie il faudra soustraire à ces montants la valeur  des matières premières importées en devises et de toutes les subventions à l’exportation qui constituent un manque à gagner pour le trésor. Par ailleurs le document significatif est  la balance  de paiements qui retrace tous les  mouvements de marchandises et de capitaux  et non la balance commerciale à signification limitée, devant comptabiliser l’assistance étrangère dont le montant des sorties en devises a été d’environ 10/11 milliards de dollars par an entre 2010/2019.

2.-Le dérapage du dinar (cotation entre le 26/28 juillet 2021 à 135,1130 dinars un dollar et 159,0550 dinars un euro) induit le processus inflationniste avec la détérioration du pouvoir d’acaht, dans un but essentiel de combler artificiellement le déficit budgétaire, la bureaucratie, héritage d'une économie administrée, constituant  une des contraintes les plus fortes et dont l'éradication est absolument nécessaire. Plus on diffère les réformes, plus on épuisera les réserves de changes car les données de réserves de change de 44 milliards de dollars fin juin 2021 ont une signification limitée , la majorité de l’appareil de production étant en hibernation faute d’importations de matières premières (fonctionnant à peine à 50%) , sans compter  que peu de  projets d’envergures structurants ont  été lancés, sauf des lettres d’intention. Les importations de voitures qui traînent en longueur qui ont entraîné une  hausse des prix de voitures d’occasion de plus de 100% , ainsi que les  pièces détachées une des causes des accidents de voitures et pas seulement l’inconscience des conducteurs, le code d’investissement et les décrets d’application de la loi d’hydrocarbures étant toujours en attente.

C’est comme un ménage qui restreint la nourriture, faisant  des économies mais la paralysie de la machine économique pouvant conduire à l’implosion sociale. (voir Interview du Professeur des universités, expert international  Dr Abderrahmane MEBTOUL  Au quotidien gouvernemental « Horizondz » du jeudi 29 juillet 2021  « à propos des 44 milliards de dollars de réserves de change fin juin 2021 : accélérer les réformes).  La planche à billets d’un montant colossal pour 2021  d’environ 16 milliards de dollars (plus de 2160 milliards de dinars) outre son effet inflationniste, en cas où   ces montants ne sont pas destinés à la création de valeur, à l’image du Venezuela, en rappelant l’expérience roumaine communiste , un endettement extérieur zéro mais une économie en ruine, risque  d’avoir un effet sur les réserves de change puisqu’en mettant à la disposition des entreprises des crédits en dinars , le taux d’intégration ne dépassant pas 15%, celles ci ayant besoin de devises , se porteront importatrices 

3.-. Le  besoin estimé pour un retour à la croissance par  certains experts est  d’environ 20/25 milliards de dollars en devises sans compter la partie dinars, puisque l’Etat a décidé de ne pas  recourir à l’endettement extérieur et les IDE sont en nette baisse,  devant compter que sur  la rente des hydrocarbures. Or l’on a assisté  entre 2007/2020  à une  baisse en volume physique des exportations tant du pétrole que du gaz environ avec  860.000 barils jour selon l’OPEP  en mai 2021, une légère remontée en juin 2021 environ 920.000 brils/j contre plus de 1,2  entre 2007/2008 et 40/42 milliards de mètres cubes gazeux contre 60/65 pour la même période, espérant pour fin 2021 environ 45 milliards de mètres cubes gazeux selon une déclaration d’un ex ministre de l’Energie fin 2020. Les investisseurs nationaux et internationaux, outre la levée des entraves bureaucratiques  et  la réforme du système financier–banques, domaine, douane, fiscalité) supposant une cohérence et clarté dans la future politique socio-économique évitant  le perpétuel changement de cadres juridiques, attendent toujours les décrets d’application de la loi de hydrocarbures, le nouveau code d’investissement promis pour 2020 et la délimitation des secteurs stratégiques et non stratégiques de la règle des 49/51%.

Face donc à  la situation socio-économique préoccupante, qui renvoie à la sécurité nationale, il y a urgence d’un discours de vérité au même titre que la situation sanitaire si ‘on veut être crédible et mobiliser la population  fonction de la moralité de ceux qui dirigent la Cité. Comme je le préconise depuis de longues années (mebtoul- www.google 2009), s’impose  une cohérence gouvernementale d’où l’urgence d’un grand ministère de l’économie,  un Front social interne solide, tenant compte des différentes sensibilités, grâce à un dialogue productif au profit exclusif de l’Algérie. Tout  blocage des réformes liées à une nouvelle gouvernance,  accroîtra les tensions sociales  l’insécurité et marginalisera l’Algérie au niveau des relations internationales, l’efficacité d’une diplomatie étant fonction de la solidité de l’économie et de la stabilité politique. Mais tous els observateurs internationaux s’accordent pour affirmer que l'Algérie a toutes les potentialités de sortie de crise. Pour cela agissons, loin des discours démagogiques qui ne portent plus pour le bien-être de l’Algérie. 

Professeur des universités, expert international  Dr Abderrahmane MEBTOUL

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