La tension sur le marché de l'huile persiste et prend même de l'ampleur au fil des jours. En témoignent ces images ubuesques qui enflamment les réseaux sociaux où l'on voit des citoyens jouer des coudes et des épaules devant une grande surface à Sétif en vue d'obtenir un bidon du précieux liquide.
Sur d'autres images ont voit un citoyen empiler plusieurs bidons d'huile dans son caddie , expliquant benoîtement que "les prix vont doubler" par "la faute des spéculateurs"
A la vue de ces images qui n'est pas sans nous rappeler les tristes années des pénuries à la fin des années 80, quand le pays était en faillite financière, on se pose la question de savoir comment le gouvernement compte s'y prendre pour en finir avec cette crise de l'huile qui risque d'être la goutte de l'huile qui fera déborder le vase, à quelques jours du mois de Ramadhan, période où ce produit est fortement demandé par les ménages mais aussi par les fabricants de Zlabia.
Pour le moment, c'est le statut quo sur fond d'échange d'accusations entre les différents intervenants de la filière qui se rejettent la responsabilité de la tension, attisant du coup la colère des citoyens qui n'en peuvent plus face aux augmentations sauvages qui touchent aussi plusieurs produits de base.
Issad Rebrab, président du groupe agroalimentaire CEVITAL est intervenu hier , lors de son passage au siège de l'AGEX pour rassurer que ses unités tournement à plein régime et que le stock actuel correspond à 130% des besoins du marché.
Pourquoi alors cette tension, malgré une disponibilité du produit, comme a tenu à rassurer le patron du premier groupe agroalimentaire national qui s'exprimait en présence du ministre du Commerce?
Si Issad Rebrab s'est bien gardé d'accuser quelque partie que ce soit, Khaled Belbel président de la Fédération nationale de l'agroalimentaire (FNA), pointe du doigt les commerçants de détail qui seraient selon lui à l'origine de la tension actuelle, en refusant de s'approvisionner chez les producteurs.
Un responsable des commerçants de détail, qui s'est exprimé lundi sur Ennahar TV, rejette les accusations portées contre sa corporation, expliquant que l'imposition de la facturation réduit considérablement leur marge bénéficiaire .
Ajoutant aussi que "le producteur a répercuté automatiquement l'augmentation des prix de la matière première sur le marché mondial et la dévaluation du dinar sur le prix de vente au détail, il faut que cette augmentation soit partagée entre les différentes parties".
Face à cet échange d'accusations entre les différents acteurs de la filière, le Gouvernement donne l'impression d'assister en spectateur impuissant, incapable d'exercer son pouvoir de puissance publique par rapport à une crise qui risque à tout moment de dégénérer, dans le contexte de tensions tous azimuts que vit l'Algérie.
Il appartient désormais au Premier ministre, face à l'impuissance de son ministre du Commerce, de prendre les choses en main, en convoquant en toute urgence, producteurs, distributeurs, commerçants de détails, association des consommateurs pour les aider à trouver un accord qui puisse permettre au pays de sortir du goulot de la bouteille...d'huile.