Le président russe Vladimir Poutine s'est rendu à Istanbul pour rencontrer le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, hier lundi.
Les deux pays n'ont pas réussi à s'entendre sur le dossier syrien.
Ankara soutient la rébellion depuis ses débuts, tandis que Moscou bloque toute mesure contraignante à l'encontre de Damas au Conseil de sécurité de l'ONU.
Le conseiller diplomatique du Kremlin Iouri Ouchakov avait espéré que cette rencontre entre le président russe et le Premier ministre turc permettrait aux deux parties de"mieux se comprendre".
Mais l'entretien entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, ce lundi à Istanbul, n'a pas suffi : la crise syrienne continue de diviser profondément la Russie et la Turquie.
"Moscou et Ankara ne peuvent trouver pour le moment une approche mutuelle sur les moyens de régler la situation en Syrie", a reconnu Vladimir Poutine lors d'une conférence de presse commune.
Si Ankara soutient l'opposition syrienne depuis le début de la crise, Moscou est l'un des derniers alliés du régime de Bachar el-Assad.
La Russie, qui a bloqué toutes les résolutions contraignantes du Conseil de sécurité de l'ONU à l'encontre de Damas, "n'est pas l'avocate du régime syrien", a toutefois affirmé Vladimir Poutine lors de cette visite.
La Turquie déploie des avions de chasse
Les relations entre Ankara et Moscou se sont particulièrement tendues le 11 octobre dernier, lorsque les autorités turques ont intercepté un avion syrien venant de Moscou et faisant route vers Damas.
La Turquie a accusé la Russie de livrer des armes au pouvoir syrien. Moscou a démenti, assurant que l'appareil transportait bien des équipements radars mais que cette livraison était "légale".
Autre sujet de contentieux : le déploiement probable, d'ici quelques semaines, de missiles sol-air Patriot à la frontière syro-turque. Ankara a demandé à l'Alliance atlantique (Otan) d'autoriser le déploiement de ces systèmes anti-aériens pour protéger son territoire, alors que les incidents sécuritaires se multiplient à la frontière.
Des obus syriens sont encore tombés ce lundi matin sur la ville turque de Ceylanpinar, lors d'un bombardement de l'armée syrienne sur des positions tenues par les rebelles.
En réaction, Ankara a déployé des avions de chasse F-16 dans cette zone. Le 3 octobre, cinq civils turcs avaient été tués par un tir de mortier syrien.
Les ministres des Affaires étrangères de l'Otan, qui se réunissent à Bruxelles mardi et mercredi, pourraient approuver le déploiement de missiles Patriot.
"Nous espérons que l'Otan sera en situation de répondre de manière positive [à la Turquie] et que les trois pays contributeurs envisagés à l'heure actuelle - les Etats-Unis, l'Allemagne et les Pays-Bas - seront en situation de fournir une contribution", a fait savoir le département d'Etat américain. Pour Moscou, les Patriot vont "exacerber" les tensions
Ce scénario irrite Moscou. "Mettre en place des capacités additionnelles sur la frontière ne calme pas la situation mais au contraire l'exacerbe", a dénoncé lundi le président russe.
Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan ont aussi discuté d'autres sujets plus consensuels : énergie, commerce, coopération culturelle. Les deux responsables ont présidé une réunion du Conseil russo-turc de coopération à haut niveau, un organe de consultation créé en 2009.
L'éventail des relations bilatérales entre les deux pays est large. Ankara et Moscou devaient signer de nouveaux accords économiques, notamment en matière d'énergie. La Turquie est dépendante de la Russie pour son approvisionnement en gaz et la Russie construit également la première centrale nucléaire de Turquie.(Rfi)