Algérie 1

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La refondation de l'Etat passe par un dialogue productif, une élection présidentielle transparente, un Etat de droit, la démocratie et des réformes

06-08-2019 16:56  Pr Abderrahmane Mebtoul

Cette présente et modeste analyse se veut une contribution au débat qui engage l’avenir de l’Algérie qui  a un répit de deux  ans, ne souffrant pas d’une crise financière mais d’une crise de gouvernance. Il ne s’agit pas de créer des commissions administratives auto-désignées bureaucratiquement, éloignées des préoccupations de la société, ancienne culture bureaucratique car  le  temps presse. La  crise de gouvernance actuelle risque de se  transformer en crise économique et sociale avec des incidences géostratégiques isolant l’Algérie de  l'arène internationale  horizon 2022  avec la cessation de paiement avec l’épuisement des réserves de change , si l’on ne résout pas la crise politique  et on ne change pas de cap sur le plan économique ,  interpellant  le Politique  et toute la société. La construction  de la démocratie, tenant compte des anthropologies culturelles,  au vu des expériences historiques,  ne se fait pas  d’une baguette magique étant un processus de longue haleine et de luttes sociales et politiques. Et la finalité, en démocratie, ce sont des élections transparentes fondées sur des programmes précis réalisables et une large participation de la société qui donneront la réelle cartographie  politique  des différentes forces politiques

1.-La refondation de l’Etat pose fondamentalement la problématique  de la moralisation de la société algérienne renvoyant à l’actualité des analyses ibn khaldoudiennes de décadence de toute société anémique : méditons les expériences du syndrome hollandais (corrélation entre l’aisance financière et la corruption généralisée) ,  la Roumanie communiste qui avait une dette extérieure zéro mais une économie en ruine et une misère croissante et récemment la semi faillite du Venezuela première réservoir pétrolière  mondiale. En effet, la moralisation renvoie aux  différents scandales financiers qui touchent certains secteurs publics et privés, la corruption  relatés chaque jour par la presse nationale, encore que dans tout Etat de droit cela implique  la présomption d’innocence afin d’éviter les suspicions et les règlements de comptes inutiles. Ces constats témoignent de la désorganisation des appareils de l’Etat censés contrôler les deniers publics et surtout le manque de cohérence entre les différentes structures en cette période difficile de transition d’un système étatique à une véritable économie de marché concurrentielle tenant compte des nouvelles mutations mondiales. Ces scandales jouent comme facteur à la fois de démobilisation des citoyens par une névrose collective du fait que ces montants détournés sont la propriété de toute la collectivité nationale et comme frein à l’investissement national et international porteur de croissance et de création d’emplois durables à moyen et long terme. Ainsi selon les rapports des organismes internationaux l’Algérie, malgré des textes juridiques louables, que contredisent quotidiennement les pratiques, l’Algérie est classée comme un pays connaissant un taux de corruption très élevé. C’est pourquoi, les hommes d’affaires tant nationaux qu’étrangers du fait du manque de visibilité dans la démarche de la réforme globale et dans  le manque de clarté dans la gouvernance, se réfugient dans des segments de court terme (importation, infrastructures notamment fonction du programme de soutien à la relance économique ), sans risques, étant assurés d’être payés du fait de l’importance des liquidité bancaires et des réserves de change non fruit du travail, mais essentiellement à l’envolée des prix des hydrocarbures. Ainsi, l’Algérie est fortement dépendante tant des biens de consommation finale que de la majorité de entrants tant des entreprises publiques que privées,  (taux d’intégration inférieur à 15/20%)  et assistant paradoxalement à l’exode massif de ses cerveaux du fait de leur dévalorisation avec  l’importation de l’assistance étrangère dont le poste au niveau de la balance de paiement atteint un niveau intolérable (10/11 milliards de dollars/an entre 2016/2018 ) qui s’ajoutent à l’importation des biens dont toutes les mesures bureaucratiques n’ont pas  permis la baisse substantielle  (45/46 milliards de dollars 2016/2018) , encore que le  montant de l’endettement extérieur qui grâce aux remboursements par anticipation est faible (1/2% du PIB).  Le divorce entre les objectifs et les moyens de réalisation (faiblesse des capacités d’absorption) entraîne un gaspillage des ressources rares, avec une mauvaise gestion  que l’on voile par de l’activisme et sans bilan réel,(comme la règle des 49/51%), une fuite en avant dans des projets non maturés, ensuite mal faits, souvent réévalués expliquant le faible taux de croissance non  corrélée à l’importance de la dépense publique (moyenne de 3% entre 2010/2018). Or  le taux d’emploi et donc la baisse du taux de chômage, tenant compte de la pression démographique (arrivée chaque année de 350.000/4500.000 de demandes d’emplois additionnelles qui s’additionnent au stock du taux de chômage actuel sous estimé, surtout le segment féminin) est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité. On ne peut assister à une baisse du taux de croissance et paradoxalement affirmer que le taux de chômage diminue ou que le pouvoir d’achat augmente, amplifié par la concentration excessive des revenus au profit d’une minorité rentière et non d’entrepreneurs mus par la création de richesses. D’où l’importance d’un discours de vérité, rien que la vérité évitant tant de verser  dans l’auto- satisfaction, renvoyant à une autre culture d’Etat et donc de la mise en place de mécanismes transparents que  la sinistrose devant  reconnaître une non maîtrise de la gestion avec des surcoûts exorbitants et l’urgence de corriger l’actuelle trajectoire qui a atteint ses limites posant la problématique de la refondation de l’Etat. 

