Le Docteur Mahmoud Boudarène est psychiatre et ancien député. Il a déjà publié deux livres. "Le stress entre bien-être et souffrance" est paru en 2005, aux éditions "Berti", à Alger. En 2012, il a fait paraître "L'action politique en Algérie, un bilan, une expérience et le regard du psychiatre" aux éditions "Odyssée" à Tizi Ouzou. Son troisième ouvrage intitulé "La violence sociale en Algérie, comprendre son émergence et sa progression" sortira ce mois de septembre, aux éditions algéroises "Koukou". Nous avons profité de la publication prochaine de son livre pour recueillir le "diagnostic" du docteur Boudarène concernant ce thème de la violence sociale, un fléau qui préoccupe aussi bien les théoriciens nationaux, les praticiens du terrain que les politiques.
Pour le docteur Boudarène, "l'histoire tourmentée de notre pays et la violence qui a prévalu ces 20 dernières années, la pauvreté grandissante du peuple et les inégalités sociales, l'injustice, la "hogra", la corruption à tous les échelons de la société et la sphère du pouvoir, et aussi la nature du système politique qui a pris possession du destin national depuis l'Indépendance, sont les principaux éléments dont il faut tenir compte pour bien comprendre le pourquoi de la violence dans notre pays".
Selon l'analyse du praticien, "les privations durables, les frustrations répétées, quand elles sont notamment associées à une immaturité psychologique, font naître chez certains individus, une rancune tenace qui les font se détourner des valeurs qui fondent le sentiment d'appartenance à la société (et de ses mécanismes traditionnels de régulation) pour les renvoyer à la merci de leurs instincts. Il mutent alors du rang de citoyens en êtres antisociaux".
"La violence faite aux femmes, dans leurs familles et plus généralement dans la société algérienne", constitue également, d'après le constat du docteur Boudarène, "un très grave problème".