« Les moteurs de croissance du précédent cycle de progrès technologique ralentissent progressivement et le nouveau cycle de révolution technologique et industrielle n'a pas encore pleinement démarré » Xi Jiping Président chinois
Les dirigeants du G20 se sont réunis à Hangzhou (Chine), les 4 et 5 septembre 2016. Je rappelle que l’on ait passé du G7, puis au G8 en incluant la Russie, puis au G20. Le G20 regroupe les pays les plus riches de la planète représentant 87% du PIB mondial, plus de 60% de la population de la planète mais seulement 10% des Etats du monde qui sont eux représentés à l’ONU. Les pays membres du G20 sont les suivants : Afrique du Sud- Allemagne- Arabie saoudite-Argentine-Australie-Brésil-Canada-Chine-Corée du Sud- Etats-Unis France-Inde- Indonésie- Italie- Japon- Mexique- Royaume-Uni Russie- Turquie- Union européenne- L’Espagne bénéficie par ailleurs du statut d’invité permanent au G20. Y participent également le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, le Comité monétaire et financier international (membre d’office), le Comité de développement du FMI et de la Banque mondiale (membre d’office). Actuellement, le G20 est la principale tribune de discussion pour la gestion et le contrôle de l’ordre économique international Aussi, le G20 a axé sa stratégie autour de six objectifs, encore qu’existent des divergences entre, d’une part l’Europe et les USA, et entre les pays émergents et les pays développés d’autre part:
Premièrement, l’actuelle réunion du G20 sera consacrée au terrorisme qui est une menace planétaire, les conflits régionaux avec cette masse d’immigrants vers l’Europe, la crise financière d’une ampleur planétaire Les mouvements sociaux, de plus en plus persistants, sont des révélateurs de l’aggravation des malaises des sociétés et de l’inquiétude croissante vis-à-vis de l’avenir et ce, malgré une injection monétaire sans précédent des Etats pour répondre à la paralysie du marché.
Deuxièmement, i ls ‘agira de dégager une réponse commune à la crise financière en évitant toute forme de protectionnisme qui accroîtrait la crise mondiale comme en 1929, en ouvrant les pistes d'une réforme en profondeur du système financier international mais avec des objectifs différents: les Européens privilégient une nouvelle régulation de l’économie surtout avec la nouvelle politique de la BCE une politique néo-keynésienne par une dépense publique ciblée avec un droit de regard de l’Etat rentrant temporairement dans le capital qui sera cédé à nouveau au secteur privé en cas de reprise de la croissance, point de vue que ne partage pas d’ailleurs l’Allemagne. Le FMI et la Banque mondiale, rejoint par les USA paradoxalement qui a accuse un important déficit budgétaire, donne la priorité à l’assainissement des actifs pourris, privilégiant le monétarisme, existant peu de divergences entre les partis républicains et démocrates sinon la finalité sociale. C’est toute la problématique des futures politiques de développement à l’échelle mondiale : accroître les dépenses publiques à travers des déficits budgétaires dans le cadre d’une libéralisation maîtrisée, ou développer le secteur privé et ce, avec un droit de regard de l’Etat rentrant temporairement dans le capital qui sera cédé à nouveau au secteur privé en cas de reprise de la croissance
Troisièmement, les Etats développés misent sur une forte croissance pour pouvoir réduire les déficits budgétaires et diminuer l’endettement public qui atteint un niveau intolérable. Or, à la différence des années passées le monde occidental y compris le Japon est caractérisé non pas par l’inflation qui joue comme amortisseur dans la diminution de la dette publique, mais par la déflation. Comme dès lors éponger la dette publique ? Si la croissance ne dépasse pas 2% par an en termes réels dans les années à venir, comment rembourser la dette? Certes existant d’autres options pour réduire la dette publique comme la réduction des effectifs de la fonction publique, et la pression fiscale ; mais avec le risque, non ciblé, de la récession et des mouvements sociaux.
Quatrièmement, il y aura lieu de tenir compte de la position des pays émergents qui proposent une lutte contre le protectionnisme, étant paradoxalement les défenseurs de la mondialisation, une plus grande représentation au niveau du FMI et de la Banque mondiale, une nouvelle monnaie internationale, (rappelons que le dollar avait été connecté à l’or, puis nous avons assisté à sa déconnection en 1971 avec la suprématie du dollar comme étalon d’échange international qui représente, aujourd’hui, bien qu’en nette diminution relative,), car le risque à terme, en cas de méfiance, étant le déclassement du dollar, ce qui accélèrerait sa dépréciation dont les bons de trésor. Le président chinois Xi Jinping a appelé dimanche les membres du G20 à répondre aux pressions négatives pesant sur l'économie mondiale en coordonnant davantage leurs politiques économiques et en évitant le protectionnisme
Cinquièmement, , paradoxe étant passé de l’endettement bancaire à un endettement accru des Etats comme signalé précédemment, ., il s’agira de prendre de nouvelles initiatives pour parer à d'éventuelles faillites bancaires et imposer aux banques de nouvelles normes comptables, donc des règles plus strictes sur les agences de notation, la titrisation, le blanchiment d’argent et les parachutes dorés en moralisant le capitalisme,
Sixièmement, il s’agira intégrer le défi écologique (nouveau modèle de consommation énergétique), des aides étant attribuées aux secteurs qui s’engagent à faire des économies d’énergies et développer les énergies renouvelables (accord du COP21 qui sera suivi de la réunion prochainement de la COP22 au Maroc dont l’accord historique le 04 septembre 2016 entre les USA et la Chine) pour le BTPH et des technologies propres pour le secteur transport l’agriculture, les services et l’industrie. Car le réchauffement climatique n’est pas une chimère, et si la Chine et l’Inde avait le même modèle de consommation énergétique que les USA et l’Europe, il faudrait quatre fois la planète.
En résumé, dans un contexte incertain, doit-on se contenter de revenir à une politique de régulation économique qui pourrait prendre la forme d'un «néo-keynésianisme vert mondial», ou doit-on envisager, concrètement, une réforme structurelle du capitalisme, en réalité une nouvelle régulation des relations politiques et économiques internationales privilégiant un espace mondial équilibré et solidaire avec cette nouvelle donne du terrorisme et de la déstabilisation des Etats ,d’une part et d’autre part évier cette financiarisation accrue en favorisant les producteurs de richesses tenant compte des interdépendances accrues des économies et de la marginalisation d’une fraction croissante de la population mondiale? L’abondance et l’opulence y côtoient d’une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement dont d’ailleurs la mauvaise gouvernance des dirigeants du Sud est en grande partie responsableet on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l’humanité si rien de décisif n’est entrepris.
Professeur des Universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL
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