Les alertes, précédemment sonnées par le patron de Sonatrach, puis par le ministre du commerce au sujet de l’impact de la contraction de la demande pétrolière sur l’économie algérienne, sont confirmées lundi par le gouverneur de la Banque d’Algérie. Et chiffres à l’appui, en présentant le rapport trimestriel sur la situation financière du pays. En effet, Mohamed Laksaci, ne fait pas dans l’euphémisme et affirme à ce propos que l'économie algérienne est face à un choc externe similaire à celui de 2009. Une baisse substantielle de la balance des paiements est soulignée par Laksaci.
La balance des paiements de l'Algérie qui traduit la viabilité de son économie, s'est affichée en baisse à 846 millions de dollars à fin mars 2013 contre 4,1 milliards (mds) de dollars durant la même période de 2012. "En référence au 1er trimestre 2009 (début de la crise financière internationale), cela peut s'interpréter comme un choc pour la balance des paiements extérieurs en 2013", démontre t-il. Faisant parler encore les chiffres, le gouverneur a précisé que le prix de pétrole a fléchi de 5,70% au cours du premier trimestre, en plus d'un recul des quantités d'hydrocarbures exportées (-8,86%). Résultat : cette baisse des prix de brut a sensiblement réduit les recettes d'hydrocarbures de l'Algérie de plus de 3 mds de dollars rien que pour le 1er trimestre 2013 où elle se sont chiffrées à 17,53 mds de dollars contre 20,37 mds de dollars durant la même période de 2012, soit une contraction de 13,9%, selon les mêmes chiffres de la Banque d'Algérie.
Mohamed Laksaci pointe un autre paradoxe : la baisse en quantité et en valeur des exportations pétrolières a impacté négativement la balance commerciale du pays, alors que les importations ont poursuivi leur tendance à la hausse durant le premier trimestre, couplées à une faiblesse des exportations hors hydrocarbures qui ont atteint la modeste somme de 319 millions de dollars. L'un des rares éléments positifs de la balance des paiements est l'importation de services, hors revenus des facteurs, qui a diminué de 10,5% durant le premier trimestre. "Cette situation n'est pas soutenable d'autant qu'elle présente une vulnérabilité pour la balance des paiements", prévient le gouverneur de la Banque d’Algérie qui tempéré néanmoins son propos en rappelant : « Nous ne sommes qu'au premier trimestre, attendons le reste de l'année".
Concernant les réserves de change, celles-ci s'affichaient stables à fin mars 2013 à 189,7 milliards (mds) de dollars contre 190,6 mds de dollars à fin décembre 2012, plombées justement par la baisse "substantielle" de la balance des paiements qui a freiné leur évolution. Les réserves de change de l'Algérie, or non compris, ont subi l'effet "d'une baisse substantielle" de la balance des paiements, dont le solde global s'est chiffré à seulement 0,846 md de dollars au premier trimestre 2013 contre un excédent de 4,164 mds durant la même période de 2012, a encore révélé le gouverneur.
Le recul de la balance des paiements a en effet entraîné des flux de réserves modestes de 846 millions de dollars qui ont alimenté les avoirs de l'Algérie en devises étrangères, a-t-il détaillé. "Avec le flux de réserves et l'effet de valorisation négatif, l'encours des réserves est resté stable à fin mars 2013", a commenté M. Laksaci lors du point de presse qui a suivi la présentation de la note de conjoncture.
Pour autant, la gestion prudente des réserves officielles de change, prôné par la BA, a permis à l'Algérie de dégager "un niveau de rendement acceptable" en dépit de la persistance de l'environnement de faibles taux d'intérêts mondiaux, selon le gouverneur de la BA qui a précisé qu’à fin mars 2013, les emprunts publics à 10 ans aux Etats-Unis affichaient un rendement de 1,9% contre 1,4% pour les titres publics allemands de même maturité. Il ne fournira pas cependant les montants. Mohamed Laksaci rappellera enfin que les investissements effectués par la BA dans les titres souverains des pays de la zone euro portent sur les titres les moins risqués, alors que les dépôts sont orientés plus vers les banques centrales pour endiguer tout risque de contrepartie.