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Législatives : Les Partis et candidats face aux défis socio-économiques entre 2017 et 2020

27-04-2017 12:34  Pr Abderrahmane Mebtoul

 Je ne saurais trop insister sur l’urgence d’un Etat de droit, avec l’implication des citoyens à travers la société civile, une véritable opposition sur le plan politique, une véritable indépendance de la justice, tout cela accompagné par un renouveau de la gouvernance au niveau global afin de délimiter clairement les responsabilités. Du fait des ajustements sociaux douloureux à venir, avec la chute du cours des hydrocarbures de longue durée, où j’insiste depuis de longues années  sur la mobilisation de tous les acteurs politiques, sociaux et économiques,  devient impérative autour d’un large front national, devant privilégier uniquement les intérêts supérieurs de l’Algérie.

1.- Dépasser la culture rentière

 1.1-Il existe des lois universelles  tout monopole politique, social et économique est source  de surcouts et d’inefficacité. La concurrence dans les domaines  politiques (contrepoids politiques) social (pluralité  à syndicale, développement des associations nationales et locales avec la  participation de la femme signe de la vitalité  de toue société)  et économique permet le développement multidimensionnel de  toute société   conciliant   efficacité économique et justice sociale par  une participation citoyenne. En Algérie, existent   des liens dialectiques  entre la logique rentière,  le monopole politique, social  et économique avec l’extension  de la sphère informelle (monopoleurs informels notamment dans la sphère marchande. Incontestablement, sous la pression  des mutations sociales internes,  aucune société n’étant figée,  d’internet   et  de la mondialisation, nous assistons à l’ouverture timide du champ politique   et à des débats contradictoires. L’ouverture par exemple  des médias au secteur privé (presse écrite, sites, télévisons), encore que beaucoup reste à faire, permet au citoyen algériens d’être mieux informés. L’ouverture des télécommunications  lui permet  de mieux communiquer. Aussi, il d’agit de démystifier l’apport au secteur privé national et international créateur de valeur ajoutée  y compris les services qui en ce XXI siècle sont créateur  de valeur et les segments améliorant le service public,  mais ne devant pas substituer un monopole public  à un monopole privé beaucoup plus néfaste renvoyant à une concurrence saine  et loyale. Mais il ne faut pas être utopique cela suscitera  de fortes  résistances de la part des monopoleurs rentiers. Aussi, il appartiendra au secteur privé algérien de s’organiser en une force représentative, évitant cet émiettement  des organisations patronales  afin de faire évoluer les rapports de forces. 

1.2.- Nous avons fondé  l’Association du développement de l’Economie de Marché-ADEM- en 1992 avec des centaines  de cadres  du secteur public, des opérateurs privés,  des universitaires   de toutes les régions du pays et diffusé notre programme en arabe-anglais-français au niveau local  et international (USA-Europe). A ce titre, je me félicite   que le gouvernement, la majorité des partis   du pouvoir, de l’opposition reprennent nos idées forces   et ce après plus de 20 ans  au profit exclusif de l’Algérie. Personne n’a le monopole du nationalisme,  et notamment de l’ouverture au secteur privé  pour l’investissement  où l’Algérie  est importatrice, devant dynamiser la production et exportation hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales en tissant  des partenariats gagnants/gagnants public-privé local et privé/public local-privé international. Il existe  dans tous les pays développés démocratiques  ou en transition un  dialogue entre patronat privé et pouvoirs publics, le dialogue loin des dictats ,étant  l’outil  de la bonne gouvernance. Pour cela un dialogue serein avec les  pouvoirs publics est nécessaire,  l’Algérie étant appelée à évoluer au sein d’ne économie ouverte  et  donc  éviter d’être assisté, en exigeant des transferts de rente. Mais attention aux désinformations. L’économie de marché ne saurait signifier la fin de l’Etat. Bien au contraire.  L’Etat doit concilier les couts sociaux et les couts privés, et jouer  un rôle important dans les orientations stratégiques mais ne substituant jamais aux opérateurs publics ou privés et ce en levant les contraintes d’environnement et donc de le rendre plus efficient. Car la création de richesses permet d’accroitre  la fiscalité source du fonctionnement  de l’Etat. 

