Il semble bien que le montant annoncé à l’APN par le premier Ministre Abdelmadjid TEBBOUNE de 114 milliards de dollars de réserves de change ait été mal interprété. je signale le travail remarquable des cadres de al banque d'Algérie, institution relevant directement de son Excellence Mr le Président de la République et non du gouvernement , pour préserver la stabilité monétaire du pays à laquelle je suis profondément attachée.
1.- Les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques, devant tenir un langage de vérité, selon les directives du président de la république, je précise que selon les documents officiels du FMI qui reprennent les données de la banque d’Algérie si l’on veut éviter le retour au FMI 2018/2019, l’importance de sortie de devises des services et des transferts légaux de capitaux se chiffrent annuellement entre 2010/2016 entre 14/15 milliards de dollars auquel il faut ajouter la valeur des importations de biens ( 45/47 milliards de dollars) pour le calcul de sorties de devises , ont été de 60 milliards de dollars en 2016 , avec un montant presque équivalent pour 2017 si l’on s’ en tient aux dernières statistiques douanières des cinq premiers mois de 2017, encore qu’il faille souligner qu’en 2013 la sortie de devises a dépassé les 75 milliards de dollars.
2.- Les réserves de change sont de 114 milliards de dollars au 31 décembre 2016 selon les données officielles du FMI et de la banque d’Algérie qui relève de l’autorité de la présidence de la république et non du gouvernement afin de lui donner plus d’autonomie dans la gestion monétaire. Le gouverneur devant l’APN le 12 avril 2017 a donné le montant de 109 milliards de dollars à fin mars 2017, données reprises par l’agence officielle APS. Avec le déficit de la balance de paiement (biens- services – transferts légaux de capitaux) comme le montrent, durant les cinq premiers mois de 2017 les statistiques douanières et celles de l’ONS, traduisant des sorties de devises entre avril-mai-25 juin 2017, le montant devrait être inférieur à 109 milliards de dollars devant clôturer fin 2017 à moins de 100 milliards de dollars. Car il est mathématiquement impossible qu'à fin juin 2017, l'on ait le même montant qu'au 31 décembre 2016, sauf excédent de la balance des paiements.
3.-Il faut éviter à tout prix d’avoir une vue de court terme uniquement sur la restriction des importations, existant une limite du fait du dépérissement du tissu productif, le taux d’intégration ne dépassant pas 15 % pour l’ensemble du secteur économique public/privé mais d’avoir une visions stratégique de la relance économique. Cela rend urgent les réformes structurelles, conciliant efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale grâce au dialogue productif.
Comme il faudra à tout prix éviter un financement par la planche à billets, de continuer à pratiquer des subventions généralisées non ciblées source de gaspillage et d’injustice sociale, à assainir des entreprises publiques moribondes plus de 70 milliards de dollars entre 1971/2016 dont plus de 70% sont revenues contraire à la rigueur budgétaire contenue dans le programme du gouvernement. Toutes ces actions hasardeuses nous ramèneraient à une inflation à deux ou trois chiffres à l’image de l’expérience désastreuse vénézuélienne, suicidaire pour l’Algérie, ne pouvant distribuer plus que ce que l’on produit.
4.-Je recommande dans le cadre de l’assainissement du climat des affaires aux autorités algériennes de s’inspirer des importants travaux empiriques des experts algériens qui ont formulé des recommandations de réformes, classées en plusieurs catégories différentes tenant compte de la résistance potentielle sur le plan politique des tenants de la rente. Les tensions budgétaires seront vivaces entre 2017/2020 surtout si le cours du pétrole est de 50 dollars et moins. Il est temps d’agir, loin des recettes périmées des années 1970 (programme du parti des travailleurs) par la diabolisation du secteur privé productif national et international qui est encouragé dans le modèle de croissance adopté en conseil des ministres. Attention donc à la tentation étatiste-bureaucratique/populiste
Abderrahmane Mebtoul
Professeur des universités et Expert international