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Le pouvoir joue avec le feu du… MAK

20-04-2015 17:52  Rafik Benasseur

Le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) a encore fait parlé de lui en ce 35ème anniversaire du printemps berbère de 1980. Ses effectifs qui se recrutent parmi les lycéens et les étudiants grossissent chaque année un peu plus face au discrédit des partis politiques mais surtout de l’Etat qui n’arrive pas à prendre ses responsabilités vis-à-vis de Tamazight.

Aujourd’hui à Tizi Ouzou, cœur palpitant de la Kabylie, les milliers de «Makistes» qui ont marché en plein centre ville avec leurs banderoles, leurs slogans autonomiste voire auto déterministes et leurs attirails de circonstance donnaient l’impression d’être en territoire acquis et conquis.

N’ayant pas d’existence légale, le MAK s’impose pourtant comme la principale force de mobilisation en Kabylie où les autorités préfèrent le laisser faire au lieu de se mettre à son travers de sa route.

Mais au fil, des mois et des années, il y a un risque de voir toute la région basculer de façon irrémédiable dans ce mouvement qui produit un discours radical qui fait souvent mouche. Les MAKistes ont beau jeu en effet d’embrayer sur le désinvestissement en Kabylie, de la persistance du terrorisme alors même que la région est censée être idéologiquement imperméable.

Ma(r)quer son territoire

Pour avoir discrédité les partis implantés en Kabylie, disqualifié la pratique politique, le pouvoir a indirectement accouché d’un monstre dont il lui sera difficile de se débarrasser. Ceci d’autant plus que l’adhésion sans cesse croissante de la population locale désabusée rend la tache autrement plus difficile de regagner sa confiance.

La situation en Kabylie est simple : face à un pouvoir autiste qui tourne le dos économiquement, et culturellement à la région, les citoyens se tournent naturellement vers les leaders autonomistes voire indépendantistes qui leurs promettent monts et merveilles sous l’étendard du MAK.

Il est une réalité que seuls les aveugles ne veulent pas admettre : le discours du mouvement pour l’autonomie de Kabylie passe de mieux en mieux chez de larges pans de la société notamment les jeunes.

Il amuse et mobilise

Le MAK s’est offert tous les attributs d’un Etat en proposant un emblème à la Kabylie, et tenez vous bien, un hymne et une carte d’identité biométrique !

Le constat peut prêter à sourire pour certains. Mais ça ne fait pas rire ces milliers de kabyles, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes qui ont battu le pavé aujourd’hui à Tizi Ouzou, Bejaia et Bouira.

Et pendant ce temps, l’on hésite encore à donner un statut officiel à Tamazight qui figure comme une revendication cardinale du MAK. Tout se passe comme s’il y a des milieux qui encouragent ce mouvement, pacifique soit dit en passant, à élargir ses troupes et gagner du terrain pour imposer le fait accompli.

Et si ce plan machiavélique venait à se confirmer, le danger viendrait alors de l’intérieur et non pas de l’extérieur comme veuille le faire croire la propagande officielle.

Parce que, en Kabylie, le MAK n’amuse pas la galerie, il la mobilise au grand dam d’une population qui n’a pas trop le choix…



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