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Le rapport alarmant du FMI sur les perspectives de l’économie algérienne 2020/2022

18-07-2018 20:00  Pr Abderrahmane Mebtoul

Le rapport  du mois de juillet 2018 du Fonds Monétaire International  interpelle les plus hautes autorités  qui doivent analyser avec lucidité les perspectives de l’économie algérienne  en fonction des contraintes internes et externes et ne plus naviguer à vue. En ce mois de juillet 2018, l’Algérie n’est pas au bord de l’effondrement contrairement aux vues de sinistrose. Mais il faut  être réaliste et ne pas verser dans la démagogie. La situation pourrait prendre une autre dimension et s’aggraver sans un changement sérieux dans le système de gouvernance s'adaptant tan aux nouvelles mutations  internes et mondiales. Il y a  une unanimité des experts nationaux et internationaux : le gouvernement doit se rendre à l’évidence : il manque de vision stratégique et  l’Algérie dans son ensemble  souffre du manque de prospectives. Le plus grand ignorant est celui qui n’écoute pas, qui croit tout savoir  devant approfondir la culture de la tolérance  et  privilégier les intérêts de l’Algérie et non les intérêts personnels.

1.-Le rapport du FMI de juillet 2018

 Pour le FMI  dans son dernier rapport reste confrontée à des défis importants, posés de la baisse des prix du pétrole il y a quatre ans . Les choix économiques risquent également de « compliquer la gestion macroéconomique, « nuire à la croissance » et « aggraver les risques pour la stabilité financière à moyen terme » En dépit d’un ajustement budgétaire important en 2017, les déficits budgétaire et du compte courant extérieur demeurent élevés. L’activité économique globale a ralenti, bien que la croissance hors du secteur des hydrocarbures soit restée stable. Les politiques  actuelles du gouvernement algérien selon le FMI  affaiblissent la résilience de l’économie au lieu de la renforcer. 

Aussi,  sans  réformes profondes , ces mesures risquent de conduire le pays dans l’impasse horizon 2020/2022. Malgré les mesure d’éponger une partie des liquidités injectées au moyen du financement monétaire, la Banque d’Algérie qui   a relevé le taux de réserves obligatoires de 4 % à 8 % en janvier et  repris ses opérations d’absorption en prenant des dépôts bancaires à sept jours  et envisageant  également une augmentation modérée du taux directeur, le  recours à la   planche à billets pour financer le déficit budgétaire  risque d’aggraver les déséquilibres, accentuer les tensions inflationnistes et accélérer la perte de réserves de changes. notamment par le recours  à la planche à billets pour financer le déficit budgétaire qui selon la banque d’Algérie, les montants prêtés au Trésor seraient de l’ordre de  5723,1 milliards de dinars à fin mars 2018.

Certes, la poussée inflationniste  n’a pas (encore) eu lieu et même la croissance devrait connaitre un net rebond cette année à 3%, contre 1,6% en 2017, mais  pour le  FMI le financement non conventionnel représentant  23% du PIB qui aura permis le financement au premier trimestre 2018,  pour près de 50% des crédits à l’économie au  secteur public aura aussi atteint ses limites à partir de 2020 avec des taux d’inflation ( risque de la dérive vénézuélienne )  et de chaumage  record risquant de dépasser 2020/2022 les 15% . Je cite le rapport du FMI : « l’augmentation de la liquidité va stimuler la demande, ce qui se traduira par une hausse des prix à court terme en raison de l’insuffisance de l’offre intérieure et des possibilités d’épargne. Dans le même temps, le durcissement des barrières à l’importation risque d’alimenter les pressions inflationnistes en réduisant l’offre – voire en débouchant sur des pénuries pour certains produits.

Les attentes en matière de salaire et de prix pourraient s’ajuster rapidement et se renforcer mutuellement. Les autorités pourraient alors se trouver obligées de recourir au financement monétaire au cours des années suivantes, ce qui risquerait d’entraîner l’économie dans une spirale inflationniste ». Le Fonds monétaire international conseille de « recourir à un large éventail d’instruments de financement, notamment l’émission de titres de dette publique au taux du marché, des partenariats public-privé, des ventes d’actifs et, idéalement, d’emprunts extérieurs pour financer des projets d’investissements bien choisis Une dépréciation progressive du dinar « combinée à des efforts visant à éliminer le marché parallèle des changes favoriserait aussi l’ajustement »,

