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La vérité sur le montant des réserves de change de l’Algérie

29-06-2017 09:33  Pr Abderrahmane Mebtoul

Il semble bien que le montant annoncé à l’APN  par le premier Ministre  Abdelmadjid TEBBOUNE de 114 milliards de dollars de réserves de change ait été mal interprété. je signale le travail remarquable  des cadres de al banque d'Algérie, institution relevant directement de son Excellence Mr le Président de la République et non du gouvernement ,  pour préserver la stabilité monétaire du pays à laquelle je suis profondément attachée. 

1.- Les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques, devant tenir un langage  de vérité, selon les directives du président de la république,  je  précise  que selon les  documents officiels du FMI qui reprennent les données de la banque d’Algérie  si l’on veut éviter le retour au FMI 2018/2019,   l’importance de sortie de devises des services et des transferts légaux de capitaux  se chiffrent  annuellement entre 2010/2016 entre 14/15 milliards  de dollars auquel il faut ajouter la valeur des  importations de biens ( 45/47 milliards de dollars) pour le calcul  de sorties de devises , ont  été de 60 milliards de dollars en 2016 , avec un montant presque équivalent  pour 2017 si l’on s’ en tient aux dernières statistiques douanières des cinq premiers mois de 2017, encore qu’il faille souligner qu’en 2013 la sortie de devises a dépassé les 75 milliards de dollars.

2.- Les   réserves de change sont  de 114 milliards de dollars au 31 décembre 2016 selon   les données  officielles du FMI  et de  la banque  d’Algérie qui relève de l’autorité de  la présidence de la république et non du gouvernement afin de lui donner plus d’autonomie dans la  gestion monétaire. Le gouverneur devant l’APN le 12  avril  2017  a donné le montant de 109 milliards  de dollars à fin mars 2017, données reprises par l’agence officielle APS. Avec le déficit  de la balance de paiement (biens- services – transferts légaux de capitaux) comme le montrent, durant les cinq premiers mois de 2017 les statistiques douanières  et celles de l’ONS,   traduisant  des sorties  de devises  entre avril-mai-25 juin 2017, le montant  devrait être inférieur à 109 milliards   de dollars devant clôturer  fin 2017 à moins de 100 milliards de dollars. Car  il est mathématiquement impossible qu'à fin juin 2017, l'on ait le même montant qu'au 31 décembre 2016, sauf excédent  de la balance des paiements.

3.-Il faut éviter à tout prix d’avoir une vue de court terme  uniquement sur la restriction des importations, existant une limite du fait du  dépérissement du tissu productif, le taux d’intégration ne dépassant  pas 15 % pour l’ensemble du secteur économique public/privé mais d’avoir une visions stratégique  de la relance économique. Cela  rend urgent les réformes structurelles, conciliant  efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale grâce au dialogue productif.

Comme il faudra à tout prix éviter un financement par la planche à billets, de continuer à pratiquer des subventions généralisées non ciblées source de gaspillage  et d’injustice sociale,  à assainir des entreprises publiques moribondes plus de 70 milliards de dollars entre 1971/2016 dont plus de 70% sont revenues contraire à la rigueur budgétaire contenue  dans le programme du gouvernement. Toutes ces actions hasardeuses nous ramèneraient à une inflation à deux ou trois chiffres à l’image de l’expérience désastreuse vénézuélienne, suicidaire pour l’Algérie, ne pouvant distribuer plus que ce que l’on produit.

 4.-Je recommande dans le cadre de l’assainissement  du climat des affaires aux autorités algériennes de s’inspirer des importants travaux empiriques des experts algériens  qui ont  formulé des recommandations de réformes, classées en plusieurs  catégories différentes tenant compte  de  la résistance potentielle sur le plan politique des  tenants de la rente. Les tensions budgétaires seront vivaces entre 2017/2020 surtout si le cours du pétrole  est de 50 dollars et moins. Il est temps d’agir, loin des recettes  périmées des années 1970 (programme du parti des travailleurs) par la diabolisation du secteur privé  productif national et international qui est encouragé  dans le modèle de croissance adopté en conseil des ministres. Attention donc à la tentation étatiste-bureaucratique/populiste

Abderrahmane Mebtoul

Professeur des universités et Expert international

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