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Laksaci tire la sonnette d’alarme

15-12-2014 17:17  Rafik Benasseur

Le gouverneur de la Banque d’Algérie Mohamed Laksaci, a été contraint de refroidir les ardeurs de son «collègue» le ministre des finances, Mohamed Djellab au sujet de l’impact de la chute des prix du pétrole sur l’économie nationale.

Dans sa posture d’experts qui juge par les chiffres, Laksaci a été formel : « Si l’Algérie a su, jusque là, faire face au choc induit par la baisse du prix du pétrole, il n’en demeure pas moins que les équilibres financiers du pays pourraient être affectés si les cours se maintiennent au même niveau », a-t-il déclaré, aujourd’hui lundi lors de la présentation de sa note de conjoncture devant l’APN.

Il faut noter qu’il s’agit bien d’un tout autre son cloche du gouverneur de la banque centrale qui ne pouvait «dribbler» avec des données chiffrées pour farder une situation bien préoccupante.

Un exercice alambiqué auquel s’est livré, sans trop de conviction, la semaine dernière, le ministre de l’Énergie, Youcef Yousfi qui s’est voulu rassurant s’agissant des contrecoups du choc pétrolier.

Yousfi a évoqué des «amortisseurs» qui permettront d’après lui à l’Algérie de «préserver les équilibres financiers». Avant lui, son collègue des finances a volé au secours du gouvernement en disant à peu prés la même chose, à savoir que l’Algérie était «préparée au choc de la baisse des prix du pétrole».

La froideur des chiffres

Mohamed Djellab, a mis en avant le fait que l’Algérie a choisi des politiques «de prudence», qu’elle a payé par anticipation sa dette extérieure, qu’elle dispose d’un matelas de réserves de changes lui permettant de se mettre à l’abri et qu’elle pourra puiser de son Fond de régulation des recettes.

Mohamed Laksaci a certes rappelé toutes ces données aujourd’hui. Mais il est moins optimiste que ses collègues du gouvernement. «Ce dispositif va permettre à l’Algérie d’affronter les risques dans le moyen terme».

Une assurance à court terme

En clair, si la tendance baissière des cours du brut venait à se poursuivre sur plusieurs mois, notre pays pourrait se retrouver dans une situation très délicate.

Le document portant rapport de conjoncture économique 2013/2014 exposé aujourd’hui par Mohamed Laksaci met en relief la fragilité de l’économie nationale.

Dépendante à 97% de la rente pétrolière cette chute drastique des prix couplée à une baisse de la production, va automatiquement impacter la capacité financière de l’Algérie. « Les réserves de change actuelles permettent à l’Algérie de faire face aux chocs sur la balance des paiements extérieurs à court terme mais cette capacité à résister aux chocs se dissipera vite si les cours du pétrole restaient à des niveaux bas pendant longtemps » met en garde Laksaci.

En effet, la balance des paiements globale a dégagé un déficit de 1,32 milliard de dollars au premier semestre de 2014 contre un excédent de 0,88 milliard de dollars à la même période de 2013. Les réserves officielles de change se sont aussi contractées à 193,269 milliards de dollars à fin juin 2014 après une progression à 194 milliards de dollars à fin 2013. Des chiffres qui doivent inciter les pouvoirs publics à ne pas trop faire de politique…

 



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