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Les défis du président Tebboune : fondement du développement, une bonne gouvernance, valoriser le savoir et lutter contre les rentes spéculatives

21-01-2020 17:11  Pr Abderrahmane Mebtoul

Avec l’ère d’internet où le monde est devenu une grande maison de verre,  la Cité ne peut plus être gérée comme par le passé. La  bonne gouvernance fondée sur la  moralisation   doit être  la priorité des gouvernants  en ce XXIème siècle. Pour le cas Algérie, il ne faut pas être utopique, sans moralisation surtout des dirigeants  qui doivent donner l'exemple,  et la stabilité politique, l’on ne peut parler de développement entre /2020/2025, tout le reste étant des slogans politiques auxquels la population algérienne ne croit plus. Dans ce cadre,  le  programme que  doit présenter prochainement  le premier ministre ,   selon mon humble point de vue,  devrait commencer du point de vue méthodologique, du général dont comment devrait évoluer le monde et la gouvernance pour revenir au particulier, les politiques sectorielles dans leur diversité avec un dénominateur commun : cohérence et efficacité.

1.-Typologie de la  bonne gouvernance

Le terme " corporate governance ", qu'on peut traduire par gouvernance d'entreprises, va ensuite être utilisé dans les milieux d'affaires américains tout au long des années 80. Par la suite, la notion de " urban governance " s'est généralisée dans l'étude du pouvoir local et fait son apparition à la fin des années 80 dans un autre champ, celui des relations internationales. Selon la Banque  Mondiale, la gouvernance est définie comme étant l’ensemble des  traditions et institutions par lesquelles le pouvoir s’exerce dans  un pays avec pour objectif le bien de tous. Elle comprend les procédés par lesquels les titulaires du pouvoir sont choisis,  contrôlés et remplacés, la capacité du gouvernement à gérer efficacement les ressources et à appliquer des politiques solides et enfin le respect des citoyens et de l’Etat envers les institutions  régissant les interactions économiques et sociales intervenants entre eux . Selon  les Nations Unies, la Bonne Gouvernance comprend les  éléments suivants :

-la participation : donner à tous, hommes et femmes, la possibilité de participer au processus décisionnel; -la transparence : découlant de la libre circulation de l’information ;

-la sensibilité : des institutions et des processus vis-à-vis des intervenants ;

-le consensus : des intérêts différents sont conciliés afin d’arriver à un vaste consensus sur ce qui constitue l’intérêt général ;

-l’équité : tous, hommes et femmes, ont des possibilités d’améliorer et de conserver leur bien-être ;

-l’efficacité et l’efficience : les processus et les institutions produisent des résultats qui satisfont aux besoins tout en faisant le meilleur usage possible des ressources;

-la responsabilité : des décideurs du gouvernement, du secteur privé et des organisations de la société civile;

