Dans cet entretien, le député Djamel Bouras (Nord de la France) soulève des questions pertinentes comme les tarifs excessifs des billets d'avion et de bateau et les propositions pour solutionner ce problème, l’assurance rapatriement, la formation professionnelle, le logement, l'ouverture de succursales de banques publiques en France, le traitement et la délivrance des passeports biométriques ...

Le ministre de la Jeunesse a annoncé il y a quelques jours le retour des colonies de vacances en faveur des enfants de la communauté nationale établie à l'étranger, c’est le début de l’application du programme électoral du Président ?

Djamel Bouras : effectivement, c’est l’une des 14 actions prioritaires prévue dans le programme électoral du président de la République.

En plus des colonies de vacances qui devront toucher cet été jusqu’à 5 000 enfants, nous apportons notre soutien au ministre de la Jeunesse pour l’organisation des premières Assises de la jeunesse issue de l’émigration, dont la tenue est prévue à Paris puis à Alger, avant la fin de l’année.

Quelles sont les autres actions dont la mise en œuvre est déjà engagée par le gouvernement ?

Il y a les dossiers des billets d’avion et bateau, l’assurance rapatriement, la formation professionnelle et le logement. Il faut savoir que je travaille sur ces sujets depuis le début de mon mandat en juin 2012.

J’ai eu des séances de travail fructueuses avec le Premier ministre, puis avec les ministres des Transports, des Finances, des Affaires étrangères, la formation professionnelle et le Logement. Je reconnais que ma tâche a été grandement facilitée par le programme du Président.

Concrètement qu’est ce qui est prévue pour ces 4 dossiers ?

Pour les billets d’avion et bateau, et en attendant l’ouverture du ciel algérien au privé national, unique moyen d’une solution durable, et le renforcement des capacités de l’ENTMV, le gouvernement a instruit Air Algérie et Tassili pour consentir cet été des réductions substantielles et mettre en place des vols supplémentaires et des vols charters.

A titre d’exemple, Air Algérie accorde 80 % de réductions pour les enfants accompagnés, âgés de 2 à 15 ans, soit un Paris/Alger/Paris à 216 euros. C’est un geste positif mais il ne règlera hélas pas le problème dû à l’absence d’une véritable concurrence et d’une compagnie low-cost en Algérie.

Pour l’assurance rapatriement le Premier ministre a donné son accord pour que l’assurance soit généralisée et couplée avec la carte consulaire. Normalement un groupe de travail du ministère des Affaires étrangères, tutelle des postes consulaires, et du ministère des Finances est déjà sur le dossier.

Nous avons aussi obtenu du ministère de la Formation professionnelle dont ses structures sont en surcapacités des places pour les jeunes de l’émigration avec des programmes adaptés. Le ministre nous a promis que son département pourra prendre en charge dès la rentrée prochaine 500 jeunes.

Quant au logement, nous attendons que le ministre nous propose une formule qui permettra aux non-résidents l’acquisition d’un logement public promotionnel hors programme social. Nous espérons que le programme offrira des conditions d’accès et de financement proches de ce qui est déjà proposé aux résidents à travers les formules AADL et LPP.

Et pour les autres promesses ?

Sachez que la réalisation des 14 actions, toujours selon le programme électoral du Président, doit s’étaler de 2015 à 2019… N’empêche que nous travaillons pour que le gouvernement concrétise dans les meilleurs délais ce qui est prioritaire.

Les prochains dossiers sont dans l’ordre : l’accès des compétences de l’émigration à l’ANSEJ, ouverture de succursales de banques publiques en France et l’amélioration des conditions d’accueils au niveau de nos consulats.

Justement la capacité de délivrance des passeports biométrique en France, ou au Canada pour ne citer que ces deux pays est de très loin inférieure à la forte demande. Avez-vous proposé des solutions concrètes ?

En effet, j’ai proposé lors du débat à l’APN sur le plan d’action du gouvernement la mise en place urgente de deux structures à Paris : un Centre délocalisé d’impression des passeports devant répondre à l’importante demande des résidents en France (plus de 2 millions !) et accessoirement aux résidents des autres pays d’Europe.

Seconde mesure : l’ouverture d’un bâtiment, sous protection consulaire, centralisant le traitement et la délivrance des passeports biométriques pour les résidents de l’Ile de France, soit le tiers des demandeurs de toute l’Europe.

L’application de ces deux mesures réduira les délais d’impression et d’acheminement des passeports et nous débarrassera des longues et humiliantes chaines devant nos consulats qui se forment dès 5 heures du matin.

L’absence d’un ministère Chargé de la Communauté pénalise-t-il nos émigrés ?

Certainement, car ni les consulats, débordés, ni les ambassades, ce n’est pas leur rôle, ne peuvent prendre en charge les problèmes d’une forte communauté estimés à des millions de personnes !

Mais il y a les députés de la communauté ?

Nous ne sommes que 8 ! Et il ne faut pas se tromper, un député appartient au pouvoir législatif, sa raison d’être est de légiférer et accessoirement contrôler l’action du gouvernement. Un député n’est ni un consul, ni un ambassadeur ni un chef d’escale !

Mais ceci ne nous empêche pas de mener des actions en faveur de la communauté. Je vous cite à titre d’exemple mes deux amendements LF 2013 et 2014 pour l’allongement de la durée de séjour des véhicules des non-résidents (de 3 à 6 mois aujourd’hui), la hausse de la valeur du déménagement. L’arrêt du retrait du permis de conduire des non-résidents, l’amélioration des conditions de voyages (suppression de la fiche de police et de la fouille corporels…)

Les compétences algériennes sont prêtes à aider au développement du pays ?

Bien entendu, il suffit juste qu’en face on met en place une structure adéquate, crédible et flexible. La diaspora compte, en plus des footballeurs, de très bonnes compétences prêtes à relever le défi.