Dans les propositions de révision constitutionnelle de la commission Kerdoun, il y en a une qui mérite d’être particulièrement soulignée : c’est le retour à la limitation des mandats. Dans l’article 74, il est en effet stipulé que « le président est rééligible une seule fois » et que « la durée du mandat présidentiel est de cinq ans ». Il s’agit là d’un amendement majeur qui consacre le retour à la Constitution du président Zeroual.
Cet amendement, selon ses rédacteurs permettra « la constitutionnalisation de l’alternance démocratique, dans le préambule et sa traduction dans le corps de la Constitution par une limitation du nombre de mandats présidentiels ». Plus loin les rédacteurs du projet expliquent que « ce principe qui est une exigence de la démocratie et constitue un de ses fondements essentiels est de nature à consolider les fondements de la démocratie, à redynamiser la vie politique et à favoriser, à terme, l’émergence d’une culture de l’alternance dans notre pays ».
L'affirmation de tous ces principes, pour justifier le retour à la limitation des mandats, louable au demeurant, pose néanmoins une grande question. Pourquoi ces mêmes principes n’ont pas été convoqués en décembre 2008, au moment où le président Bouteflika avait décidé de faire amender la Constitution pour ouvrir le mandat ? La volonté du président Bouteflika était-elle plus forte en 2008 que ces principes d’alternance et de démocratie ?
Une chose est sûre : le retour à la Constitution Zeroual est une condamnation à postériori de la révision de 2008 qui signifierait donc négation de « démocratie » et d’ « alternance ». Pour Abdelaziz Rahabi, ex ministre de la communication, « ces propositions sont une reconnaissance explicite que la crise institutionnelle que nous vivons aujourd’hui est la conséquence directe de la révision de la seule constitution de convergence de l‘Algérie indépendante, celle de 1996 sous la présidence de Liamine Zeroual ».
Autres questions : tous ces partis politiques qui ont défendu hypocritement et par pure jésuitisme, le principe de l’ouverture des mandats, pour plaire au président Bouteflika, seront en peine de trouver des arguments pour justifier leur soutien au retour à deux mandat. Mais, il est vrai qu’ils ne sont pas à un retournement de veste près. Ils ont cette capacité à défendre la chose et son contraire avec le même aplomb.