-une vision stratégique : des leaders et du public sur la bonne gouvernance et le développement humain et sur ce qui est nécessaire pour réaliser un tel développement  et très récemment la prise en compte la préoccupation, environnementale reprise par des institutions libérales  comme la banque mondiale et l’organisation mondiale du commerce  (OMC). Ainsi cette nouvelle vision  pose   la problématique  des  liens  entre la bonne gouvernance et les institutions car l’opérationnalisation de la bonne gouvernance est assurée par les institutions en distinguant : d’une part,  les institutions politiques et juridiques  qui contribuent  à  la construction d’un Etat de droit  aussi d’assurer l’accès de la population  à  la justice et à  la sécurité, d’autre part,  les institutions économiques qui  assurent  le fonctionnement efficace et  efficient de l’activité économique , la gestion optimale des ressources économiques et enfin les  institutions sociales et communautaires  qui  assurent  l’amélioration de la  qualité de la santé et de l’éducation des populations ainsi que leur  consultation et leur participation au processus de développement. Il est utile de préciser que le  pas décisif   de la recherche sur la bonne gouvernance  date des années 1990 en réaction à la vision, jugée techniciste, du New Public Management où a été posée cette question : la   bonne gouvernance est-elle  une conséquence de la pratique de la démocratie et l’Etat de droit  ou sa  cause ? Autrement dit, la liberté, la démocratie et l’Etat de droit, pris comme option politique peuvent-elles  engendrer la bonne gouvernance, c'est-à-dire la bonne gestion des affaires publiques ? Car il serait erroné  d’affirmer que la bonne gouvernance serait l’assimilation à la  quantification de la croissance du PIB / PNB vision mécanique dépassée par les institutions internationales elles mêmes. Ainsi,  des  auteurs comme Pierre Calame  ont mis en relief à juste titre que la crise de l’État ne connaît pas seulement une crise interne touchant à ses fonctions et à sa structure, mais concerne davantage la capacité de l’État à asseoir sa légitimité ainsi qu’à formuler des politiques publiques en phase avec les besoins socio-économiques. Les travaux de Aglietta et Boyer sur la régulation, le   Prix Nobel en Sciences économiques d’ Elinor Ostrom pour  son analyse sur les  biens communs , les apports    de Ronald Coase et  de Williamson  pour  leur  analyse de la gouvernance économique,  qui  approfondissent   celle du fondateur  de la   Nouvelle Economie Institutionnelle, (NEI), ayant comme chef de file, Douglass North, ont  démontré que les institutions ont un rôle très important dans la société,  déterminent  la structure fondamentale des échanges humains, qu’elles soient politiques, sociales ou économiques. Elles constituent un des facteurs déterminants de la croissance économique de long terme,  le terme d’institution  désignant  les règles formelles et informelles qui régissent les interactions humaines», et aussi comme  les règles du jeu  qui façonnent les comportements humains dans une société. D’où  l’importance des institutions pour comprendre la coopération sociale, comment contrôler la coopération des différents agents économiques  et  faire respecter le contrat de coopération. Parce qu’il est coûteux de coopérer sur le marché, il est souvent plus économique de coopérer au sein d’une organisation.  En plus,   ces analyses, en introduisant  l’importance de la confiance et du « capital social » comme ciment de la coopération,  font progresser également  la gouvernance environnementale  et locale, dans le sens de d’une plus grande  décentralisation avec l’implication des acteurs locaux dans la mise en place des  règles, loin d’une réglementation autoritaire centralisée, la diversité institutionnelle étant  nécessaire  pour comprendre la complexité de notre monde et surtout pour des solutions concrètes.

2. Les mesures de la bonne gouvernance

L’importance de la bonne gouvernance, macro et micro- gouvernance étant inextricablement liées, pose toute la problématique de la construction d’un Etat de droit et de l’efficacité des institutions, sur des bases démocratiques tenant compte des anthropologies culturelles de chaque Nation. Ainsi, pour les mesures  de la bonne gouvernance, sur le plan politique et institutionnel on distingue :

- la voix citoyenne et responsabilité qui mesurent  la manière dont les citoyens d’un pays participent à la sélection de leurs gouvernants, ainsi que la liberté d’expression, d’association et de presse ;

-la stabilité politique et absence de violence qui  mesure  la perception de la probabilité d’une déstabilisation ou d’un renversement de gouvernement par des moyens inconstitutionnels ou violents, y compris le terrorisme ;

- l’efficacité des pouvoirs publics qui  mesure la qualité des services publics, les performances de la fonction publique et son niveau d’indépendance vis-à-vis des pressions politiques;

-la qualité de la réglementation qui  mesure la capacité des pouvoirs publics  à élaborer et appliquer de bonnes politiques et réglementations  favorables au développement du secteur privé ;

-l’Etat de droit qui  mesure le degré de confiance qu’ont les citoyens dans  les règles conçues par la société et la manière dont ils s’y conforment  et en particulier, le respect des contrats, les compétences de la police et des tribunaux, ainsi que la perception de la criminalité et de la  violence ;

- la lutte contre  la corruption qui mesure l'utilisation des pouvoirs publics à des fins d’enrichissement personnel, y compris la grande et la petite  corruption, ainsi que « la prise en otage » de l’Etat par les élites et les  intérêts privés.

