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Le pouvoir joue la "transparence"

10-03-2014 14:01  Rafik Benasseur

En décidant d'inviter toutes les organisations, régionales continentales et internationales pour l'observation et la supervision des élections de présidentielles, le pouvoir veut sûrement signifier qu'il n'a rien à cacher. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, en visite en Egypte a ainsi précisé que toutes les organisations internationales dont l'Algérie est membre vont envoyer des missions d'observation de l'élection présidentielle du 17 avril prochain.

Bien que ces missions n'auront pas pour tache de surveiller le scrutin compte tenu du nombre insignifiant de représentants par rapport à l'immensité du territoire national, leur présence est tout de même un bon signe. Les superviseurs de l'Onu et de l'union européenne notamment vont ainsi pouvoir juger et jauger de la transparence du scrutin, de l'égalité des chances pour tous les candidats.

Abstraction faite des représentants de l'Union africaine, de l'OCI et de la ligue arabe dont le travail de supervision est sujet à caution, la présence de "personnalités internationales indépendantes" évoqué par Ramtane Lamamra pourrait conférer au scrutin un relatif préjugé favorable en terme de régularité. Mais faut-il croire que l'élection sera véritablement libre et transparente ? Pas sûr compte tenu des expériences passées où l'on a vu les partis et les candidats adoubés par le régime clairement avantagés notamment en matière de couverture médiatique.

Il a été aussi souvent constaté que le candidat Bouteflika jouit de tous les moyens matériels et logistiques de l'Etat contrairement à ses concurrents. Aussi, les organismes et structures publiques et privés ainsi que les syndicats sont-ils mis à contribution pour donner de la voix au candidat du régime. C'est à ce niveau que l'observation des élections pose problème. Tous les candidats ne partent pas à chances égales.

Observer mais pas contrôler

Quand on entend qu'un homme d'affaires lié au clan présidentiel s'employer à organiser une opération de levée des fonds pour le candidat Bouteflika à coup de milliards, il ne faudrait pas s'étonner des résultats. Ceci, d'autant plus que cet homme d'affaires rafle tous les projets d'infrastructures publics mis sur le marché. Cela s'apparente forcément à un renvoi d'ascenseur via l'argent public entre l'autorité politique et les milieux d'affaires.

Il n' y a qu'a voir le chantage exercé par certains entrepreneurs affiliés au forum des chefs d'entreprises (FCE) qui mangent dans la main de l'Etat, pour faire adopter une motion de soutien au candidat Bouteflika. C'est dire que le gouvernement à beau faire appel aux observateurs de tous les pays du monde, ce genre de pratiques disqualifie l'honnêteté du scrutin.

Ajoutez le fait que ces observateurs notamment européens ont essuyé un niet catégorique à leur requête de mettre à leur disposition le fichier électoral au prétexte que cela constituait une "atteinte à la souveraineté nationale"... Tout compte fait, les observateurs étrangers vont se limiter uniquement à... observer.

Le pouvoir lui, tient à jouer (au propre et au figuré) la carte de la "transparence".



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