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Le chanteur Idir enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris : un voisin encombrant ?

18-05-2020 12:41  Amine Bouali

Un point de détail, glissé par le journaliste Farid Alilat dans son article de l’hebdomadaire Jeune Afrique (magazine basé à Paris) dans lequel il rend hommage au grand chanteur récemment disparu feu Idir, a soulevé une sombre polémique sur les réseaux sociaux. Sombre, parce que certains internautes n’ont rien trouvé de mieux à faire que de reprocher au journaliste d’avoir signalé que la tombe d’Idir au Père Lachaise, était située à côté de «celle de Mahmoud Hamchari, représentant de l’OLP (Organisation pour la libération de la Palestine) que le Mossad a assassiné en 1973 pour sa participation à la prise d’otage de Munich de 1972». 

Le journaliste d’emblée est méchamment interpellé : «On vous demande pourquoi vous faites le rapprochement entre ces deux personnes et racontez cette histoire d'un Arabe tué et Mr Idir ? Il peut être enterré même devant une personne inconnue, juive ou française ! Mais toi, tu as non seulement cité cette personne mais tu as fait le rappel de toute l'histoire. Ça n’a vraiment aucun sens. Quand à sa volonté d'être enterré en France, tous les kabyles ont respecté cela. Avoue que tu as tort !». Un autre internaute assène ensuite : «C'est terrible ! Idir était isolé. On comprend mieux maintenant. Jamais de son vivant, il n'aurait accepté d'être enterré aux côtés de celui qui avait pris part à la planification de Septembre noir" (nom du groupe responsable de la prise d’otages sanglante durant les Jeux olympiques de Munich. NDLR).

Que faut-il penser de telles assertions qui laissent les gens raisonnables pantois ? Un internaute propose une explication : «Les acteurs de la nouvelle extrême-droite identitaire (ceux qui ont donné un prix à Éric Zemmour) vont incendier le journaliste comme certains viennent de le faire avec Kamel Daoud après l'avoir porté au zénith" (suite à son article dans le journal Liberté sur feu Idir. NDLR). Enterré devant un Arabe (en plus un Palestinien !), c'est la pire des ignominies pour les nouveaux identitaires (proches de l'extrême-droite israélienne). Avant, on avait une extrême-droite religieuse, voila que l'on a une extrême-droite identitaire»

Un facebooker essaie péniblement de remettre les choses à leur place : «Je tiens à dire que je suis contre toute forme de violence ou d'arrachage de vies innocentes, mais il ne faut pas oublier de dire que cette organisation se battait pour la liberté de son peuple contre l'oppression, contre les massacres des Palestiniens, et c'est à partir de cette résistance-là que le monde a appris l'existence du peuple palestinien et du conflit israélo-palestinien. Enfin on les voyait, enfin ils existaient aux yeux du monde !». «Selon-vous, interroge un autre internaute, celui qui défend son pays est un terroriste ? Donc Amirouche, Krim, Mellah étaient des terroristes ? Heureusement que vous n'êtes pas nés durant la guerre de Libération nationale !»

Un autre facebooker témoigne : «Je tiens juste à dire, qu’à sa manière, Idir a toujours été un révolutionnaire qui avait des idéaux de liberté pour tous les peuples opprimés qui se battent contre le colonialisme». Enfin, fort désappointé, un internaute de Bejaïa essaie de rappeler tout le monde à l’ordre : «Même les morts ne sont pas épargnés. Arrêtons, svp, de piocher sur leurs tombes !».

Quant à la question de savoir pourquoi feu Idir a émis le souhait d’être enterré en France, le journaliste de Jeune Afrique obscurcit encore plus le mystère, dans un de ses commentaires sur Facebook : «Sa fille, dit-il, ne répond pas. Un des amis de très longue date d’Idir que j'ai interrogé, m'a dit que le défunt n'a jamais abordé cette question avec lui. Deux amis du chanteur qui le voyaient encore en février dernier m'ont dit la même chose. Un membre de la famille me confie que jusqu'aux derniers moments de son existence, il n'a jamais évoqué l'idée d'être enterré là où il est maintenant. Et qu'il ferait en sorte que la dépouille soit rapatriée en Algérie. Et ça, je l'ai écris dans un article précédent. Il y a encore beaucoup de choses que je ne veux pas écrire pour le moment. Si la nécessité se fait plus tard, j'apprécierai l'opportunité de les publier, croyez-moi !»



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