Que vient faire donc le jeune Émir du Qatar en pleine campagne électorale en Algérie ? La question brûle les lèvres des observateurs politiques tant ce richissime émirat du Golfe n'est pas spécialement le meilleur ami de notre pays. Bien au contraire. Au plus fort de ce qui est convenu d'appeler le "printemps arabe", sans doute inspiré dans les laboratoires occidentaux, Doha a sorti ses milliards de dollars pour mettre en application ce chambardement de la géopolitique du monde arabe.
Le Qatar a en effet financé et armé des oppositions internes, en Tunisie, en Libye, en Egypte et en Syrie pour faire triompher, espérait-il les frères musulmans. S'il a pu "placer" Ennahda en Tunisie et plus tard Morsi en Egypte -encore que celui-ci a été déposé- l'émirat du Qatar aura surtout provoquer le chaos en Libye et en Syrie. Et il porte l'entière responsabilité de cette instabilité chronique sur fond de guerre civile qui fauche des dizaines de personnes.
Abstraction faite du désir légitime de ces peuples de s'émanciper du joug de leurs dépostes, le Qatar aura joué un rôle satanique dans les drames actuels dans ces pays. Il se trouve que la diplomatie algérienne était aux antipodes de celle de l'Emirat. Autant Doha voulait pousser son "printemps arabe" à son paroxysme pour avoir le beau rôle grâce à son fric, autant l'Algérie, était extrêmement réservée voire opposée à ces coups d'Etat téléguidés.
Au final, le temps aura donné raison à la diplomatie algérienne de ne pas trop compter sur les vertus "démocratiques" d'un Qatar précisément anti démocratique chez lui.
Mauvais calculs
Le nouvel Émir a peut être compris qu'il est temps de faire revenir son pays à sa "taille" naturelle et de ne pas s'ériger en donneur de leçons aux nations autrement plus grandes et plus pérennes que son Émirat. Et de ce point de vue là, le Cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani arrive aujourd'hui en Algérie plus dans la peau de quelqu'un qui demande l'aide que celui de donneur d'ordre comme son père et son bouillon ex ministre des affaires étrangères Hamed Bin Jassem le faisaient au faite de leur puissance.
Il est en effet clair aujourd'hui que l’Émirat du Qatar est très mal vu de partout. Le fait est qu'il est en conflit avec ses frères du conseil de coopération du Golfe (CCG), en opposition avec les nouvelles autorités d'Egypte et plutôt indésirable en Tunisie. Et son Émir sait bien que l'Algérie malgré les tensions d'avant pouvait pardonner les outrances de Doha de ces dernières années. En contre partie, il pourrait éventuellement sortir son chéquier pour financer quelques investissements histoire de renvoyer l'ascenseur.