Par Abdelkader Kateb*
On ne sait pas qui de la jacasserie scabreuse ou du propagandisme désenchanté ayant dicté le bilan « très prometteur » que vient de faire le Ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, sur le 34e Sommet de l'Union africaine (UA), qui s'est tenu les 6 et 7 février 2021 par visioconférence.
Lors de la conférence de presse, tenue dimanche, à Rabat, le Ministre Bourita est entré en transes, sous l’effet de l’exaltation intense et enivrante que procure la désinformation pratiquée à outrance, pour occulter carrément les deux principaux sujets dans lesquels le Maroc s’est pleinement engagé et nous servir une autre grille de lecture, mâtinée d’amalgame, de décontextualisation et de sournoiserie.
D’abord, et en dépit des dividendes du fameux tweet trumpien, essayer, autant que faire se peut, de redorer le blason terni de la diplomatie marocaine au détriment de l’image de l’Algérie et de son actualité, sans retenue aucune et de la manière la plus caricaturale et la plus perfide, devient de plus en plus inacceptable.
Qu’en pense en effet M. Nasser Bourita des résultats des élections à la tête des cinq commissions ? Quid de son ardent souhait de faire passer, lors de sa session de jeudi dernier, deux méga projets d'infrastructure à travers les territoires occupés de la République sahraouie vers les pays d'Afrique de l'Ouest.
Contrairement à ce qui a été dit, lors de cette conférence de presse, l'Algérie, a, pour sa part, été confrontée à une conspiration similaire, puisqu'elle a été surprise par la présentation de deux autres projets qui devaient traverser son territoire national à son insu et sans son approbation.
Pour faire face à cette tentative, le ministre des Affaires étrangères, M. Sabri Boukadoum, est intervenu avec fermeté, soulignant le rejet de cette tentative inappropriée, affirmant que ce genre de tentatives désespérées ne réussira jamais simplement parce qu'elles sont contraires à l'Acte constitutif de l'Union.
Les mises en récit débitées en boucle, alternant le fabuleux et la fabulation éhontée, n’ont pas eu de cours avec la décision ferme du Conseil exécutif de l’UA de renvoyer ces quatre projets au Conseil exécutif sur l'infrastructure, et que toutes les tentatives marocaines ou autres de franchir les frontières internationalement reconnues ne passeront pas par l'organisation panafricaine.
En lisant le compte-rendu qu’a fait le très « sérieux » « le 360.ma », dont il se fait le porte-voix d’un autre âge, chamarré dans ses fausses certitudes et plutôt empreint aux approximations pour occulter l’idée essentielle qui confirme, chose qu’il ne dit pas, l’attachement de l’UA à sa charte fondatrice et le respect des frontières des États membres conformément à l'article 4 de sa charte.
J’aurai aimé entendre M. Bourita dire qu’au terme de ses travaux, lesdites élections ont conduit les membres de la Commission de l'Union africaine à exclure Mohamed Seddiqi, le candidat marocain au poste de commissaire à l'agriculture, complétant ainsi le rejet total des cinq candidats que le Maroc avait désignés dans cette perspective, dont Hassan Abouyoub, un des éléments essentiels du dispositif marocain tant espéré.
Mais l’imaginaire, pour ne pas dire la mauvaise foi, est bel et bien là pour confirmer que la stratégie adoptée par le Maroc, basée sur le troc, pour remporter le poste de commissaire à la paix et à la sécurité, que l'Algérie avait occupé depuis sa création, était au départ voué à l’échec.
Un lamentable faux brouillage, sous forme de mise en scène ridicule et de manipulation grossière, s’en est suivie puisque le ministre Nasser Bourita pense que l’Algérie en fait trop à propos de la question du Sahara Occidental, en s’acharnant, dit-il, « à faire de la marocanité du Sahara une cause nationale ».
Fort heureusement, cet amalgame grossier est dénoncé, vigoureusement, par un nombre sans cesse croissant d’esprits libres et impartiaux, à l’image du politologue marocain Youssef Hindi, qui conseille au ministre Nasser Bourita de tempérer son « enthousiasme» ardent.
Par A. K* ancien diplomate