 1.3.- C’est que la conception passée sur une superposition forte entre secteur public, entreprise publique, monopole, activité limitée du territoire national doit faire place à l’efficacité de gestion, à la concurrence. La nouvelle politique socio- économique en Algérie devra être marquée en ce début du XXI ème  siècle par l’innovation, mais également éviter qu’une économie qui produit la richesse ne détruise les liens sociaux dans un univers où la plupart des structures d’encadrements, (familles, religion, syndicats) sont faibles surtout en Algérie où bon nombre d’organisations sont des appendices bureaucratiques sans impacts de mobilisation , monnayant leurs soutiens contre une fraction de la rente pétrolière et gazière. L’étatisme à outrance – en cas de malaise social, cristallise le mécontentement populaire sur le pouvoir d’Etat et aboutit à un affrontement direct entre la puissance publique et l’opinion sans qu’intervienne la moindre médiation. En fait, l’objectif stratégique est de redonner confiance à la population algérienne en instaurant un Etat de Droit, base du retour â la confiance passant par des actions concrètes de luttes contre la corruption, le favoritisme, le régionalisme, les relations de clientèles occultes qui ont remplacé les relations contractuelles transparentes, l’application de la règle de Piter qui fait que l’on gravite dans la hiérarchie en fonction de sa servitude et de son degré d’incompétence. Aussi, la dynamisation  du secteur privé  est tributaire  d’une politique socio-économique cohérente, plus de visibilité dans la démarche du gouvernement  évitant les replâtrages  conjoncturels  et le changement perpétuel de cadres juridiques. Cela implique la mise en place de mécanismes nouveaux dans le domaine politique, économique et social afin de lier l’efficacité économique, loin de tout monopole public ou privé, et l’équité pour garantir la cohésion sociale, loin de tout populisme.  C’est dans ce cadre  que j’émets quelques prépositions pour les Partis et candidats aux élections législatives du 04 mai 2017

2- Propositions politiques et économiques

 2. 1.-Volet politique 

 Facteur essentiel du développement économique et social, les candidats doivent s’engager à développer les libertés, politiques, économiques, sociales et culturelles l’implication de la jeunesse et la promotion réelle de la femme à la gestion de la Cité. 

 - S’engager à asseoir la bonne gouvernance, l’Etat de Droit par la lutte contre la bureaucratie paralysante, l’indépendance de la justice avec une nette séparation du pouvoir, exécutif, législatif- judiciaire- des juges indépendants des procureurs généraux nommés par l’exécutif, un rééquilibrage au niveau du Conseil de la magistrature en favorisant les élections libres, rééquilibrer le Conseil constitutionnel en faveur de personnalités indépendantes et renforcer le pouvoir du Conseil d’Etat. 

 - S’engager  d’une manière précise à clarifier les missions de l’ANP, des services de sécurité y compris la DGSN et du Conseil de sécurité et ce dans le cadre de la transition démocratique. 

-Donner  des solutions  concrètes quant aux   missions de notre diplomatie qui doit s’adapter aux nouvelles mutations. 

 - Tout en nous en tenant à nos constantes nationales (Arabité- Islamité-Amazighité) comme facteur de cohésion sociale,  s’engager à favoriser la culture facteur  de tolérance et combattre toute forme de racisme et de xénophobie,  garantir  la liberté de culte et la liberté de conscience, veillant à ce que la religion, n'interfère pas dans les affaires de l’État. 

- Que proposent les candidats  vis à vis de l’élite avec l’intégration de notre émigration et la valorisation du savoir par la réforme profonde de l’école du primaire au supérieur. 

-S’engager à favoriser  la pluralité syndicale, la liberté des médias avec un code de déontologie, la reconnaissance de la société civile et la liberté pacifique de manifester. 

- Sans son histoire, une société est comme un corps sans âme, l’histoire étant le fondement de l’action présente et future, devant différencier régime éphémère et Etat éternel, les candidats doivent s’engager à respecter  les valeurs du 01 novembre 1954 et de la plateforme de la Soummam, un Etat qui survit aux aléas de l’histoire, à la gloire et aux sacrifices de nos martyrs  qui ont permis l’indépendance de l’Algérie. 

 2.2.- Volet économique 

 - Les partis et candidats doivent définir clairement le rôle futur de l’Etat dans le développement économique et social, en insistant sur le rôle de l’Etat régulateur conciliant les coûts sociaux et les coûts privés fà la quatrième révolution économique qui s ‘annonce entre 2017/2030 ?

 - Quelles solutions proposent les Partis ,  concernant  la transition numérique, en prenant en compte de la cybercriminalité ? 

 - Les candidats doivent s’engager à élaborer des Lois criminalisant  la corruption, en  différenciant  la corruption de l’acte de gestion afin d’éviter de paralyser l’initiative des managers qui constitue une atteinte à la sécurité nationale. Cela implique pour son atténuation une totale transparence de l’utilisation des deniers publics (dépense publique- rente de Sonatrach- réserves de change), l’unification des institutions de contrôles, indépendants de l’exécutif, et donner de larges prérogatives à la Cour des Comptes, parallèlement au contrôle parlementaire et à la société civile Et  s’engager à respecter les Accords internationaux en la matière contre le blanchissement de l’argent «sale». 

