On peut reprocher bien de choses au leader historique et charismatique du FFS, Hocine Ait Ahmed. Sa gestion par fax du parti, ses purges parmi les cadres qui réclamaient plus de démocratie au niveau interne, mais aussi ses accointances nuisibles avec les chefs islamistes du FIS.
Il y a cependant chez lui, un amour jamais démenti pour l’Algérie «libre et heureuse». C’est un sentiment sincère et désintéressé que le plus anciens opposant algérien n’a cessé de nourrir et entretenir depuis 70 ans de militantisme.
Bien qu’il n’ait jamais été associé à la gestion du pays, mise à part la parenthèse enchantée de l’été 62 en qualité d’élu à l’Assemblée nationale constituante, Ait Ahmed a fait de l’amour du pays un véritable sacerdoce. Un amour qu’il a exprimé depuis sa fuite de prison en 1966, par sa franche et radicale opposition aux pouvoirs successifs.
De l’Algérie unie, libre, heureuse et démocratique, il en fait un programme politique qui aura structuré le message du FFS dans la clandestinité et même à ce jour. Un engagement sans faille pour une véritable réconciliation nationale sans exclusive que beaucoup parodiaient durant les années de braise. Le temps lui a finalement donné raison que la guerre, quelle que soit sa cruauté devrait finir par rassembler ses protagonistes autour d’une table pour une remise à plat.
C’était un peu le sens du contrat de Rome même si d’aucuns avaient alors dénoncé un concubinage avec le FIS, avant de bénir deux ans après les accord avec l’AIS.
Le vieil homme et sa terre…
Mais qu’importe, Hocine Ait Ahmed est resté fidèle à sa ligne de conduite politique même s’il prêchait dans le désert pour certains. Malgré les spasmes organiques au sein de son parti qu’il n’a pu prévenir ni gérer depuis Genève, il aura réussi à fédérer les énergies autour d’un seul mot d’ordre : la défense de l’Algérie. Il aura réussi, même de loin, a former des bataillons de militants épris de leur pays et son unité constamment mise à rude épreuve.
A chaque fois que l’Algérie était dans la tourmente, le vieux leader a su trouver les bons mots, les mots justes pour dépassionner les débats, quitte à lifter un peu son discours radical vis à vis du régime.
Un passage de témoin flamboyant
Il aura habilement réussi sa mission au sein de son parti et bien au-delà, tant son charisme et son aura sont salués dans les quatre coins du pays. Et au crépuscule d’une carrière politique de soixante dix ans inégalable en Algérie voire ailleurs, Ait Ahmed transmet l’ultime recommandation à ses jeunes camarades et à tous les algériens : Unissez-vous pour l’Algérie.
Les congressistes du FFS ont reçu avec beaucoup d’émotion ce discours testamentaire d’un homme qui a voué sa vie pour que vive l’Algérie indépendante pour laquelle il s’est battu.
«Les Algériens doivent rester unis pour la construction d’un Etat de droit et de démocratie pour pouvoir diverger démocratiquement sur le reste», a –t-il recommandé dans un message vidéo au congrès de son parti.
Le message d’adieu du vieux leader constitue un véritable programme politique pour le FFS voire pour l’Algérie de demain. :«la lutte du FFS pour la démocratie est une lutte pour la consécration de la liberté et de la souveraineté de l’Algérie à travers des institutions légitimes et un Etat de droit qui en assure le respect, le bon fonctionnement et la pérennité. Ceci n’est pas un détail, mais le socle sur lequel le reste pourra être construit » a-t-il écrit dans son message.
Et à ceux qui seraient tentés de provoquer la rupture politique avec les idéaux originelle du FFS, Hocine Ait Ahmed rappelle à l’ordre : «Le FFS a été fondé pour que l’indépendance algérienne s’accomplisse dans la démocratie, dans le respect des libertés, dans le respect de la justice sociale, dans le respect du pluralisme politique et culturel, fondateurs du mouvement de libération».
Joli clap de fin pour un monstre politique qui transmet le témoin sous forme d’une leçon de patriotisme pur.