Le 4 et 5 décembre 2016 à Tlemcen, un grand hommage sera rendu au Président Ben Bella à l'occasion du centenaire de sa naissance.
À l'occasion du centenaire de la naissance du premier président de l'Algérie indépendante, feu le Président Ahmed Ben Bella, un colloque international se tiendra à Tlemcen, au début de la semaine prochaine, soit le 4 et 5 décembre 2016, pour rendre hommage à ce grand militant de la cause nationale, au chef d'Etat progressiste puis au défenseur de la paix et de la justice entre les hommes; les trois grandes étapes d'une vie entièrement consacrée au service de l'Algérie et des peuples opprimés dans le monde.
La conférence d'ouverture de ce colloque de Tlemcen, qui est placé sous le haut patronage du président de la République M. Abdelaziz Bouteflika, sera prononcée par M. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines. M. Tateb Zitouni, ministre des moudjahidines, y fera également une communication.
Plusieurs historiens et universitaires algériens et étrangers ainsi que des personnalités ayant côtoyé feu Ahmed Ben Bella prendront part à cette rencontre qui est organisée par l’université Aboubekr Belkaid de Tlemcen, en collaboration avec les autorités locales.
Parmi ces invités, figurent notamment Jean Ziegler, le célèbre essayiste suisse connu pour ses convictions tiers-mondistes, l'ancien diplomate Othmane Saadi, le professeur Martin Evans de university of Sussex du Royaume-Uni, l'universitaire Omar Carlier, le professeur de pédiatrie Mustapha Khiati, le docteur Pierre Galand de l'université de Bruxelles et Madame le professeur Aminata Drouman Traoré du Mali.
Parallèlement à ce colloque, une exposition de photos retraçant la vie de Ahmed Ben Bella ainsi que la projection d'un film documentaire relatant son parcours militant, auront lieu au Palais de la culture de la ville. Un prix qui porte son nom et qui est doté d'un montant de 1,5 millions de dinars, sera remis au meilleur ouvrage qui lui aura été consacré récemment et un hommage sera rendu à sa fille Mahdia.
Sera également dévoilée à cette occasion une statue en bronze de Ben Bella en uniforme militaire, réalisée dit-on par un sculpteur italien. Son emplacement, place de la Grande Poste à Tlemcen, qui est jugé judicieux selon les uns, inapproprié selon les autres, suscite déjà une petite polémique.
L'ambition de ces deux journées d'hommage de Tlemcen est de faire découvrir au plus grand nombre, notamment la jeunesse, ce que fut la lutte de longue haleine de l'ancien président de la République pour libérer son pays de la nuit coloniale, sa place sur la scène révolutionnaire mondiale et la forte densité humaine du défunt, forgée par les épreuves et dans les combats!
Né à Maghnia, dans la wilaya de Tlemcen, le 25 décembre 1916, feu Ahmed Ben Bella fut l'un des 9 chefs historiques du CRUA, à l’origine de la création du FLN et un élément actif du soulèvement armé du 1er Novembre. En mai 1950, il fut arrêté par les autorités coloniales pour avoir préparé et participé à l'attaque de la Grande Poste d'Oran qui rapporta aux militants indépendantistes de l'O.S (le bras armé du parti de Messali Hadj, le PPA-MTLD) un butin de 3,17 millions de l'époque. Deux ans plus tard, il s'évada de la prison de Blida et rejoignit Le Caire (Egypte) où se trouvaient Hocine Ait Ahmed et Mohammed Khider qui représentaient l'Algérie au sein du Bureau du Maghreb Arabe et avec lesquels il constituera, après le 1er Novembre (en compagnie également de M'Hamed Yazid) la Délégation extérieure du FLN.
En 1955, c'est sous son autorité que fut organisée l'expédition du fameux bateau Dhina qui, parti d'Alexandrie (en Egypte) le le 28 février 1955 accosta un mois plus tard (soit le 29 mars 1955) non loin de la ville marocaine de Nador, avec dans ses soutes plus de 21 tonnes d'armements. Cet épisode est considéré par les historiens comme un tournant dans le cours de la lutte armée contre le colonialisme français, puisqu'il permit l'équipement de l'Oranie en armes et son entrée en guerre, à partir d'octobre 1955. Le 22 octobre 1956, Ahmed Ben Bella fut arrêté, en compagnie de Hocine Ait Ahmed, Mohammed Boudiaf, Mohammed Khider et Mostafa Lacheraf, à la suite du détournement de leur avion "Air Atlas" navigant sous pavillon marocain, par un acte illégal de piraterie aérienne commis par l'armée coloniale française. Il ne sera libéré qu’à la veille de l’indépendance.
Premier président de l'Algérie indépendante jusqu’en juin 1965, feu Ahmed Ben Bella fut ensuite emprisonné pendant plus de 14 ans, "une épreuve, confia-t-il un jour, qui n'a laissé aucune haine dans son cœur".
Juste après ses retrouvailles avec la liberté, Ben Bella profita d'un voyage à Tlemcen pour se recueillir sur la tombe de Messali Hadj et il avoua à des proches que "son jugement comme celui d'autres chefs historiques de la Révolution a peut-être été sévère avec le père du nationalisme algérien!".
Une analyse d'un fin observateur de la vie politique nationale, "au cours des trois années de pouvoir de Ben Bella, l'incursion des troupes marocaines à Hassi Beida, en territoire algérien ("la Guerre des sables" de 1963) a contribué, parmi d'autres facteurs également importants, à orienter dans un sens plus autoritaire son régime et à "durcir" tous les pouvoirs qui lui ont succédé, à cause de l'apparition de cette menace à notre frontière ouest".
Durant les années 2000, jouissant du respect de tous et d'un statut mérité de sage de la Nation, Ahmed Ben Bella se consacra à la défense des causes justes à travers le monde, jusqu’à son décès, le 11 avril 2012. Il fut enterré deux jours plus tard au Carré des martyrs du cimetière d'El Alia, à Alger, lors de funérailles nationales auxquelles assista le Président Abdelaziz Bouteflika.