 2.-La prospérité ou le déclin des civilisations de l’Orient et de l’Occident avec ce brassage des cultures à travers le temps, ont montré qu’il ne s’agit pas de renier les traditions positives qui moulées dans la trajectoire de la modernité, peuvent être facteurs de développement : l’expérience du Japon, de la Chine, de l’Inde et de bon nombre de pays émergents l’attestent car un peuple sans sa culture est comme un peuple sans âme. Or, l’absence d’une élite organique agissante en Algérie capable d’élaborer des idées structurantes et peser par ses analyses sur les tendances et les choix majeurs qui fondent et marquent le lien social se fait cruellement sentir. Ce vide culturel a des incidences sur la dé- crédibilisation de la politique ce qui réduit l’influence des partis  politiques qui avec la tendance actuelle de leur  discours risquent d’être disqualifiés. Mais au- dessus de tout, l’Algérie reste un pays dynamique, plein de vitalité, qui se cherche et cherche sa voie. Un processus de mutations internes est en train de se faire, par une certaine autonomie qui annonce de nouvelles mutations identitaires - pas celles qu’on croit, mais celles qu’on soupçonne le moins qui s’imposeront. Les Algériens veulent vivre leurs différences dans la communion et non dans la confrontation que leur imposent les idéologies réfractaires et en tout point de vue fragmentaires d’où l’importance  d’un dialogue productif sur la base d’objectifs précis devant de tirer les leçons du passé récent afin de forger positivement notre avenir commun.  Nous devons devenir des citoyens qui se respectent parce qu’ils se respectent d’abord entre eux.  Un Etat doit être un Etat  de droit  où la hiérarchisation sociale est codifiée par des normes admises, assimilées et intériorisées. Ces normes sont d’abord le résultat d’une grande maturation historique durant laquelle l’individu ou le groupe aurait démontré par les actes ses disponibilités à servir la communauté et ce à partir de ses qualités intrinsèques et qui font l’unanimité. Si refondation de l’Etat il y a, ce n’est pas non plus des retouches techniques touchant la réorganisation bureaucratique du territoire. La refondation de  l’Etat  passe nécessairement par la refondation de son esprit (philosophie) et ses lois (règles) pour qu’elles deviennent un Etat droit.. La refondation de l’Etat ne doit pas être comprise comme une négation de notre identité mais comme une nécessité que les mutations et les enjeux d’aujourd’hui imposent et dépasse et de loin l’aspect technique de la politique. Elle touche en réalité le fondement de la République  et les idées qui la fondent. Un Etat fort ne se mesure pas uniquement par une quelconque action sociale et économique mais aussi, par une opposition féconde capable de prendre le relais sans violence. Aussi dans le cadre de cette refondation politique, l’Algérie ne peut revenir à elle- même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétences, de loyauté et d’innovation sont réinstaurés comme passerelles de la réussite et de la promotion sociale et limiter l’action de l’immoralité et de la assabia (relations tribales et de clientèles) facteurs de la décadence de toute société. En effet, l’accumulation des richesses a suivi le processus de positionnement des cadres dans les secteurs névralgiques ou même secondaires de l’économie et surtout son domaine public. C’est presque à partir de l’accumulation des richesses dans ce secteur et leur redistribution que s’est construite la structure sociale  en Algérie, structuration lente non achevée d’où l’importance de certaines fonctions électives ou nominations à des postes clefs ou les candidats y voient un moyen de s’enrichir et enrichir leurs soutiens. En effet, ce genre de situation est à prendre en considération et sa a gestion consiste à entreprendre une sorte de carte généalogique de chaque espace et le gérer au cas par cas. Car toute crise  à la fois économique mais également sociale et culturelle engendre les résurgences identitaires et tribales qui peuvent les conduire à un comportement conservateur néfaste au développement du pays  surtout qu’à un certain temps ils ont jouit de privilèges importants qui les poussent progressivement à former des lobbys discrets, mais efficaces de blocage tant des réformes politiques qu’économiques. C’est par rapport à ces référents que s’est constitué la assabia ethnico- financière. C’est que   les exigences d’un Etat fort de sa droiture et de son droit si elles constituent un outil vital pour la cohésion nationale et le destin de la nation ne doivent pas occulter les besoins d’autonomie de pouvoirs locaux qui doivent être restructurés en fonction de leur histoire anthropologique et non en fonction des nécessités électoralistes ou clientélistes. La refondation de l’Etat, pour ne pas dire sa fondation comme entité civile, passe nécessairement par une mutation profonde de la fonction sociale de la politique. Cela suppose en Algérie que le pouvoir bienfaisant inauguré comme contrat politique implicite par les tenants du socialisme de la mamelle afin de légitimer l’échange d’une partie de la rente contre la dépendance et la soumission politique et qui efface tout esprit de citoyenneté active, ce pouvoir doit céder la place à un pouvoir juste, justicier et de justice. C’est la norme du droit qui reprend sa place pour légitimer le véritable statut de la citoyenneté. Le passage de l’Etat de « soutien » à l’Etat de droit est de mon  point de vue un pari politique majeur car il implique tout simplement un nouveau contrat social et un nouveau contrat politique entre la Nation (Oumma) et l’Etat (la Dawla).  En réalité la question qui mérite d’être posée aujourd’hui : est ce que les pouvoirs politiques algériens successifs de 1963 à 2018 ont- ils édifié un Etat national d’abord et qu’est ce qu’un Etat national dans le cas algérien précisément car, il faut bien le rappeler, il n’y a pas d’Etat national standard mais  que des équipements anthropologiques intrinsèques historiquement datés qui  modèlent le  système politique.