 -S’engager à garantir la propriété privée, comme droit inaliénable et codifier l’économie de marché concurrentielle, loin de tout monopole, comme processus irréversible, mettre l’entreprise privée locale et internationale et publique, sur le même pied d’égalité, la finalité étant de promouvoir une économie productive hors hydrocarbures compétitive s’adaptant avec pragmatisme au processus de la mondialisation. 

 - S’engager à favoriser  la régionalisation économique autour de grands pôles (combinant université-centres de recherche secteurs banques - fiscalité secteurs économiques- administration) à ne pas confondre avec régionalisme qui impliquera d’importantes réformes institutionnelles (Ministères, secteur économique public - wilayas- APC). 

- L’agriculture et son soubassement l’eau, enjeu du XXIème siècle, segment stratégique, les candidats doivent s’engager à codifier la non urbanisation des terres agricoles, parallèlement à la politique d’urbanisation qui devra s’inscrire dans le cadre d’une politique d’aménagement du territoire clairement définie qui ne saurait s’assimiler aux actuels programmes spéciaux de wilayas. 

- Que proposent les candidats pour  la préservation de l’environnement et la protection de la biodiversité 

- Le système d’information s’étant effrité, les candidats doivent s’engager à codifier un organe indépendant de l’exécutif chargé de la collecte d’information et de la planification stratégique tenant compte avec les bouleversements mondiaux. 

 -Les candidats doivent s’engager à  codifier, comme impératif stratégique, la mise en place d’une transition énergétique reposant sur un Mix énergétique et toute action devant avoir l’aval du Conseil national de l’Energie et du Conseil de sécurité  conditionné par  un large débat national concernant le futur énergétique 2015/2030 qui engage la sécurité nationale dont les énergies renouvelables . 

 - S’engager à codifier le dialogue économique et social entre l’exécutif et les partenaires économiques et sociaux en incluant les syndicats autonomes et revoir l’actuel fonctionnement du Conseil Economique et Social inscrit dans la nouvelle constitution, en lui donnant l’autonomie totale, s’étant totalement bureaucratisé, sa composante n’ayant pas été renouvelée depuis des décennies. 

 -Face aux enjeux géostratégiques,  la région africaine et euro-méditerranéenne, devant   connaitre d’importants bouleversements horizon 2020, impose à l’Algérie une stratégie d’adaptation tant politique, économique que militaire, facteur d’adaptation à la mondialisation, intimement lié à la politique étrangère, les candidat  et partis devraient s’engager à favoriser l’intégration de l’Algérie au sein de la région euro-méditerranéenne, de l’Afrique, du Maghreb, continent à enjeux multiples, comme processus stratégique. 

3.-Face à la crise, l’Algérie a besoin de  tous ses enfants dans leur diversité

Que proposent les candidats et partis par rapport au modèle économique 2017/2019 et 2020/2030 rendu public par le gouvernement sachant qu’un   modèle économique n’a pas  de sens s’il n’est pas porté  par des forces sociales, économiques et politiques réformistes, impliquant une recomposition du pouvoir politique fondé sur plus de morale ?Apportent -ils des idées nouvelles opérationnelles (une valeur ajoutée) ou s’enferment-ils dans un diagnostic, des  propositions connues ou  des promesses chimériques ?  Comme un   modèle économique n’a pas  de sens s’il n’est pas porté  par des forces sociales, économiques et politiques réformistes, impliquant une recomposition du pouvoir politique fondé sur pus de morale .L’opposition est l’opposition et le pouvoir est le pouvoir. Personne n’a le monopole du nationalisme, le seul but en commun étant les intérêts supérieurs de l’Algérie. Les objectifs stratégiques sont la refondation de l’Etat algérien conciliant la modernité et son authenticité, l’efficacité économique et une profonde justice sociale, de redonner la confiance actuellement brisée entre l’Etat et les citoyens grâce au dialogue fécond et productif. Il n’existe pas d’Etat standard mais que des équipements anthropologiques qui le façonnent largement influencé depuis les années 1980/1990 par la mondialisation avec de nouvelles fonctions. Dès lors, des stratégies d’adaptation politique, militaire, sociale et économique tenant compte de l’innovation destructrice, en ce monde turbulent et instable pour reprendre l’expression du grand économiste Joseph Schumpeter dans son ouvrage universel «réformes et démocratie» sont impératives. D’où l’urgence d’éviter des actions autoritaires. Lorsqu’un pouvoir émet des lois qui ne correspondent pas à l’Etat de la société, celle-ci-émet ses propres lois qui lui permettent de fonctionner accentuant le divorce Etat-citoyens par la dominance de l’informel, à tous les niveaux : politique, économique, social et culturel. Tout pouvoir a besoin d ‘une opposition forte, organisée avec des propositions productives pour se corriger, devant l’associer dans les grandes décisions qui engagent l’avenir du pays. L’Algérie a besoin pour éviter la léthargie et la stérilité que tous ses enfants dans leur diversité, par la tolérance des idées d’autrui, se regroupent au sein d’un même objectif à savoir le développement économique et social tenant compte de la dure réalité mondiale où toute Nation qui n’avance pas recule forcément. 