La version  des indicateurs de gouvernance dans le monde, établie par des chercheurs de la Banque mondiale, montre  que certains pays progressent rapidement dans le domaine de la gouvernance, notamment en Afrique, ce qui montre qu’un certain degré d'« afro-optimisme » serait de mise , selon  Daniel Kaufmann,  tout en reconnaissant que les données font aussi apparaître des différences sensibles entre les pays, voire entre voisins au sein de chaque continent.  Les progrès sont en rapport avec les réformes dans les pays où les dirigeants politiques, les décideurs, la société civile et le secteur privé considèrent la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption comme des facteurs indispensables à une croissance durable et partagée. Mais en dépit des acquis en matière de gouvernance dans certains pays, d’autres, en nombre égal, ont vu leurs performances se dégrader sur plusieurs aspects de la gouvernance.  D’autres, plus nombreux encore, n’ont montré aucun changement significatif au cours de ces dernières années.  Les Indicateurs donnent à penser que là où des réformes sont engagées, la gouvernance peut être améliorée rapidement. Ainsi par exemple,   selon plusieurs rapports de la BM, existent  des liens dialectiques  entre extension  de la bureaucratie, extension  de la  sphère informelle et corruption. Cela n’est pas propre à l’Afrique puisque les dizaines voire les centaines de milliards de dollars chaque année, de trafics d’arme, de prostitution  ou la drogue relèvent  de réseaux informels au niveau mondial. Ainsi selon  les rapports  de Transparenty International qui  présentent dans le détail les nombreux risques de corruption auxquels sont confrontées bon nombre de pays,  la corruption augmentant   les coûts des projets d'au moins 10/20 % du fait des pots-de-vin versés à des politiciens  et à des fonctionnaires d’État, ou à certains privés  spéculateurs où au   final, c’est le citoyen qui en fait les frais et  se répercutant sur les équilibres financiers.