3.- La refondation de l’Etat ne saurait se limiter à une réorganisation technique de l’autorité et des pouvoirs. Elle passe par une transparence totale et une clarté sans nuance dans la pratique politique et les hommes chargés par la Nation de la faire car la gouvernance est une question d’intelligence et de légitimité réelle et non fictive. C’est dans ce cadre qu’il faille revaloriser le savoir et donc la compétence qui n’est nullement synonyme de poste dans la hiérarchie informelle, ni de positionnement dans la perception d’une rente. La compétence doit se suffire à elle-même et son efficacité et sa légitimité se vérifient surtout dans la pertinence des idées et la symbolique positive qu’elle ancre dans les corps et les acteurs sociaux. La compétence n’est pas un diplôme uniquement mais une conscience et une substance qui nourrissent les institutions et construisent les bases du savoir. Sans cela, les grandes fractures sont à venir et les tentatives de  refondation de l’Etat  ne seraient plus en mesure de réaliser les aspirations d’une Algérie arrimée à la modernité tout en préservant son authenticité. Car cette nécessaire refondation de l’Etat est une condition nécessaire pour la réussite des réformes institutionnelles et l’optimalisation de la  dépense publique  ainsi couplée avec de nouvelles formes de protection sociale, pour plus de justice sociale non antinomique avec l’efficacité économique, .impliquant plus de décentralisation à ne pas confondre avec l’avatar néfaste du régionalisme  et  de la   déconcentration qui renforce la bureaucratisation. La vision centralisatrice jacobine annihile les créativités   et la régionalisation économique  est une voie salutaire pour bon nombre de pays  évitant l’autoritarisme d’en haut de peu d’efficacité tant économique que sociale impliquant des institutions appropriées. La réussite des réformes tant politiques qu’économiques  implique  de  saisir les tendances réelles de la société algérienne face tant aux mutations internes que mondiales., d’analyser avec lucidité  les relations  dialectiques réformes  et  les segments  de la production de la rente ( Sonatrach) et  celui de sa redistribution ( système financier),   bouleversant  des intérêts, les gagnants de demain  n’étant pas forcément ceux   d’ aujourd’hui. Lorsque  la valeur de la rente  des hydrocarbures s’ accroît, paradoxalement les réformes  sont  freinées  et l’on assiste à une redistribution passive de la rente  pour une paix sociale éphémère avec l’extension de la corruption  et  une concentration excessive du revenu national  au profit d’une minorité rentière. Ce couple contradictoire des forces politiques, économiques sociales défendant la   rente ou les réformes explique l’instabilité juridique et  le manque de cohérence et de visibilité dans la réforme globale .D’où l’importance d’ une redéfinition du nouveau rôle de l’Etat dans le développement économique et social et d’une manière claire  les relations entre l’Etat et le marché qui doivent procéder d’une démarche pragmatique  dont je ne citerai que quelques axes directeurs : la production d’une culture politique participative, une communication institutionnelle efficiente, -une nouvelle réorganisation institutionnelle des fonctions des ministères  et des collectivités locales s’insérant au sein d’objectifs stratégiques précis,  une nouvelle politique des subventions ciblées,  la résolution  tant du foncier industriel  qu’agricole et son corollaire l’eau,une nouvelle politique salariale et du marché de l’emploi conciliant flexibilité et sécurité, une nouvelle politique par la réunification des caisses  de retraite afin d’éviter  leur implosion, -la   dynamisation du secteur privé  et du partenariat public privé national et international  créateur de richesses supposant un assouplissement de la règle des 49/51%, l’apport par des mesures incitatives de nos émigrés à l’étranger qui doivent impérativement contribuer au développement national, une politique clairement définie dans le temps de la transition énergétique et du nouveau modèle de consommation énergétique,  une redéfinition de la politique étrangère devant reposer sur des réseaux décentralisés de la société civile  et une redéfinition des missions des ambassades ( résultat en fonction de l’allocation devises) et une redéfinition des missions  et de la défense sécurité  s’adaptant aux nouvelles technologies, (réseaux de satellites- cybercriminalité) et  des nouvelles mutations  géostratégiques mondiales.

