Les objurgations médiatiques du MPS, un parti en mal de posture, contre la participation de l’Algérie au défilé du 14 juillet et la réserve toute discrète d’Abadou, le patron de la puissante organisation des moudjahidines, qui s’était exprimé en « son nom personnel » n’ont pas fait changer d’avis au président Bouteflika qui a pris sur lui de faire participer l’Armée algérienne au défilé du 14 juillet sur la plus belle avenue du monde.
A travers cette participation, somme toute symbolique, et à l’invitation du président François Hollande faut-il le souligner, le chef de l’Etat algérien voit d’abord « un hommage rendu par la France aux victimes algériennes de la première guerre mondiale ». Elles dépasseraient les 20.000, selon des statistiques françaises.
Plus que l’hommage et sa dimension mémorielle, il s’agit de la part de la France, comme l’écrit le président Bouteflika dans son message, d’une reconnaissance des « sacrifices du peuple algérien et son attachement aux idéaux de liberté qui lui ont permis de recouvrer chèrement son indépendance et sa souveraineté et de participer au recouvrement de la liberté du peuple français ».
Et cette reconnaissance aujourd’hui, c'est-à-dire à la veille de la célébration par l’Algérie du 60e anniversaire du déclenchement de la Révolution, est suffisante aux yeux du président Bouteflika pour donner un nouveau souffle aux relations entre Alger et Paris et les arrimer aux enjeux du futur.« Cette reconnaissance des sacrifices du peuple algérien nous conforte dans notre élan partagé de construire, entre nos deux pays, un partenariat d'exception qui répond à nos intérêts mutuels et aux attentes de nos deux peuples", plaide encore le président Bouteflika dans son message.
De souligner aussi la part du président Hollande dans cette volonté commune de soustraire les relations bilatérales aux démons du passé mais sans occulter pour autant le devoir de mémoire. "Depuis votre visite d'Etat en Algérie, en décembre 2012, nous avons su éviter les clivages suscités par un passé douloureux, en ouvrant tous les dossiers liés à la mémoire commune de nos deux peuples, dans un esprit constructif qui, j'en suis certain, permettra de consolider nos relations dans tous les domaines", poursuit le chef de l’Etat algérien dans on message qu’il conclut en présentant au nom du peuple et du gouvernement algérien et son nom personnel « nos chaleureuses félicitations et mes souhaits de voir la France réaliser, sous votre conduite, davantage de progrès et de prospérité ».
Il va de soi que le souci permanent du président Bouteflika d’établir des relations « normales » avec la France ne sera pas du goût d’une partie de la classe politique algérienne qui a fait de la demande de pardon de la part de l’ex puissance coloniale un fond de commerce. Pour avoir été un des artisans de la Révolution, le président Bouteflika est pleinement légitime et fondé dans sa démarche pour ouvrir une nouvelle ère dans les relations entre Alger et Paris.