3- La valorisation du savoir  facteur déterminant  du transfert de technologie

Pour la recherche académique, le transfert de technologie est une opération qui consiste à transmettre les connaissances issues d’une recherche, formalisées ou non sous forme de brevet(s) ou de droits de propriété déposés, à un autre centre de recherche, public ou privé, destiné à les poursuivre à des fins de développement industriel ; ou à transformer la recherche en innovation industrielle, en cédant ses découvertes à une société de Si l’on se limite à l’industrie, un transfert de technologie consiste à vendre, par contrat, à un acquéreur, les droits d’utilisation d’une technique, d’un procédé, d’un produit (bien marchand ) dont on est propriétaire, ainsi que le savoir-faire nécessaire à sa production industrielle. Le propriétaire de la technologie reste donc propriétaire, et l’acquéreur est contractuellement limité à un marché (limites géographiques, type de clientèle, volumes, par exemple) et soumis à des contraintes de diffusion (l’acquéreur ne peut pas lui même transférer la technologie). Comme on ne doit pas confondre un transfert de technologie avec une cession de licence, le transfert de technologie incluant la communication d’un savoir faire adapté au contexte de l’acquéreur. droit public ou privé.  Face à la pression de la concurrence par l’innovation, au développement de produits sur-mesure et de technologies de plus en plus complexes, à la production de services de plus en plus personnalisés, le travail demandé aux salariés n’a plus rien d’immédiat. De plus en plus, les directions d’entreprises demandent aux salariés de produire la connaissance de leur propre travail d’où l’importance d’une formation permanenteCette production de connaissances repose sur des formes d’engagement et d’implication qui font jouer un rôle central à l’initiative, à l’intuition, aux jugements,( la fameuse boitte à outils japonaises source d’innovation par le collectif des travailleurs ) mais aussi aux capacités des individus et plus largement aux « savoirs sociaux » Le Knowledge Management) qui stratégique pour chaque entreprise qui veut continuer à réussir. Le management des connaissances s’appuie sur les leviers de succès à savoir, les connaissances incorporées dans les produits et services ; les connaissances et compétences humaines au sein de l’entreprise (le capital humain) ;les connaissances contenues dans les processus (la structure interne) ; la mémoire organisationnelle ; la mémoire transactionnelle et enfin les connaissances en tant que biens immatériels (capital intellectuel).  Cette ouverture traduit la nécessaire rupture avec les formes de gouvernance centralisées, disciplinaires et mutilantes héritées de l’ère fordienne Aussi, le capital se socialise dans différents dispositifs techno-organisationnels influant dans le rapport des individus au travail. Les enquêtes montrent clairement que cette extension des savoirs sociaux s’accompagne de nouvelles formes de segmentation (qualifiés/non qualifiés ; mobiles/immobiles ; jeunes/vieux ; homme/femme et d’un partage des activités et servies qui deviennent de plus en plus marchands (délocalisation avec l’informatique en Inde l’électronique au Japon, Corée du Sud.  Cette approche socioculturelle qui rend compte de la complexité de nos sociétés dont le transfert de technologie en est l’aspect apparent doit beaucoup aux importants travaux sous l’angle de l’approche de l’anthropologie économique de l’économiste indien Nobel Amartya SEN où d’ailleurs selon cet auteur il ne peut y avoir de développement durable sans l’instauration de l’économie de marché concurrentielle et d’une véritable démocratie solidaires qui seule permet à la fois la tolérance, la confrontation des idées contradictoires utiles et l’épanouissement des énergies tenant  compte des anthropologies culturelles des sociétés. C’est qu’existe un lien dialectique entre transfert de technologie et la culture d’une manière générale. La culture nationale n’étant pas figée, mais évolutive fortement marqués par l’ouverture de la société sur l’environnement englobant l’ensemble des valeurs, des mythes, des rites et des signes partagés par la majorité du corps social est un constituant essentiel de la culture d’entreprise et du transfert technologique. Les expériences réussies du Japon, des pays émergents comme la Chine et l’Inde montrent que l’on peut assimiler la technologie sans renier sa culture. D’ailleurs le transfert est favorisé lorsqu’existe une meilleure compréhension des valeurs convergentes et divergentes qui s’établissent entre deux groupes et vouloir imposer ses propres valeurs, c’est établir une relation de domination qui limite le transfert. Aussi, la culture d’entreprise est un sous-produit de la culture nationale et par conséquent un ensemble de valeurs, de mythes, de rites, de tabous et de signes partagés par la majorité des salariés et un élément essentiel pour expliquer les choix stratégiques en renforçant les valeurs communes :exemple , les règlement de conduite , les descriptifs des postes, ainsi que par le système de récompense et de sanctions adopté et ce  pour que les salariés soient mobilisés, pour qu’ils s’identifient à leur entreprise et s’approprier son histoire. Tout cela facilite le transfert de technologie qui ne doit pas se limiter à l’aspect technique, mais également managériale, organisationnel et commercial.  L’indice de développement humain ou IDH développé en 1990 par l’économiste pakistanais Mahbub ul Haq et l’économiste indien, prix Nobel d’économie Amartya Sen traduit l’importance du développement du capital humain dont l’éducation et  la  santé.