4.- Comme je l’ai rappelé souvent, en ce mois d’aout  2019 et cela ne date pas d’aujourd’hui, l’Algérie traverse avant tout une crise de gouvernance  ce qui implique  d’avoir une vision stratégique de l’Algérie horizon 2020/2030 du devenir de l’Algérie. L’Algérie a toutes les potentialités, pour dépasser les tensions budgétaires actuelles  mais pour paraphraser  les  militaires  devant s’attaquer à l’essentiel et non au secondaire afin de ne pas  se tromper de cibles. Il existe une loi en sciences politiques : 20% d’actions bien ciblées ont un impact de 80%.  Mais 80% d’actions mal ciblées ont un impact seulement de 20%. Espérons comme je l’ai suggéré  déjà en 2016 lorsque j’ai été invité comme personnalité nationale au moment de la révision de constitution, un large front social tolérant les différences, personne n’ayant le monopole du patriotisme à  ne pas confondre avec le chauvinisme nationaliste raciste, une grande conférence nationale pour tracer les perspectives futures de l’Algérie, proposition que j’ai réitéré le 26 novembre 2014 devant le premier ministre de l’époque et les membres du gouvernement lors  d’une conférence nationale au club des Pins. Je me félicite que cette proposition  ait été retenue par la suite tant par les partis du pouvoir que de l’opposition ( voir nos différentes analyses entre  2009/2018 sur l’urgence d’un front national anti- crise www.gogle.com) .  Pour dépasser l’entropie, et trouver des solutions réalistes,  il s’agit  de réaliser  un bilan serein de tout ce qui a été réalisé et ce qui reste à faire pour corriger les erreurs du passé et ce par un langage de vérité loin de toute sinistrose, une visibilité et cohérence dans la démarche des réformes et une nette volonté politique de changement. L'Algérie a besoin  pour sa crédibilité nationale et internationale, de tensions géostratégiques au niveau de la région et des tensions budgétaires inévitables entre 2019/2020/2025 de rassembler tous ses enfants dans leur diversité et non de nous diviser. Il faut impérativement faire taire nos divergences et privilégier uniquement les intérêts supérieurs de l'Algérie nécessitant un minimum de consensus économique et social qui ne saurait signifier unanimisme signe de décadence de toute société afin de stabiliser le corps social.  Car le fondement de la réussite des réformes doit passer nécessairement  par  le  retour à la confiance, impliquant la moralité et une autre gouvernance de ceux qui dirigent la Cité,  sans laquelle aucun développement n’est possible.  Plus on diffère les réformes institutionnelles et micro-économiques, plus on épuisera les réserves de changesC’est seulement dans ce cadre de dialogue productifque je pense fermement que l'Algérie a des ressorts pour surmonter la crise multidimensionnelle actuelle .C’est une entreprise d’envergure consistant principalement :  réorganiser le champ de l’information et de la communication pour plus de concurrence car l’information en ce XXIème siècle n’est plus le quatrième pouvoir mais le cœur du pouvoir même, réorganiser le mouvement syndical et associatif dont la promotion de la femme signe de la vitalité de toute société, la réforme de la justice par l’application et l’adaptation du Droit tant par rapport aux mutations internes que du droit international, adapter le système éducatif, centre d’élaboration et de diffusion de la culture et de l’idéologie de la résistance au changement et à la modernisation du pays et  la  réforme du système financier qui est un préalable essentiel à la relance de l’investissement public, privé national et étranger, les banques publiques et privées étant au cœur d’importants enjeux de pouvoir entre les partisans de l’ouverture et ceux de préservation des intérêts de la rente. La réforme du système financier  est considérée, à juste titre, comme l’indice le plus probant de la volonté politique de l’Algérie  d’ouvrir ou non l’économie nationale à la libre entreprise. 

