La hausse importante (plus de 7 %) de l'inflation au cours du premier semestre 2012, n'est pas liée aux fluctuations du marché mondial, notamment dans les produits agricoles et manufacturés. C'est dû plutôt à des dysfonctionnements du marché intérieur, selon les déclarations du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci.
"L'inflation au 1er semestre 2012 est plus de nature endogène, liée aux dysfonctionnements persistants des marchés intérieurs de ces biens (produits agricoles et manufacturés) où la formation des prix relève plus de position dominante ou de spéculation", a affirmé Laksaci lors de la présentation à la presse du rapport monétaire et financier du 1er semestre 2012.
Pour lui, il est nécessaire de revoir profondément la formation des prix aux différents stades des transactions commerciales, dans le but d'asseoir des règles transparentes en la matière.
Durant les six premiers mois de l'année en cours, la moyenne du taux d'inflation a été de 7,29% contre 5,9 trois mois auparavant et 3,9% au premier semestre de 2011, a-t-il rappelé.
Les biens manufacturés et les produits agricoles frais ont contribué à hauteur de 71,14% à l'inflation au 1er semestre 2012. Ces derniers produits, dont la hausse des prix représente 36,5 % de l'inflation globale, ont progressé de près de 13% en moyenne annuelle durant le même semestre, selon les chiffres de la Banque d'Algérie.
Contraste entre évolution des prix intérieurs et mouvement des prix internationaux
Laksaci relève dans le même sillage le contraste entre l'évolution des prix intérieurs des produits alimentaires et le mouvement des prix internationaux.
L'autre facteur qui consolide l'idée de l'inflation endogène est que le taux de change effectif nominal s'est apprécié au cours de la même période d'autant que le premier semestre a enregistré une décélération du rythme d'expansion de la masse monétaire à 7%, contre près de 9% durant la même période de 2011.
Plusieurs autres paramètres avancés par Mohamed Laksaci et d'autres organismes comme l'Office National des Statistiques relève cette tendance haussière de l'inflation et son explication par des facteurs intérieurs, suggérant l'anarchie, souvent bien entretenue, qui règne dans le marché intérieur.
Pour faire face à cette tendance inflationniste, la Banque d'Algérie avait pris, en avril dernier, deux mesures: relèvement du taux des réserves obligatoires à 11% (contre 9% auparavant) et augmentation du niveau de la reprise de liquidités de 250 milliards de dinars pour atteindre les 1.350 milliards de dinars. Deux mesures qui ne semblent pas avoir eu de l'effet sur la tendance haussière de l'inflation.