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Le FMI ( février 2015) concernant l’économie algérienne: réaliser la transition d'une économie concurrentielle hors rente par de profondes réforme

13-02-2015 14:23  Khidr Ali

Le directeur du département du Moyen-Orient et Afrique du nord au FMI, Masood Ahmed en affirmant  le 12 février 2015 que l’Algérie est beaucoup mieux préparée et sa position est plus forte par rapport aux années 1980 pour faire face aux chocs externes liés à la chute des cours mondiaux de brut,  a raison.  L’Algérie  a une dette très faible  et des réserves de change. Mais c’est  une condition nécessaire mais non suffisante pour le FMI. Aussi, pour  éviter les mêmes effets négatifs, cela   suppose un changement  de politique socio-économique renvoyant à des facteurs tant économiques, sociaux que politiques, objet de cette présente contribution

1.- Le directeur du département du Moyen-Orient et Afrique du nord au FMI, Masood Ahmed a mis en garde les autorités algériennes  contre  cette mentalité dépensière  et a recommandé d’aller vers de profondes réformes structurelles afin d ‘éviter  le  creusement du déficit budgétaire et de la balance des paiements sous l’effet de la hausse des dépenses publiques et des importations. Selon le FMI,  le prix d’équilibre  du baril permettant d’assurer un équilibre budgétaire, est estimé à 120 dollars, soit l’un des plus élevés au monde. Il  met en garde  trace des perspectives  notamment une baisse des recettes des hydrocarbures combinée à une dérive de la masse salariale et à la généralisation  des subventions  et transferts sociaux qui absorbent  près de 30% du produit intérieur brut.  Selon le Ministre de l’Energie, la consommation intérieure entre 2013/2014 est de l’ordre  de 35 milliards  de mètres cubes de consommation intérieure, l’Algérie étant des un pays au monde qui subventionne le plus les carburants, allant    au rythme de la consommation et des prix actuels  vers 75/80 milliards horizon 2030  et un quadruplement horizon 2040  soit 140 milliards de mètres cubes gazeux  devant produire, et en appliquant uniquement un taux  de 30% de réinjection 182 milliards de mètres cubes gazeux uniquement pour la production intérieure. Ce d'autant plus que l’extrapolation d'exportation de 85/100 milliards de mètres cubes gazeux  est incertaine. Selon les rapports de Sonatrach, entre le GNL et le GN, les exportations en volume physique  ont été 59,7 milliards de mètres cubes gazeux en 2009  et 57,3 en 2010. En 2011, l’Algérie a exporté 35,7   en GN et 16,4 milliards de mètres cubes gazeux en GNL soit 52,1 ;  en 2012  environ 37,3  de GN et 14,5 milliards de mètres cubes gazeux en GNL, soit au total 51,8 milliards de mètres cubes gazeux ;  en 2013 environ 32,7 en GN et 16,5 milliards de mères cubes gazeux en GNL soit 49,2 milliards de mètres cubes gazeux. Pour 2014, nous avons   16,8 milliards  mètres cubes gazeux de GNL  et  27 milliards de mètres cubes gazeux  de GN, donc   43,8 milliards  de mètres cubes gazeux  soit une baisse  de 16,75% par rapport à 2009.  Pour le transport canalisation, nous avons  Transmed via Italie dont la capacité  a été portée fin 2012 selon les déclarations officielles  à  33 milliards de mètres cubes gazeux/an et Medgaz , via Espagne d’une capacité  de 8 milliards de mètres cubes gazeux/an,   une sous utilisation  des capacités des  exportations par canalisation  d’environ 65% : le problème est posé face à la forte demande intérieure : concurrence, hausse des coûts,  baisse de la  demande internationale notamment européenne ?   Ces remarques   confortent  mes analyses largement publiées au niveau local et international depuis plus de dix  années (voir www.google.com), à savoir qu’il faille bien utiliser les réserves de change estimées à 190 milliards de dollar y compris les  173 tonnes d’or  , l’Algérie ayant puisé en 2014 près de 8 milliards de dollars.