5.-  Pour l’Algérie, la gestion volontariste depuis l’indépendance, les enjeux de pouvoir internes, la crise économique, sociale et culturelle et, enfin  les contraintes externes de plus en plus pesantes ont abouti à des changements, menés parfois à la hussarde, qui ont révélé une réalité bien amère : l’absence dramatique d’une véritable stratégie nationale d’adaptation face tant aux nouvelles mutations internes qu’aux nouvelles mutations mondiales.  La conjonction de facteurs endogènes et exogènes et l’intervention massive –  parfois directe et par moment insidieuse – d’acteurs internes et externes- a abouti  à une transition  qui se traîne en longueur depuis des décennies et non  pas seulement  pour la période actuelle. Depuis  fort longtemps et pas seulement durant la période actuelle,  l'Algérie semble chavirer un moment et reprendre avec hésitation ses équilibres un autre moment. Il ne s'agit pas de renier les traditions positives qui moulées dans la trajectoire de la modernité, peuvent être facteurs de développement. La refondation de l’Etat et la réussite des réformes  passent par un nouveau mode de gouvernance dont le fondement est la liberté au sens large pour une société participative et citoyenne tenant compte de notre anthropologie culturelle historiquement datée comme en témoigne les différents cycles de civilisations depuis que le monde est monde. Cela renvoie à une vision stratégique globale, l’histoire devant être intégrée (le devoir de mémoire) où le Politique, l’Economique, le Social et le Culturel , sont inextricablement liés au sein d’un univers de plus en plus globalisé, où les grands espaces socio-économiques dominent, impliquant forcément l’intégration du grand Maghreb,  au sein de l’espace méditerranéen et africain impliquant une révision  de notre politique étrangère où en ce XXIème siècle à travers  les réseaux de la société civiles,  la maîtrise des innovations technologiques , la révolution dans le domaine de l’information et  le contrôle des circuits commerciaux et financiers. Avec cette préoccupation majeure en ce XXIème siècle, le défi écologique qui nous impose un changement profond dans les deux prochaines décennies de notre mode de production et de consommation si l’on veut éviter un désastre planétaire qui touchera en premier lieu les pays les plus pauvres et donc l’Algérie qui est fortement interpellé. En bref, sans la  résolution de la crise politique et  de changer de cap l’actuelle politique socio-économique, l’ancienne  politique conduisant le pays droit au mur avec cette corruption socilaisée,  la dérive économique et sociale est inévitable. Le montant des réserves de change dépend essentiellement, à la hausse comme à la baisse, des recettes d’hydrocarbures sont en avril 2019 de 72,8 milliards de dollars, contre 178,9 en 2014 ; 114,1 milliards de dollars fin 2016 ; 97,3 milliards de dollars à la fin de 2017 et 79,8 milliards de dollars à la fin de 2018. La baisse sur les quatre premiers mois de 2019 a été de 7 milliards de dollars et au même rythme, elle s’élèvera à 21 milliards de dollars à la fin de 2019. Au cours d’un baril fluctuant entre 60-65 dollars, au rythme de la dépense actuelle, sans un taux de croissance dépassant 8 % à 9 %, nous aurons 58 milliards de dollars fin 2019, 37 en 2020, 16 en 2021 et la cessation de paiements vers août-septembre 2022, voire avant la fin du premier trimestre 2022. L’Algérie acteur stratégique au niveau de la région, a besoin de paix et de sécurité qui interpelle également nos partenaires étrangers, car toute déstabilisation aurait une  répercussion régionale (voir nos interviews in American Herald Tribune-USA-  26/12/2016 et 11/08/2018 et Africa-Presse, Paris en trois parties 08/09/10 aout 2018). Mais  la stabilité est conditionnée par  de profondes réformes qui ne peut  provenir que des algériens eux mêmes, permettant un développement durable conciliant efficacité économique et une profonde justice sociale. Il s'agit là de l'unique voie que doivent emprunter les Algériens afin de transcender leurs différence  et à trouver de nouvelles raisons de vivre harmonieusement ensemble et de construire le destin exceptionnel que nos  glorieux aînés de la génération du 1er Novembre 1954 ont voulu désespérément pour eux.  J’ose espérer un avenir meilleur pour mon pays fondé sur  un Etat de Droit,   plus  de tolérance et le renforcement  du  dialogue productif, loin de tout extrémisme, rassemblant tous les  algériennes et algériens.