4.-Le changement  perpétuel de cadre juridique produit de la mauvaise gouvernance 

Il  est utile de rappeler que de l’indépendance politique à nos jours, l’économie algérienne a connu différentes formes d’organisation des entreprises publiques. Avant 1965, la forme d’autogestion était privilégiée ; de 1965 à 1980, nous avons de grandes sociétés nationales et de 1980 à 1988, nous assistons à une première restructuration découpant les grandes sociétés nationales. Comme conséquence de la crise de 1986 qui a vu le cours du pétrole s’effondrer, des réformes timides sont entamées en 1988 : l’Etat crée 8 fonds de participation qui étaient chargés de gérer les portefeuilles de l’Etat. Comme conséquence de la cessation de paiement en 1994 (avec le rééchelonnement), en 1996, l ‘Etat crée 11 holdings en plus des 5 régionaux avec un Conseil national des privatisations ; en 2000, nous assistons à leur fusion en 5 Mega- holdings et la suppression du Conseil national des privatisations ; en 2001, nouvelle organisation et l’on crée 28 sociétés de gestions des participation de l’Etat (SGP) en plus des grandes entreprises considérées comme stratégiques et en 2004, ces SGP sont regroupées en 11 et 4 régionaux. Lors de différents Conseils de gouvernements tenus durant toute l’année 2007, une nouvelle organisation est proposée par le ministère de la Promotion de l’Investissement, ( les deux grandes sociétés hydrocarbures Sonatrach et Sonelgaz, régies par des lois spécifiques n’étant pas concerné), articulée autour de quatre grands segments : des sociétés de développement économique qui relèvent de la gestion exclusive de l’Etat gestionnaire ; des sociétés de promotion et de développement en favorisant le partenariat avec le secteur privé international et national ; des sociétés de participation de l’Etat appelées à être privatisées à terme ; et enfin, une société chargée de la liquidation des entreprises structurellement déficitaires. Courant février 2008, cette proposition d’organisation, qui n’a pas fait l’unanimité au sein du gouvernement et certainement au niveau de différentes sphères du pouvoir, est abandonnée. Une commission  est créée pour déterminer l’organisation du secteur public économique entre 2011/2016  avec des groupes industriels et entre 2017/2019 aucun éclaircissement  sur  l’avenir du secteur public dont des segments sont nécessité des dizaines de milliards de dollars d’assainissement entre1971/2019 et plus de 70% étant revenus à la case de départ, montrant que ce n’est pas uniquement une question de capital-argent. Ces changements d’organisation périodiques démobilisent les cadres du secteur économique public, et même les investisseurs locaux et étrangers montrant clairement la dominance de la démarche administrative et bureaucratique au détriment de la démarche opérationnelle économique assistant à un gaspillage des ressources financières et à un renforcement de la dynamique rentière et bloque tout transfert de technologie. Cela renvoie  notamment à la sphère politique décisionnelle où les enjeux futurs étant essentiellement économiques, base de tout pouvoir, et comme dans tous les pays en transition la société algérienne se trouve naturellement confrontée à deux tendances lourdes, avec au milieu une majorité « le marais » qui ne comprend pas les enjeux, qui seront entre 2000/2030 essentiellement économiques, entre les acteurs défavorables et les acteurs favorables aux réformes. D’où l’importance des dossiers éminemment politiques comme celui des hydrocarbures, lieu de la production de la rente, du système financier, lieu de distribution de la rente, et celui du partenariat-privatisation , couplé avec celui d’un système socio-éducatif performant ,lieu de la production de la plus value qui en dynamique engendrera de nouvelles forces sociales soit rétrogrades si l’on s’oriente vers un nouveau monopole privé, soit porteuses de progrès si l’on instaure une totale transparence pour une économie de marché véritablement concurrentielle. Aussi, la tendance rentière consiste à gérer le dossier des réformes selon une vision bureaucratique à partir d’injonctions administratives reposant sur des relais administratifs – le bureau, nécessaire dans toute société, mais à la différence des pays développés analysés par Max weber, étant nocif produisant la sphère informelle e tla corruption.  Le bilan dressé à partir des documents officiels, largement diffusés, montre les limites de cette démarche qui ne  peut que conduire à un échec programmé, du fait que, pour masquer cet échec, l’on réalise des replâtrages organisationnels. Force est de constater qu’ au moment ou les entreprises grandes et PMI/PME s’organisent en réseaux  maitrisant les hautes technologies,  il y a lieu d’éviter des  schémas périmées des années 1970/1980 de l’ère matérielle, Des politiques publiques d’adaptation s’imposent tenant   compte tant des mutations internes que mondiales étant à l’aube de la quatrième révolution économique mondiale qui préfigure un bouleversement mondial (un exemple la généralisation des voitures hybrides et électriques, nouvelles normes de construction économisant l’énergie , horizon le transport représentant plus du 1/3 de la consommation d’hydrocarbures dans le monde et avec la construction plus de 60% ).