2.-.C'est que les augmentations répétées des traitements et salaires ave la dominance des emplois administratifs n'ont pas entraîné une hausse de la productivité  qui est  une des plus faibles au niveau du bassin méditerranéen, les subventions servant de tampon social afin d'éviter un taux d'inflation à deux chiffres. Mais attention de ne pas se tromper de cibles en ayant une stratégique globale et de ne pas s'attaquer uniquement aux salaires. L'attention doit être également du côté des revenus spéculatifs du fait qu'une minorité capte une grande fraction de la rente assistant à une concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité non les producteurs de richesses.  Cela rejoint le rapport  du Forum économique mondial (WEF)  qui révèle que fortement secoués depuis deux ans par des crises politiques à répétition, les pays d'Afrique du Nord, dont fait partie l'Algérie, sont à l'aube d'une crise majeure et sont une source d'inquiétude, ces pays traversant une crise morale du fait du manque de valeurs au niveau du leadership. Le fossé entre les riches et les pauvres devient de plus en plus grand et tandis que l'écart de revenus renforce les inégalités en matière de richesse, l'éducation, la santé et la mobilité sociale sont toutes menacées. L'étude met en garde contre les conséquences pernicieuses du chômage. Une génération qui commence sa carrière dans un désespoir complet sera plus encline aux politiques populistes » alors que « l'ampleur de la récession mondiale et le rythme du rétablissement ont laissé des cicatrices profondes, spécialement parmi la jeunesse et qu'il y a maintenant un consensus croissant selon lequel la région Mena, Proche-Orient et Afrique du Nord est à l'orée d'une période d'incertitude croissante. C’est que l'économie algérienne est fortement dépendante des fluctuations du cours des hydrocarbures. Après plus   de 50 années d'indépendance, en 2015, Sonatrach est l'Algérie et l'Algérie est Sonatrach ; 70% du pouvoir d'achat des Algériens dépendant de cette rente. Au sein de l'économie algérienne, 98% des exportations du pays sont issues des seuls hydrocarbures et important environ 70-75% des besoins des ménages et des entreprises publiques, dont le taux d'intégration ne dépasse pas les 15%. Sonatrach a généré 760 milliards de dollars de recettes en devises entre 2000 et 2014, selon ses bilans  et ayant importé environ 560 milliards de dollars durant la même période  somme colossale  incluant certainement des surfacturations, le solde étant le montant actuel   des réserves  de change. Ainsi pour 2014, l’Algérie a importé 60 milliards de dollars de biens, plus 12 milliards de dollars et services  et en incluant les transferts légaux de capitaux  de 5 à 7 milliards de dollars , les orties de devises s’orientent  vers 80 milliards de dollars. Or Sonatrach en 1974 selon les données officielles  a généré 58/59 milliards de dollars à un cours moyen 2014  de 90 dollars. A 60 dollars le baril les recettes de Sonatrach ( une baisse d’un dollar occasionnant en moyenne une perte moyenne  de 600 millions de dollars, le prix de cession du gaz étant indexé sur celui du pétrole) aurait une recette de 40 milliards de dollars et à 70 dollars  45/46 milliards de dollars Continuer dans cette voie suicidaire sur la  base de 120/130 dollars , une sorties  de devises   de 80 milliards de dollars et des recettes fluctuant entre 40/50 ne peut qu’amener à terme à l’épuisement  du fonds de régulation des recettes dans moins de deux années  et  des réserves de change  horizon 2020.Environ   80-83% de ces réserves sont   placées en majorité en bons de trésor américains et en obligations européennes à un taux fixe fluctuant entre 2,25 et 3%, réserves, donc placées à moyen  et long  terme, puisque le taux de court terme approche zéro. Or, le montant  des réserves de change  maintient  la cotation actuelle officielle du dinar 107 dinars un euro contre une cotation approchant 160 dinars sur le  marché parallèle. Cela est la conséquence de la sphère informelle qui contrôle plus de 50% de la superficie économique  et pousserait à l’inflation.   Des réserves de change de 20/30 milliards de dollars donneraient une cotation sur le marché parallèle du dinar  entre 300/350 dinars un euro, conduisant  à l’inflation. On   le constate  avec le dérapage du dinar par rapport au dollar actuellement qui conduit à gonfler les recettes en dinars  voilant ainsi le réel déficit budgétaire (accroissant la fiscalité hydrocarbures)  et gonflant artificiellement le fonds de régulation des recettes. Cela ne peut que conduire à terme  au  relèvement des salaires (spirale inflationniste),  le relèvement des taux d’intérêts des banques primaires  freinant l’investissement et ce  en cas de non dynamisation des sections hors rente,

