Les Tunisiens se rendent aux urnes dimanche pour élire au suffrage universel, pour la première fois depuis la révolution,leur président lors d'un scrutin historique pour achever une transition chaotique de quatre ans.
Les 5,3 millions d'électeurs ont le choix pour ce deuxième tour entre le président sortant Moncef Marzouki, 69 ans, et le favori du vote, Béji Caïd Essebsi, 88 ans et chef du parti anti-islamiste Nidaa Tounès, victorieux aux législatives d'octobre.
Le vote débutera 08H00 (07H00 GMT) pour s'achever à 18H00 (17H00 GMT). Les résultats pourraient être connus dès lundi, selon l'instance électorale (ISIE) qui a cependant jusqu'au 24 décembre pour annoncer l'identité du président pour les cinq prochaines années.
Le vainqueur deviendra le premier chef d'Etat tunisien élu démocratiquement. Habib Bourguiba, le premier président, et Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011, avaient constamment eu recours à la fraude ou au plébiscite, et M. Marzouki avait été désigné à la faveur d'un accord politique avec les islamistes d'Ennahda.
Les deux finalistes se sont affrontés pendant cette campagne sur un ton acrimonieux agrémenté d'insultes, s'efforçant de dénigrer l'adversaire.
Moncef Marzouki s'est posé en défenseur de la révolution face au retour des tenants de l'ancien régime. Il a accusé son adversaire de préparer des fraudes et, dans un autre registre, d'encourager à la consommation de drogues tout enl'égratignant sur son âge.
Caïd Essebsi, qui a servi Bourguiba comme Ben Ali avant d'assurer quelques mois la fonction de Premier ministre après la révolution, s'est posé en homme providentiel, seul à même de réparer les dégâts causés par Ennahda, au pouvoir de 2012 à début 2014, et leur allié M. Marzouki.
Il a aussi qualifié son concurrent "d'extrémiste" et lui a prêté le soutien des jihadistes dont l'essor et les attaques meurtrières depuis la révolution ont laissé craindre un temps que la Tunisie ne sombre.
D'un côté, observateurs et médias ont salué dans l'ensemble la performance de la Tunisie qui, depuis octobre, a organisé des législatives et un premier tour de présidentielle jugés libres.
De l'autre ils se sont pourtant inquiétés du bellicisme des candidats. "Des semaines durant, le rendez-vous électoral, censé célébrer la liberté et la pluralité constructive, s'est transformé en carnaval d'injures", selon lejournal Le Quotidien samedi. "Le président que nous élirons demain saura-t-ilpanser toutes ces blessures grandes ouvertes"?, s'interroge-t-il, craignant que "le camp du perdant ne massacre le camp du gagnant via des missiles verbaux interposés".(Afp)