Algérie 1

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La raison (d’Etat) l’emporte

23-12-2013 13:55  Rafik Benasseur

En vingt quatre heures seulement les relations algéro-françaises, (ou franco-algériennes c’est selon) sont passées de l’inimité radicale à celle d’un couple qui file le parfait amour, ou presque. Ceci par la magie d’une phrase malheureuse du président François Hollande qui a eu l’indélicatesse de s’être moqué de l’Algérie et des algériens qui plus est, devant une assemblée pas très amène avec notre pays.

Bien que cette phrase assassine de Hollande a été débusquée par des internautes algériens, trois jours plus tard, la levée de bouclier et le tollé ont été à la mesure de l’injure. Les algériens se sont logiquement sentis insultés et blessés dans leur amour propre par le président de l’ancienne puissance coloniale avec tout ce que cela charrie comme arrière pensées.

Pis encore, cette insulte, parce qu’il faut bien l’appeler ainsi n’en déplaise à «l’interprétation infondée» évoquée par l’Elysée, est intervenue au moment où le Premier ministre français Jean Marc Ayrault se remplissait les poches à Alger à coup de contrats importants pour les entreprises du CAC 40.

C’est là un facteur qui aura aggravé le cas du président Hollande, conformément à l’adage populaire bien de chez nous selon lequel on ne crache pas dans la soupe ou que l’on ne mord pas la main qui donne.

Cracher dans la soupe

Et au-delà de ce pragmatisme très «économique», le président français a commis une bévue monumentale lui qui connaît assez bien la sensibilité à fleur de peau des algériens. Pourquoi s’est-il laissé aller à des commentaires outrageants, polémiques et franchement dégradants contre l’Algérie et les algériens ? C’est celle là la vraie question de cet «acte manqué» de François Hollande.

Les citoyens algériens, les moudjahiddines, des partis politiques, et bien sûr le ministre des affaires étrangères étaient dans leur bon droit de dénoncer cette inélégance et cette arrogance gratuite du président français. Cela fait d’autant plus mal que ce même président a eu droit à un long tapis rouge il y a tout juste une année et à des bains de foule à Alger et Tlemcen.

Quelle mouche a donc piqué Hollande pour qu’il jette ainsi l’anathème sur un pays qui l’a accueilli à bras ouverts et qui lui a permis d’oublier un peu ses soucis politiques chez lui ? Difficile de saisir les tenants et les aboutissants d’une telle «plaisanterie» de mauvais goût.

Un problème de cuisine interne?

Faut-il alors prendre pour argent comptant le communiqué de l’Elysée selon lequel ce serait juste une «interprétation infondée» ? Ce serait prendre les algériens pour ce qu’ils ne sont pas y compris le ministre des affaires étrangères qui a pointé à juste titre «l’inélégance» et le manque du «sens de la mesure» du président Hollande.

Sinon quelle est donc la vraie interprétation de la petite phrase de Hollande ? Certains en France affirment qu’elle relève exclusivement de la cuisine interne en ce sens que Manuel Valls, le chouchou du CRIF, ne supporterait pas la compagnie de son Premier ministre Jean Marc Ayrault.

Ainsi, en disant que «c’est déjà beaucoup» que Valls «revienne sain et sauf» d’Alger, Hollande faisait allusion à son inimitié avec Ayrault. Mais si tel est l’interprétation réelle de la phrase, il est pour le moins impossible pour les algériens de la décrypter ainsi. Il aurait fallu que l’Elysée rectifie aussitôt le tir avant que la balle n’atteigne par erreur (?) les algériens.

Le MAE algérien a-t-il été mis dans la confidence pour avoir déclaré sa finalement sa «satisfaction»? Possible. Auquel cas cette raison d’Etat mal assumée en France aura provoqué de graves dommages collatéraux en Algérie. Et le président Hollande aura péché par son amateurisme pour le coup anormal pour un chef d’Etat.



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