3.-Aussi la  stabilisation macro-économique actuelle  est relative : le taux d'inflation est comprimé par les subventions généralisées et non ciblées source de gaspillage avec la prédominance des emplois rentes à très faible valeur ajoutée (plus de deux millions de fonctionnaires) et une dépense publique sans précédent depuis l'indépendance politique de  plus de 700 milliards de dollars entre 2004 et 2014 (parts budget fonctionnement  et équipement) . Certes, les restes à réaliser sont importants (divorce entre les objectifs et les moyens de réalisation), tout n’ayant pas été dépensé, mais aucun bilan réel à ce jour. Toutefois, il existe ce paradoxe, un PIB algérien qui reste modeste, estimé par le FMI en 2013 à 216 milliards de dollars en 2013 contre 209 en 2012 mais 80% avec les effets indirects provenant des hydrocarbures,  la croissance du  BTPH l’étant par la dépense publique via les hydrocarbures. Pour une population d'environ 38 millions d'habitants, en 2013, le PIB algérien représente 0,29%  du PIB mondial. Entre 2000 et 2014, le taux de croissance moyen n'a pas dépassé les 3% alors qu'il aurait dû être de plus de  10% témoignant de la mauvaise allocation des ressources, de la non-maîtrise de la gestion pour ne pas dire corruption. Cette faiblesse de la croissance (le BTPH étant un moyen)  est due à la part négligeable des sections hors hydrocarbures. L'industrie représente moins de 5% du produit intérieur brut montrant le dépérissement du tissu productif. La dernière enquête de l'ONS montre la dominance des micro-unités peu initiées au management stratégique et aux nouvelles technologies, environ 97%, le petit commerce services qui représentent 83% du tissu économique, et la sphère informelle, notamment marchande plus de 50% de la superficie économique. Pour le FMI, la détérioration du climat des affaires freine les investissements productifs, les créateurs de richesses, notamment  le secteur privé, la bureaucratie paralysante, un système financier inadapté, une baisse du niveau de l'éducation du primaire au supérieur, l'éducation ne collant pas avec l'environnement (plus de 1,5 millions d’étudiants sortiront des universités vers 2017) et l'épineux problème du foncier. En résumé, sans une révision de l'actuelle politique socio-économique, l'Algérie va droit au mur avec des tensions sociales de plus en plus aiguës. D’où l’importance   d’aller vers un Mix énergétique combinant plusieurs sources d’énergie qui constitue le cœur de la sécurité nationale. Mais le problème central  stratégique pour l’Algérie  entre 2015/2025, est de réaliser la  transition d’une économe de rente à une économie hors hydrocarbures, fondée LE SAVOIR, des entreprises compétitives  et la bonne gouvernance, devant privilégier des co-localisations et des co-partenariats gagnants/gagnants s'insérant dans le cadre des valeurs internationales dont son espace naturel est l'espace euro-méditerranéen et africain, le  Maghreb pont entre l'Europe et l'Afrique qui devrait tirer la croissance de l'économie mondiale à l'horizon  2020/2030.

Professeur  des Universités, Expert International en management stratégique, Dr Abderrahmane MEBTOUL [email protected]



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