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 Le professeur en économie, Abderrahmane Mebtoul, était convié, ce Dimanche 23 avril 2017 , à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne  pour y commenter le modèle de croissance économique rendu public par le ministère des Finances. Paru en anglais au niveau international-site -Mena forum Bruxelles

 Vous pouvez écouter l’intégralité site radio algérienne sous le titre « Le professeur Abderrahmane Mebtoul : le modèle de croissance doit être porté par un consensus des forces sociales, politiques et économiques »

Ci-joint extrait du débat synthèse réalisée par  l’ENRS « … notant que c’est la première fois qu’un tel document est élaboré par le gouvernement, l’invité de la radio algérienne chaine 3,le professeur Abderrahmane Mebtoul  observe qu'un « modèle n’est qu’un modèle » et que pour que celui-ci puisse se concrétiser, il faudrait qu’il soit porté par un consensus des forces sociales, politiques et économiques. Rappelant, que l’Algérie n’est plus dans la situation de 1986, période durant laquelle « il n’y avait pas de réserves de change », il cite les chiffres de la Banque d’Algérie annonçant, qu’au 31 décembre 2016, les réserves de change se chiffraient à plus de 114 milliards de dollars, s'établissant à 109 milliards de dollars, en février 2017. Pour que le nouveau modèle de croissance annoncé puisse réussir, l’invité estime qu'il reste à engager de profondes réformes structurelles et à tenir compte de la « 4ème révolution économique et sociale qui s’annonce », du fait, dit-il, qu’on ne peut plus réaliser une politique économique et industrielle copiée « sur les schémas des années 70 ». Des prévisions « pessimistes » du FMI annonçant une chute du taux de croissance entre 1,5% à 06%, entre 2017 et 2019, contre 4,2% en 2016, avec « de fortes répercussion sur la courbe du chômage », l’intervenant se demande si pour éviter un tel scénario, le gouvernement ne serait pas tenté de continuer à restreindre « à l’infini » les importations ou bien s'attacher à dynamiser le tissu productif, « pour que le taux de croissance annoncé se réalise ».   Notant que 90% des activités économiques du pays sont constitués de « petits commerces et d’activités de service » et que le secteur industriel ne représente en réalité que 5% du PIB, le professeur Mebtoul considère que les réformes structurelles à entreprendre devraient l'être dans un environnement « sain ». Selon lui, il reste encore à engager la lutte contre la bureaucratie, à revoir le système financier, celui du système socio-éducatif et à résoudre le problème du foncier, afin, dit-il, que les entreprises puissent être compétitives et que la croissance puisse être relancée, autant d’actions dont il estime quelles échoient, « au politique ». Soulignant que la croissance ne peut se réaliser par décret, l’invité préconise de revoir « profondément » la politique économique. Il invite le gouvernement à éviter d’avoir une vision économique « mécanique du passé » mais a abonder dans le sens du développement des énergies renouvelables et de transformation des hydrocarbures « pour avoir de la valeur ajoutée et engendrer une multitude de PMI et PME ». Considérant qu’il faut tenir un « discours de vérité », le professeur Mebtoul appelle à ne verser ni dans la « sinistrose ni dans l’autosatisfaction ». Pour lui,  l’Algérie ne traverse pas une crise financière mais une « crise de gouvernance », risquant, si l’on n’y prend pas garde, de se transformer en crise financière. ( (source  radio algérienne 23/04/2017)

 -Voir interviews pendant trois jours du  25/26/27  avril  2017   du professeur Abderrahmane Mebtoul chaine 3 de la  radio Algérienne    sur le rôle des parlements dans le monde  et le cas Algérie dont  l’implication de l’élection législative du 04 mai 2017 dans la résolution de la crise économique, soulignant  l’importance, pour la crédibilité des élections, de la décision du Ministère de la Défense Nationale du vote en dehors des casernes .


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