Le ministre de l’Intérieur a profité ce matin d’une session de questions orales à l’APN pour faire un premier point sur les formalités de candidatures, dix jours après la convocation du corps électoral par le président Bouteflika.
A priori, le rendez-vous du 17 avril suscite un engouement. Et pour cause, 72 personnes se sont déjà présentées au ministère de l’Intérieur pour le retrait des formulaires de signature. Parmi ces 72 personnes, treize ont annoncé leur candidature.
Mais le ministre de l’Intérieur a rappelé, à juste titre, que tous ceux qui ont retiré les documents et tous ceux qui ont annoncé leurs candidatures ne seront pas retenus, car il faut satisfaire à l’épreuve des signatures, au bout de laquelle beaucoup passeront à la trappe.
En effet, 65.000 signatures, dont 25 wilaya, à raison d’au moins 1.5OO par wilaya, ce n’est pas une mince mission. A moins que l’administration ne soit pas trop tatillonne pour permettre une élection avec une multitude de candidatures.
Mais en attendant la fin de cette opération qui doit s’achever le 2 mars à minuit, deux fronts, deux caps sont entrain de se constituer et de se mettre en place par rapport à cette élection qu’on présente comme"décisive" pour l’avenir de l’Algérie, à en croire Louisa Hanoune.
D’un côté, les partisans du vote et de l’autre les boycotteurs. Et chacun y va de son argumentaire pour "mettre les rieurs de son côté", pour reprendre la formule.
A tout seigneur tout honneur, commençons par le FLN qui a tôt fait d’afficher la couleur. Son patron, en butte à une sédition interne s’est fait l’avocat invétéré de la candidature de Bouteflika à qui , faut-il le préciser, il doit son retour en grâce, après une traversée du désert du côté de Oued Souf, dont il est originaire.
Comité central du parti, Mohafedhs et parlementaires ont investi le président Bouteflika pour un quatrième mandat. La machine FLN est fin prête. Reste juste le signal du concerné pour se mettre en branle.
L’alter égo du FLN, après une période d’hésitation, sans doute due à un manque de lisibilité de la scène politique, a fini par entrer dans les rangs. Le RND a définitivement tranché son choix samedi : pas de candidat-maison et soutien franc pour le président sortant. Ce dernier peut compter aussi sur le soutien promis du MPA de Amara Benyounés et de TAJ de Amar Ghoul qui n’ont de cesse de répéter à longueur de rencontre que leur appui est totalement acquis au président Bouteflika.
Mais par delà ces quatre partis qui représentent les trois grands courant du champ politique algérien, le candidat Bouteflika verra certainement le ralliement d’autres chefs de petits partis, en espérant un éventuel renvoi d’ascenseur.
Louisa Hanoune, Fawzi Rebaine, Moussa Touati, Mohamed Chérif Taleb, présents à toutes les élections, ne vont certainement pas rater le rendez-vous du 17 avril prochain. Ils ne se font guerre d’ambition, sur le plan personnel, tant le résultat est connu d’avance, mais ils auront eu le mérite de la participation.
Parmi les candidats partants, Ali Benflis est celui qui a le plus d’étoffe. C’est une candidature de poids qui apporte du crédit à l’élection. Dans le camp d’en face, on retrouve ceux qui sont opposés à cette élection au motif qu’elle"est mal partie", que des soupçons de fraude planent déjà.
En tête des boycotteurs, on retrouve le RCD qui avait acté sa décision vendredi dernier, à l’issue de son Conseil national. La décision du RCD était du reste prévisible, tant son opposition au pouvoir est devenue son crédo politique.
Mais, la grosse surprise est le fait du MSP qui a pris de court tous les observateurs qui ne s’attendaient point à le voir faire un choix aussi tranché ;Une première dans les annales de l’Algérie depuis l’instauration du pluralisme électoral.
En effet, jusque-là le parti fondé par Mahfoud Nahnah a fait du "participationnisme institutionnel" une ligne directrice du parti islamiste BCBG. Rupture donc pour le parti qui va passer de l’autre côté de la barricade en espérant redevenir le leader de l’opposition, surtout avec la possibilité de mettre le grappin sur une partie de l’électorat du FIS qui demeure encore en état de déshérence politique.
Nahdha et le MRN, membres de l’AAV, lors des dernières législatives vont certainement faire le même choix du boycott, alors qu’Abdellah Djaballah, figure de l'islamisme, en perte de vitesse, n’a pas tergiversé et a préféré déclarer forfait depuis longtemps.
Reste pour le moment le FFS qui souffle le chaud et le froid. Son premier secrétaire avait déclaré que "l’élection présidentielle sera fermée", mais, inversement, il estimait que le changement devait se faire avec le pouvoir. Visiblement le parti de Da L’Hocine est assis sur deux chaises, alors que jusqu-là il avait choisi la politique de la chaise vide, c’est-à-dire le boycott. Quelle sera alors sa décision ?.