L'association "Banlieue Plus & Nos Quartiers", dont le siège est à Gennevilliers, au nord-ouest de Paris, a été créée en 2011, par des français d'origine maghrébine, dans le but de contribuer, avec d'autres associations du même type en France, à changer l'image négative des banlieues des grandes villes françaises où habite majoritairement une population d'origine étrangère, maghrébine et algérienne en particulier.
À titre d'information, le dernier recensement de l'Institut français de la statistique et des études économiques (Insee) datant de 2012, indique qu'environ un tiers des habitants de l'Ile-de-France (région parisienne) sont émigrés ou nés de parents émigrés et que ce pourcentage est encore plus important dans des communes comme La Courneuve (43,1 % d'émigrés) ou Aubervilliers (42,2%).
Dans les six plus grandes aires urbaines de France, en dehors de Paris (soit Lyon, Marseille, Toulouse, Lille, Bordeaux et Nice) 842.000 émigrés ou nés de parents émigrés vivent, sur une population totale de 8.542.000 habitants (soit 9,85%) .
Ces habitants d'origine étrangère ( dont une grande partie ont acquis la nationalité française) sont souvent fragilisés par la pauvreté, le chômage, la délinquance, le racisme et les exclusions de toutes sortes.
Les derniers chiffres concernant le chômage, par exemple, dans ces banlieues, sont dramatiques. Selon une étude datant de 2014, le taux de chômage des 15-64 ans y a atteint 26,7% de la population contre un taux global de près de 10% dans les agglomérations environnantes.
Dans ces quartiers, 48% des femmes sont en dehors du marché du travail. Aujourd'hui, en France, même les diplômés issus des banlieues subissent l'exclusion, à cause d'un "effet quartier" handicapant ! Un diplômé bac + 5, âgé de plus de 30 ans, a 22% de chances de moins d'occuper un emploi de cadre lorsqu'il est issu de ces banlieues populaires.
Selon Mme Zora Oussedrat, coordinatrice de "Banlieue Plus & Nos Quartiers", "En dépit de la situation très difficile, les associations, au niveau des cités, ne veulent plus se positionner en victimes, même si elles ont bien conscience des grandes difficultés que subit la jeunesse dans nos différents quartiers. Mais leurs actions sont davantage dans "le faire" et la création que dans la revendication et la critique!"
"Banlieue plus", par exemple, souligne Mme Oussedrat, possède plusieurs cordes à son arc. "L'association organise des ateliers d'écriture, avec à la clef, un concours de nouvelles à l'intention des adolescents et des débats toujours en lien avec l'actualité. Il faut motiver nos jeunes pour leur donner envie de construire et d'aller de l'avant, en dépit de tout !"
"Nous faisons du soutien scolaire et du coaching pour les demandeurs d'emploi, et nous distribuons des colis alimentaires pour aider les SDF et les familles en grande précarité. Tous les 15 jours, une quinzaine de nos bénévoles arpentent les rues de Paris pour tenter de venir en aide aux démunis. Nous finançons nos actions par des dons de citoyens et parfois un organisme officiel français spécialisé nous donne un coup de main! "
Un autre volet important de ces associations activant dans les banlieues des grandes villes françaises et qui regroupent une majorité d'enfants d'émigrés de la deuxième ou troisième génération, concerne la solidarité avec les pays de leurs racines. Mme Zora Oussedrat souligne que " Banlieue Plus" comme d'autres associations d'émigrés ou d'enfants d'émigrés n'ont jamais marchandées, selon les moyens dont elles disposent, ce soutien qui est déterminant d'abord au niveau symbolique.
"En 2012, nous avons voulu célébrer les 50 ans de l'indépendance de l'Algérie à Gennevilliers, rappelle Mme Oussedrat, par l'organisation de soirées culturelles, de conférences et d'expositions sur l'Algérie. Il était important pour nous de célébrer cet anniversaire à l'intention de la population algérienne résidente en France".
"Lors de la mise en place du passeport biométrique, il a été constaté des débordements excessifs et une certaine désorganisation au niveau des consulats, et des vidéos blessantes pour les autorités algériennes sont apparues sur les réseaux sociaux. Nous avons, avec l'association "Banlieue Plus" décidé de constituer un groupe de bénévoles pour aider, chaque samedi matin, à l'accueil des ressortissants algériens au niveau du consulat d'Algérie de Bobigny" confie-t-elle!
Lors de leur déplacement au niveau de ce même consulat, l'année dernière, le ministre algérien de l'Intérieur et l'ambassadeur d'Algérie à Paris ont encouragé cette initiative qui avait pour but de montrer l'amour des émigrés pour leur pays d'origine et pas uniquement en brandissant un drapeau algérien sur les Champs Elysées, lors d'un match de football !
Mme Oussedrat souhaite que les autorités algériennes facilitent aux associations comme la sienne de collaborer avec leurs consœurs algériennes. "Notre souhait aujourd'hui est de travailler avec les orphelinats d'Algérie. Nous avons dans un premier temps pris attache avec celui de Tlemcen. Notre contact sur place, Mme Khadija K. , doit nous établir une liste du matériel nécessaire pour améliorer le quotidien de ces petits orphelins".
"En se réappropriant nos racines, conclut Mme Oussedrat, on se réapproprie notre identité et nous pouvons mieux savoir alors où nous allons ! "