Loin du discours politique anesthésiant, la réalité économique de l’Algérie ne prête pas à l’optimisme. Quand on entend le Premier ministre Abdelmalek Sellal se gargariser sur la «bonne santé» de l’Algérie, puis on reçoit les chiffres de Laksaci comme une rafale, on ne sait plus sur quel pied danser. Et pour cause ! La note de conjoncture présentée aujourd’hui par le Gouverneur de la banque d’Algérie, devant le parlement, donne des sueurs froides.
Un grand feu rouge d’abord : Le compte courant de la balance des paiements extérieurs a enregistré un déficit de 1,2 milliard de dollars durant le premier semestre 2012 ! Cela fait bien longtemps qu’un triste record n’a pas été atteint. A la même période de l’année dernière notre pays enregistrait non pas un déficit mais un excédent de dix (10) milliards de dollars ! C’est dire qu’il y a de quoi être choqué par cette tendance.
La faute aux exportations algériennes d’hydrocarbures qui ont fondu comme neige au soleil. En effet celles-ci se sont contractées de 14,31 % au premier semestre 2013 par rapport à la même période de l’année 2012, reculant de 37,50 milliards de dollars à 32,14 milliards de dollars. Sans doute que ce recul drastique des exportations est causé par l’attaque terroriste du complexe pétrolier de Tiguentourine qui a provoqué l’arrêt de la, production.
Il va de soi que l’onde de choc a irradié tous les secteurs de production dans le sud entraînant la fuite des personnels étrangers sous la menace terroriste. «Cela a affecté négativement la balance commerciale, surtout au second trimestre, pendant que les importations de biens poursuivaient leur trend haussier en contexte de faiblesse structurelle des exportations hors hydrocarbures (0,682 milliard de dollars au premier semestre 2013 contre 0,473 milliard de dollars au premier semestre 2012)» ; souligne la BA.
Les limites d’une propagande
Ceci pour les raisons objectives. Mais pas seulement. Le rapport sur les tendances financières et monétaires du pays présenté par Laksaci fait ressortir une augmentation énorme des importations des biens. La facture d’importation des biens a fait un bond de 20,04 % au premier semestre 2013 par rapport au même semestre de l’année précédente !
On y apprend aussi que notre pays à fait de grosse importations de carburants durant la même période ponctué par une hausse de…90,2% ! On comprend mieux pourquoi les autorités ont décidé, enfin, de lutter un peu contre le trafic des carburants à la frontière ouest après avoir fermé l’œil face à ce phénomène.
Est-il, in fine, raisonnable de soutenir que l’économie nationale «va bien», quand une simple contraction des exportations de l’or noir a provoqué autant de dégâts ? Que dire alors si les prix du brut venaient à chuter en dessous de 60 dollars ? à Dieu ne plaise.