RCD : Bureau Régional de Tizi Ouzou
Communiqué
Kabylie : après la déstabilisation, le chantage
Depuis quelques semaines, le ministre de l’intérieur et le directeur général de la sûreté nationale multiplient les visites à Tizi-Ouzou. Le premier résultat de cette soudaine attention est un « appel anonyme » à soutenir les services de police par une marche populaire !
La Kabylie vit depuis plusieurs années une situation d’insécurité larvée. Des assassinats commis par les gendarmes en 2001 sont restés impunis à ce jour. Les kidnappings, au nombre de 64 dont les auteurs se recrutent autant dans les rangs des terroristes que dans ceux du banditisme, et des rançons qui grèvent les capacités d’investissement des opérateurs tendent à se banaliser. Des décharges publiques à ciel ouvert se multiplient pendant que le pouvoir bloque un projet financé par le PNUD destiné à la protection de l’environnement.
La pression de cette insécurité conjuguée à une déstructuration réfléchie et programmée visent des objectifs précis : venir à bout de la résistance légendaire des citoyens de cette région et les soumettre à un pouvoir central despotique et clientéliste. Comme pour justifier cette politique, le ministre de l’intérieur déclare que ces crimes « sont des cas isolés ».
Il a fallu qu’une menace pèse sur l’intégrité de la personne du wali suite à une marche des étudiants, agressés dans leur campus, dirigée vers sa résidence pour qu’Alger décide d’un réaménagement des services de police.
Mais sur le fond, sa démarche est invariable. Maintenant sa stratégie de pourrissement, le pouvoir passe désormais à une autre forme de manipulations. Sa dernière stratégie consiste à faire pression sur la population pour choisir entre le banditisme qu’il structure et encadre politiquement depuis l’élection présidentielle de 2009 dans des comités de soutien à l’actuel chef de l’Etat ou un soutien sans réserve à l’intervention policière qui justifierait, demain, tous les dépassements qu’induirait inévitablement un surcroît d’autorité dans un Etat de non droit.
Le droit à la sécurité des personnes et des biens est inaliénable et représente la première mission d’un Etat digne de ce nom. Le chantage qui oblige le citoyen à choisir entre la délinquance et la soumission aveugle à la police est une manœuvre digne de la culture maffieuse du pouvoir.
La lutte contre la délinquance et l’insécurité suppose une démarche globale basée sur le respect des lois, la justice sociale et une politique économique créatrice de richesse. Le RCD reste convaincu que cela ne peut advenir sans le changement du système, préalable à l’instauration d’un Etat de droit dans lequel le rôle naturel de la police sera la protection du citoyen et non le renforcement et la couverture des abus du pouvoir.
Tizi Ouzou le 25 Mai 2011
Le Président du Bureau Régional
H.Maakni