Attendue par l'opinion publique eu égard à son poids politique passé, la position ou plutôt la non position du front des forces socialistes (FFS) par rapport à l'élection présidentielle a laissé tout le monde sur sa faim. Voici, résumé l'avis du FFS : Nous ne participerons pas, nous ne soutenons pas et nous ne boycotterons pas ! Il faut bien admettre qu'il s'agit d'une gymnastique politique de haut vol... !
Le front des forces socialistes, cher à Hocine Ait Ahmed, par cette position inédite, est tout simplement inclassable sur l'échiquier. S'il pense que la présidentielle n'est pas tout à fait une solution, il n'est pas pour autant contre le processus et par voie de conséquence contre Abdelaziz Bouteflika très probable successeur à lui-même.
Parce que boycotter, équivaut politiquement pour le FFS à disqualifier le scrutin. Il s'est alors gardé de ne pas s'attirer d'éventuelles mesure de rétorsion du pouvoir en le laissant organiser tranquillement l'élection sans faire de l'agitation. En l'occurrence le FFS s'est en quelque sorte mis en position <<vibreur>>. Pendre un peu distance par rapport à l'élection sans toutefois gêner le pouvoir. De fait, il s'agit d'une position négative à tous points de vue.
En politique il n y a pas de demi mesure. Soit on est contre un processus soit en s'y engage. Mais pour le coup, le FFS a décidé de tenir le bâton au milieu jetant ainsi ses militants dans le noir... A vrai dire, ce parti qui a connu une grande saignée dans ses rangs perd progressivement son autonomie. Le FFS originel dirigé de main maître par Hocine Ait Ahmed n'est plus que l'ombre de lui-même.
Orphelin de Hamrouche
A la place du discours politique radical et sans concession avec le pouvoir, ses nouveaux dirigeants collégiaux ont instillé un autre, sans relief voire soporifique, qui a déboussolé plus d'un militant. C'est, au bout du compte un faux suspens que ce parti a entretenu sur sa position. Les observateurs politiques avertis savaient depuis longtemps que le front a cédé... A travers ses appels incessants pour un "consensus national" avec le régime, l'ex parti d'opposition a acté son passage inexorable de l'autre côté de la barrière.
Et c'est un gâchis pour le paysage politique national et l'opposition démocratique en Algérie de perdre un parti de cette envergure historique. Les "arguments" tenus par le premier secrétaire du FFS Ahmed Betatache au terme de la réunion du conseil national, recoupent à s'y méprendre ceux déclinés par "l'ex futur" candidat Mouloud Hamrouche pour qui le scrutin ne réglerait rien avec ou sans Bouteflika.
"La démocratie ne sera pas au rendez-vous au lendemain des élections présidentielles du 17 avril prochain(...) "Nous sommes dans une République de décideurs où les élections ne sont qu'une formalité pour imposer leurs options" expliquait en effet M. Betatache. La conclusion coule de source : le FFS version direction collégiale, déjà orphelin d'Ait Ahmed a été déboussolé par... Mouloud Hamrouche.