Le député Djamel Bouras de la circonscription du Nord de la France (FLN) nous livre, dans cet entretien son avis sur le projet qu’on prête au gouvernement de mettre en place une formule de logements pour les émigrés.
Le gouvernement, si l’on croit les déclarations du ministre délégué chargé de la communauté nationale à l’étranger préparerait une formule pour un programme immobilier en faveur des émigrés. Êtes-vous associé à cette démarche ?
Djamel Bouras : L’accès au logement pour les nationaux non résidents figure parmi les sujets que j’ai porté à l’intention du Premier ministre dès son installation. Lors de ma rencontre avec M. Sellal, ce dernier s’est montré très ouvert pour apporter des solutions aux problèmes de la communauté nationale établie à l’étranger.
Je pense qu’avec la réorganisation des formules de logements publics initiée récemment, le gouvernement se penchera sur la demande, plus que légitime des nationaux non résidents désirant se réinstaller en Algérie ou juste investir dans une résidence secondaire dans leur pays.
Je fais confiance au Premier ministre pour que la formule puisse voir le jour avant la fin de l’année.
Est-vous associé dans la réflexion ?
Pas directement. Mais je profite de votre question pour délivrer un conseil : il ne faut pas confiner nos émigrés, Algériens à 100 %, dans des zones spécifiques coupées du reste de la population. Il ne faut pas non plus faire du zèle et exiger des conditions irréalistes.
La formule devrait, à mon sens, être la même que la location/vente ou LPP. On changera juste les critères.
Le règlement de l’avance ou des loyers doit être, à l’instar des résidents en dinar. Si maintenant le gouvernement accepte des facilités de règlement, par virement de l’étranger, ça sera un plus.
Enfin je conseille aux chargés du dossier de bien communiquer sur le sujet en insistant sur le fait que la formule n’a rien avoir avec le logement social et qu’aucun logement ne sera prélevé du parc social.
Que tout le monde se rassure ; les émigrés ne viendront pas enlever les logements sociaux !
A votre avis, comment devra être la formule?
A mon avis, il faudra ajouter aux programmes en cours de l’AADL ou LPP des quottas pour les non-résidents désirant se réinstaller au pays. Ce sont les mêmes logements avec le même standing que pour les résidents. C’est juste que les critères d’attribution et les prix qui seront différends.
Pour les non-résidents, le prix du logement sera par exemple égal au coût réel de construction, sans aucune subvention, mais aussi sans marge. Ça sera une forme d’équité entre les résidents et les non-résidents.
Et comment déterminer le revenu plafond ?
La aussi il est possible d’adapter les formules AADL ou LPP en prenant le critère du SMIG dans les pays de résidence des émigrés.
Vous avez évoqué au début de l’entretien la catégorie des non-résidents souhaitant investir dans une résidence secondaire, que doit-on proposer pour eux ?
Oui, pour les non-résidents souhaitant investir dans une résidence secondaire en Algérie, le gouvernement peut instruire, par exemple, les OPGI, afin de mettre sur pied des programmes, au prix libre du marché. Mais toujours avec des marges raisonnables. Le gouvernement peut aussi inciter les promoteurs privés à réserver des logements pour les émigrés sur un programme dont l’assiette a été préalablement négociée avec les pouvoirs publics pour y inclure la clause de réservation.
Le gouvernement sera, pour cette catégorie, un facilitateur. Et en retour, les non-résidents se remettront à utiliser le transfert par le circuit légal de leur épargne. Ça sera du gagnant-gagnant.