Il y a 11 ans, à un mois près, en septembre 2005, un membre de la famille de Anwar Haddam, ancien président de la délégation du FIS dissous à l'étranger et qui vivait aux USA depuis mars 1992, prit contact avec moi du fait que je collaborais, à cette époque, à un grand quotidien national et il m'informa que ce dernier souhaitait rentrer en Algérie et cherchait un contact à Alger pour faire passer ce message.
Par le biais d'une connaissance, et uniquement en tant que simple courroie de transmission, je pris l'initiative de faire parvenir cette information. Le 20 septembre 2005, Abdelaziz Belkhadem, qui était alors ministre d'Etat sans portefeuille, au nom du Président de la république, prit attache avec l'exilé de Washington et, apparemment, un accord fut trouvé puisque le vendredi 21 octobre 2005, Anwar Haddam m'adressa directement un communiqué de presse pour annoncer son retour en Algérie huit jours plus tard, soit le samedi 29 octobre.
En prenant connaissance de son mail rédigé initialement en arabe puis traduit en langue française par ses soins et à ma demande, je me rendis compte qu'il y avait un problème ! Anwar Haddam, dans ce texte qu'il signait en tant que "député du FIS de Tlemcen" , annonçait ni plus ni moins que la tenue d'une conférence de presse dès sa descente d'avion à l'aéroport Houari Boumediene, et ajoutait entre autres qu'il voulait "agir en faveur de la préservation des droits élémentaires de la citoyenneté, sans ségrégation ni exception aucunes, y compris en ce qui concerne le frère Ali Benhadj et le cheikh Abassi Madani " .
C'est alors que Anwar Haddam m'appela au téléphone et j'ai eu l'étrange sentiment, en l'écoutant presque un quart d'heure, que sa vie s'était arrêtée définitivement comme figée le jour du 11 janvier 1992, date de l'arrêt du processus électoral. Son allié proche, pour essayer de débloquer la situation, me fit comprendre alors que Anwar Haddam vivait loin des nouvelles réalités du pays et que je pouvais "alléger" le communiqué de presse de manière à le rendre plus "acceptable". Mais un quotidien arabophone reçut également le texte et le publia in extenso !
Le mardi 25 octobre suivant, Anwar Haddam me fit parvenir un nouveau communiqué (ainsi qu'au journal arabophone) dans lequel il révèle que le dimanche 23 octobre, à 7h30 du matin, un responsable de l'ambassade d'Algérie à Washington, qui représente "un organe officiel au pouvoir algérien ", le contacta pour lui signifier la décision de ses supérieurs d'annuler son retour en Algérie !
Lundi 24 octobre, dans l'émission "Questions de l'heure " diffusée sur la chaîne 3 de la radio nationale, Abdelaziz Belkhadem reconnut avoir pris contact avec des ex-dirigeants du FIS dissous à l'étranger et a pris le soin de préciser qu'il ne "sera jamais question de revenir à la case départ, c'est-à-dire au début des années 90 !" . " Estimant nécessaire de clarifier les choses pour que les gens prennent leurs responsabilités", Abdelaziz Belkhadem a rappelé que "la charte de la réconciliation nationale prévoyait la possibilité de gracier les personnes condamnées par contumace et Anwar Haddam en fait partie!".
Il a en outre expliqué la raison essentielle de ces contacts avec les ex-dirigeants du FIS dissous qui se trouvaient à l'étranger : "si celui-ci rentre, il n'est pas exclu que celui-là qui a encore l'arme dans le maquis puisse la déposer et rentrer !" Pour de nombreux Algériens, le nom de Anwar Haddam est rattaché à la revendication, qu'il a plus tard démentie, du massacre du boulevard Amirouche à Alger, le 30 janvier 1995 .
En 2015, Anouar Heddam, revient à la charge et dit vouloir rentrer en Algérie et bénéficier des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.
“J’annonce à nouveau mon souhait de revenir dans mon pays volontairement, dans le cadre de la réconciliation nationale, en jouissant de tous mes droits civiques et politiques que consacrent les lois de la République à tous ses citoyens”, écrit-il dans un communiqué rendu public le 4 févfrier 2015. Mais cette fois-ci silence radio des autorités.