5.-Quelle conclusion  pour l’action du gouvernement ?

Force est de reconnaître en ce mois de janvier 2020, malgré toutes ses potentialités, et elles sont énormes, la prédominance de la rente des hydrocarbures qui irrigue toute l’économie et le corps social : Sonatrach, c’est l’Algérie et l’Algérie, c’est Sonatrach avec 98% des recettes en devises  en incluant les dérivées. Sur le plan géostratégique, la  région du sahel connait  un véritable bouleversement géostratégique sans précédent  sans compter les tensions au Moyen Orient  notamment  en  Iran, Syrie,  Irak  et dans d’autres contrées du monde.  C’est que les enjeux au Moyen Orient et au  Sahel préfigurent d’importantes reconfigurations géopolitiques et géoéconomiques. Ces enjeux sont intiment liés aux nouvelles mutations  mondiale actuelles qui  devraient qui conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires. Avec l’ère d’internet où le monde est devenu une grande maison de verre,  la Cité ne peut plus être gérée comme par le passé. La  bonne gouvernance fondée et la valorisation du savoir, objet de cette présente contribution,   doit être  la priorité des gouvernants  en ce XXIème siècle, car  il ne faut pas être utopique, sans moralisation surtout des dirigeants  qui doivent donner l'exemple,  l’on ne peut parler de développement entre /2020/2030, tout le reste étant des slogans politiques auxquels la population algérienne ne croit plus. C’est que l’Algérie devrait connaitre de vives tensions budgétaires entre 2020/2022 avec le risque de l’épuisement des réserves de change  dans moins de deux ans, d’où l’urgence un Front social interne solide, tenant compte des différentes sensibilités, grâce à un dialogue productif. Pourtant l’Algérie recèle d'importantes potentialités pour relever les défis du nouveau monde, en plein bouleversement, surtout les compétences humaines, richesse bien plus importante que toutes les réserves d’hydrocarbures, sous réserve de l’amélioration de la gouvernance et la valorisation du savoir. Concilier l’efficacité économique et une profonde justice sociale dans le cadre d’une économie ouverte, la maîtrise du temps étant le principal défi des gouvernants au XXIème siècle, constitue en fin de parcours, le défi principal de l’Algérie, entre 2020/2030. Le monde connait une profonde transformation avec  nouvelle configuration de la division internationale du travail. Le savoir avec la stabilité de l’environnement politique, économique et social sont déterminants selon l’ensemble des rapports internationaux, étant un élément déterminant du développement des Nations au du XXIème siècle avec la bonne gouvernance. Le passage de l’Etat de « soutien contre la rente » à l’Etat de droit « basé sur le travail et l’intelligence » est un pari politique majeur car il implique tout simplement un nouveau contrat social et un nouveau contrat politique entre la Nation et l’Etat, posant la problématique de la refondation de l’Etat et pas de développement sans   une vision stratégique fondée sur un Etat de Droit pour légitimer le véritable statut de la citoyenneté. Cependant, l’Etat de droit,  n’est pas un Etat fonctionnaire, qui gère un consensus de conjoncture, mais un Etat fonctionnel qui fonde son autorité à partir d’une certaine philosophie du droit d’un coté, et à partir d’une assimilation consciente des besoins présents de la communauté et d’une vision future de ses perspectives. [email protected]

