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Le terrorisme et les arabes : Un problème de sens

11-03-2015 18:56  Rafik Benasseur

Les ministres arabes de l’intérieur se sont donnés rendez-vous aujourd’hui à Alger pour réfléchir sur les meilleures voies et moyens de faire face efficacement au fléau du terrorisme qui menace désormais les Etats nations.

Le défi mérite certainement d’être relevé. Mais l’objectif parait presque hors d’atteinte compte tenu des positions pour le moins incohérentes des différents Etats arabes s’agissant du terrorisme.

Il y a d’abord le fait que la notion même de «terroriste» change de signification selon que l’on est en Egypte, en Algérie ou en Arabie Saoudite.

Les arabes se sont en effet entendus pour ne pas s’entendre sur la définition du terrorisme. C’est un peu le problème que la communauté internationale rencontre au sein des Nations Unis où Israël tente à chaque fois de faire passer une résolution selon laquelle la résistance palestinienne est un mouvement terroriste.

Une conception logiquement rejetée par les pays arabes et musulmans (et pas seulement). Cette dualité de perception a plombé l’effort mondial dans la lutte contre le terrorisme.

Ironie de l’histoire, même parmi les régimes arabes, l’identité du terroriste est loin de faire consensus. Pour le régime du maréchal Abdel Fettah Al-Sissi, la confrérie des Frères musulmans qui a donné le premier président élu civil est un mouvement terroriste.

Terrorisme au Machrek, erreur au Maghreb !

L’Algérie et d’autres pays arabes à l’image du Qatar par exemple ne partagent pas cette conception politicienne du Caire. Même Al-Sissi peut compter sur ses amis et alliés du Golfe comme l’Arabie Saoudite, les émirats arabes unis et le Bahreïn pour décréter le mouvement des «Ikhwanes» terroriste.

Le constat vaut aussi pour le Hamas palestinien récemment estampillé par le même régime égyptien de «terroriste» alors qu’il mène la résistance contre le colonisation israélienne.

D’un autre côté, un groupe véritablement terroriste celui-là, comme «Jabhat Enosra», affilié à Al Qaida, armé et financé par l’Arabie saoudite est considéré comme un mouvement de résistance contre al-Assad…

Riyad et Doha ont également activement participé à la création du monstre Daesh qu’ils ont lancé depuis l’Irak pour aller combattre le régime syrien. De fait, ce qui est considéré comme résistance ou terrorisme au Machrek ne l’est pas forcément au Maghreb et vice versa.

Difficile donc pour les arabes de s’entendre sur les moyens de lutte contre le terrorisme quand ils ne peuvent même pas à se mettre d’accord sur les concepts.

Riyad-Alger : le chemin de croix…

Le ministre de l’intérieur Tayeb Belaiz a d’ailleurs insisté dans son intervention sur la nécessité d’une «stratégie sécuritaire arabe permettant de tarir les sources de financement des organisations dont la «criminalisation du paiement des rançons dans les affaires d'enlèvement et de prise d'otages».

Or, certains pays arabes n’hésitent pas à sortir leurs chéquiers pour financer des mouvements terroristes comme en Syrie ou en Libye.

Belaiz a aussi appelé à l’organisation d’une conférence internationale, sous l'égide des Nations unies, en vue de débattre de la question du terrorisme et élaborer une convention sur ce fléau transnational. Une convention qui devrait notamment d’après lui «définir le terrorisme, de façon précise, de distinguer entre ce fléau transnational et ce qui est faussement attribué aux valeurs et principes religieux».

C’est dire que la 32ème session du Conseil des ministres de l'Intérieur arabes au delà des professions de foi risque de se limiter à des envolées lyriques sans lendemains.



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