La protestation contre le gaz de schiste connait une évolution assez paradoxale. Et pour cause trois villes du nord Oran, Bejaia et Batna ont connu samedi des rassemblements de soutien, à l’initiative de partis politiques et d’organisation de la société civile.
Il est vrai que ces rassemblements n’ont pas drainé grand monde, mais sur la plan symbolique, ces rassemblement peuvent se lire comme une jonction entre le nord et le sud dans une opposition radicale au gaz de schiste.
Paradoxalement à Ain Salah l’épicentre de la protesta, le mouvement connait un essoufflement voire même un début de fracture. Cette fracture est la conséquence de l’intervention télévisée du Premier ministre mercredi dernier.
Le mouvement se retrouve aujourd’hui divisé en deux avec une majorité autour du collectif citoyen qui appelle au calme et les radicaux partisans de la poursuite de la protestation avec des actions plus violentes comme blocage de la route qui mène à Tamanrasset, la fermeture des écoles et des administrations et une marche jusqu’au site de l’Arhat , lieu du forage expérimental.
Le Comité des citoyens a déjà infléchi sa position au lendemain de la visite éclair du général Hamel, envoyé comme émissaire du président Bouteflika. «Nous sommes contre l’escalade; nous appelons les manifestants à rester calme. Ceci ne veut pas dire toutefois, que nous allons renoncer à notre mouvement » a expliqué hier un membre du «groupe des 22», à sa sortie d’une réunion tenue avec le chef de la Daïra, selon une déclaration rapportée dans le journal Liberté.
Mais tout en coordonnant avec les autorités locales pour ramener le calme, les membres du Comité des citoyens disent attendre « une réponse claire et sans ambigüité de la part des autorités ».
Et à propos d’autorité, des informations en provenance de la daïra font état de l’arrivée dans les prochains jours de Abdelmalek Sellal qui viendrait annoncer sur place la décision du gouvernement de surseoir à l’exploitation du gaz de schiste.
Mais au niveau politique, de nombreuses personnalités se sont prononcées samedi en faveur de l’exploitation du gaz de schiste, à l’instar de Louisa Hanoune (PT), Amar Ghoul (TAJ) et Belgacem Sahli, le patron de l’ANR pour qui l’exploitation du gaz de schiste sera « incontournable ».
Néanmoins les trois préconisent un débat national appuyé d’une campagne de sensibilisation pour expliquer aux populations du sud les enjeux qui sous-tendent l’exploitation de cette énergie non conventionnelle.