Abderrahmane MEBTOUL , auteur  de  20 ouvrages  et de  plus de 700 conférences nationales et internationales- haut magistrat premier conseiller, directeur général des études économiques la Cour des comptes 1980/1983- Président du Conseil  national des privatisations 1996/1999- directeur d’Etudes Industrie-Energie 1974/1979-1990/1995-2000/2007- 2013/2015 -Pr Abderrahmane Docteur d’Etat  en  Sciences Economiques (1974- ) diplômé  d’expertise comptable de l’Institut supérieur de Gestion de Lille , membre de plusieurs organisations internationales Europe -USA expert au Conseil Economique et Social CNES 1995/2007 -Suite  à l’invitation du Ministère de la défense nationale – Institut militaire de documentation, d'évaluation et de prospective -IMDEP, qui organise une rencontre internationale  « Réseaux sociaux au Maghreb et au Moyen-Orient: quel impact sur les transitions politiques dans la région » les 28/29 janvier 2020 au Cercle National de l’Armée, Beni Messous – Alger, le professeur des universités, expert international- Abderrahmane MEBTOUL  interviendra sur le thème  « L’Algérie face à la quatrième révolution mondiale : maitriser les nouvelles technologies,  facteur déterminant de  la  sécurité collective  et  du développement ».

Références

Voir l’audit réalisée sous ma direction assisté de 15 experts tous algériens pour le Premier Ministère (10 volumes 890 pages) suppléant à la léthargie du CNES , en  janvier 2014 avec    19 propositions   rentrant dans le cadre de la nouvelle stratégie du développement socio-économique, horizon 2020/2030  où chaque  proposition a fait l’objet d’une étude particulière par les experts. 

Proposition 1 : les axes stratégiques des nouvelles mutations mondiales. Proposition 2 : Etat de droit, instituons démocratiques et société participative. Proposition 3 : réorganisation des institutions gouvernementales et locales- Proposition 4 : axes pour l’amélioration de  l’efficacité des politiques publiques et   la dépense publique dont l’habitat et les infrastructures -. Proposition5 : création de technopoles- décentralisation par de grands pôles régionaux et nouvelle politique industrielle tenant compte des besoins du marché intérieur et pour l’exportation des filières  internationalisées. Proposition 6 : lutte contre la bureaucratie : intégrer la sphère informelle et réorganiser les corps de l’Etat.  Proposition 7 : contrôle transparent- adaptation au droit international et allègement des procédures administratives – Proposition 8 : revoir la gestion des caisses de sécurité sociale conciliant système par répartition et système par capitalisation, équité et efficacité. Propositions 9 : mise à niveau ciblé pour dynamiser le tissu productif en déclin par les  nouvelles technologies et encourager   l’entreprenariat féminin. Propositions 10 : Les huit mesures pour dynamiser les PMI/PME. Proposition 11 : Améliorer le niveau de l’Ecole et des Universités y compris la formation professionnelle. Proposition 12 :  les axes de la transition énergétique de l’Algérie, en encourageant les industries écologiques.    Proposition 13 : dynamiser l’agriculture liée à une nouvelle politique de l’eau , le tourisme intimement lié à l’artisanat. Propostion14 : création d’entreprises à partir du recyclage des déchets. Propositions 15 : création d’une industrie de médicament.  Proposition 16 : actions pour dynamiser le système financier et la Bourse d’Alger et différents modes de financement ( finance classique, finance islamique, micro- crédits) pour dynamiser le tissu productif. Proposition  17 : dynamiser des instituions stratégiques en léthargie, la Conseil  Economique et social, le Conseil national de l’Energie, la Cour des comptes et le Conseil de la concurrence. Proposition 18: revoir le fonctionnement de notre diplomatie pour l’adapter à l’environnement internet et international.  Proposition 19 : adapter notre système de défense/sécurité aux nouveaux enjeux géostratégiques : tensions régionales  et   cybercriminalité.



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