2.-Deux facteurs stratégiques: la pression démographique et l’évolution des réserves de change

La population algérienne a évoluée ainsi :  1950   8,87 millions d’habitants - 1960 11,27, - 1970 14,69, -1980 19,47,  -1990 26,24,  -2010 à 37,06  -au 1er janvier 2016 , 40,61 -au 1er janvier 2017, 41,3 -au 1er janvier 2018, 42,4 millions d’habitants  et selon les extrapolations de l’ONS environ   51,026 millions 2030 et plus de 70 millions horizon 2050..  L’on devra  créer 350.000/400.000 emplois productifs  par  an avec un  taux  de croissance réel de 9/10% sur plusieurs années pour éviter de vives tensions sociales. Or, le  blocage  de l’investissement en Algérie  ne réside pas   en des changements de lois ou  d’élaboration de stratégies utopiques,  vision bureaucratique, comme on ne combat la sphère informelle  par des  mesures administratives autoritaires, mais en s’attaquant au fonctionnement de la société, devant nous orienter  vers une société participative et citoyenne.

D’où l’urgence d’un discours de vérité car les  réserves de change    ont évolué ainsi : 162,2 milliards de dollars en 2010, 182 en 2011, 190 en 2012, 194 en 2013, 180 en 2014, 144 en 2015, 114 en 2016.et  96 milliards de dollars (hors DTS) fin 2017 et hors réserves d’or, l’Algérie possédant 173 tonnes d’une valeur, au cours de l’once actuel, d’environ 7 milliards de dollars et allant vers 85/87 milliards de dollars  fin 2018 avec le risque d’épuisement 2021/2022.. Selon le FMI  en 2022,  les réserves de change permettront moins de 5 mois d’importation estimées  et en 2023  estimées à  12 milliards de dollars moins de  3 mois d’importation. La croissance devrait    ralentir très fortement dès 2020 en provoquant une augmentation du taux de chômage. Elle se traduira aussi par la persistance des déficits budgétaires et surtout des déficits externes qui vont éliminer progressivement toutes les marges de manœuvre dont  dispose l’Algérie.

Selon  le Fonds monétaire international (FMI) , l’Algérie avait besoin d'un baril à 87,6 USD pour atteindre son équilibre budgétaire en 2016 contre 60 dollars en 2007 , 80 dollars en 2009, 125 dollars en 2010 140 dollars en 2012,  110 dollars/baril en 2015, Pour 2017,  dans le cadre de la Loi de finance 2017, le  niveau est proche de 75 dollars sur la base des dépenses  et du déficit clôturé. Pour 2018, au vu du   de la Loi de finances complémentaire de 2018, approuvé le  5 juin 2018 , par le Conseil des ministres prévoit une enveloppe de 500 milliards dinars  supplémentaire ( environ 4,4 milliards de dollars) en autorisations de programme, de la dépense publique actuelle, des dépenses improductives, des subventions généralisées sans ciblage,  des surcoûts et une mauvaise gestion pour ne pas dire corruption, il faut un baril dépassant les 100 dollars, pour ne pas puiser les réserves de change  et éventuellement les augmenter.

Conclusion : Le retour à la confiance  et de la croissance dans le cadre des valeurs  internationales, condition de la stabilité politique, sociale et économique    

Pour relever les défis futurs, se projeter sur l’avenir, loin de tout populisme dévastateur, un une nouvelle gouvernance, un  langage de vérité et la moralité des gouvernants s’imposent. Il y va de la sécurité nationale. Avec  grande rigueur budgétaire, une meilleure gouvernance, un changement de cap de la politique économique actuelle, avec un baril entre 60/70 dollars, l’Algérie peut sens sortir, possédant   des atouts. L’endettement est faible, 20% du PIB, la dette extérieure 2,5% du PIB. Mais surtout l’Algérie  a besoin d’un retour à la CONFIANCE pour sécuriser son  avenir,  de s’éloigner  des aléas de la mentalité rentière,  de réhabiliter le travail et l’intelligence , de rassembler tous ses enfants  et   toutes  les forces  politiques, économiques et sociales, évitant la division sur des sujets secondaires,  d’apprendre à respecter  nos différentes sensibilités et donc  les opinions d’autrui, par la culture de la tolérance.    C’est ainsi que l’Algérie éternelle peut  réaliser, le serment   du 01 novembre 1954, un développement durable conciliant efficacité économique et une profonde justice sociale à laquelle je suis profondément attachée. [email protected]



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