Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, arrivera mardi prochain en Algérie pour sa toute première visite. Pour un ministre français de la défense ce n’est pas très courant de venir en ce sens que l’Hexagone n’est pas le partenaire privilégié de l’Algérie.

Forcément, on se demande quel sera l’ordre de mission de Le Drian qui a pour habitude de se déplacer plutôt dans les sables mouvants du Sahel et de l’Afrique francophone, le pré carré de la France. Qu’est ce qui vaut donc à l’Algérie cet «honneur» de recevoir deux jours durant le ministre français de la défense ?

Officiellement on évoque la «coopération sécuritaire» entre Alger et Paris. Mais ce n’est qu’une qualification générique pour désigner le bourbier du Sahel où les pieds du Serval français semblent s’enfoncer dans le sable du nord malien. La France qui a tenté la campagne malienne presque en solo pour chasser les terroristes qui marchaient vers Bamako et bien sécuriser les routes de son uranium au Niger, se rend compte que la mission est bien plus difficile pour se contenter d’un félin fut-il un Serval.

Jean-Yves Le Drian a pensé à juste raison qu’il a besoin d’un fennec même si ce petit animal a la particularité d’être presque inoffensif. Mais, la nuit tombée, ses longues oreilles lui permettent d'entendre les plus petits bruits que font ses proies.

Le Drian prend conseil à Alger

Et ce n’est pas rien pour les troupes françaises au nord du Mali qui cherchent désespérément un signe de vie ou de mort des troupes du MUJAO et d’Aqmi. C’est que au Mali, l’armée française s’est rendue compte sur le tard que la lutte contre les mouvements jihadistes n’obéissent pas forcément aux mêmes règles et tactiques des guerres conventionnelles.

Il lui fallait donc une expertise en la matière. Et qui mieux que l’armée algérienne aguerrie par dix années de guerre contre le même ennemi pour donner un coup de pouce à la France ? C’est cela la vraie mission du ministre français de la défense durant ces deux jours en Algérie. Convaincre les responsables algériens de faire cause commune et sur le terrain si possible pour gagner la bataille pour de vrai au Mali.

Plan de bataille

Jean-Yves Le Drian sera d’ailleurs reçu par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et enfin le vice- ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd-Salah. Le Drian devra par ailleurs échanger avec ses interlocuteurs sur l’importante conférence sur le renseignement prévue les 19 et 20 de ce mois à Ouagadougou.

A l’occasion, les patrons des services de renseignements des pays concernés par la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière dont le représentant algérien, vont échanger sur la conduite à tenir pour démanteler les réseaux terroristes dans le Sahel.

Et, compte tenu de la tension extrême qui règne en Libye, principal pourvoyeur de jihadistes et de munition de guerre, les participants vont tenter d’arrêter une stratégie pour y faire face. L’Algérie qui est pleinement engagée dans la sécurisation du Mali et plus généralement du Sahel redevient en effet un acteur incontournable dans la recherche de la stabilité.

Et la France qui a tenté un temps de se faire épauler par le Maroc et le MNLA semble avoir compris, enfin, qu’elle ne pouvait passer outre le rôle de l’Algérie.