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Références-  

Sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul : bilan du processus d’industrialisation 1965/1978 Ministère Industrie- Energie assisté de 15 experts –Alger - 6 volumes 680 pages-  audit sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul pour le comité central du FLN 1980 8 volumes 9200 pages  « réformes et place du secteur privé au sein de l’économie nationale -  Ouvrage collectif sous  la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul  «  Les enjeux de l’Algérie : réformes et démocratie »  2 volumes Casbah Edition Alger- 2005 (520 pages)  -Interview du Pr Abderrahmane Mebtoul- au quotidien gouvernemental Ech Chaab samedi 15 décembre 2018 «  réformes  et  un large front social anti -crise »  -interview 28 décembre  2017 à American Herald  Tribune’58 pages)  et au site français la tribune .fr mars 2017   « toute déstabilisation de l’Algérie, un impact négatif sur le bassin méditerranéen et l’Afrique »  .-Intervention A l’American Herald tribune 11 aout 2017 «  Dr. Abderrahmane Mebtoul: “Algeria Still Faces Significant Challenges » - ( 13 pages)  -Les axes de la relance socio-économique  de l’Algérie face à la mondialisation 2014/2020/2030  : bonne gouvernance, valorisation de la connaissance  - embrassant le domaine international national et les politiques sectorielles audit réalisée pour le premier ministère  / volumes 900 pages sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul assisté de 20 experts-



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