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La police pour lutter contre le chômage

23-04-2013 15:31  Rafik Benasseur

On vient de découvrir ahuris la nouvelle "stratégie" de l’Etat pour lutter contre le chômage. Et bien c’est la sûreté nationale qui va s’en occuper…

Le directeur général de la DGSN, le général Abdelghani Hamel, a instruit les chefs de sûreté des huit wilayas du sud (Ouargla, Ghardaïa, Adrar, Tamanrasset, Illizi, Ouargla, Bechar et Tindouf) d’ouvrir prés de 6.000 postes d’emploi entre policiers, personnel civil assimilé (PCA).

Mieux encore, cet ordre de recruter précise que les heureux bénéficiaires ne seront pas contraints de subir des concours.

Ce sera à tour de bras ! Et pour donner un caractère solennel et une dimension politique à l’opération, la DGSN organise aujourd’hui même des journées portes ouvertes sur l’emploi qui s’étaleront jusqu’à jeudi 25 avril.

Une sorte de salon de l’emploi dédié à la police…

Il ne faut pas être un devin pour comprendre que cette opération obéit à un objectif politique. C’est tellement évident dans une région en proie à des mouvements de protestations cyclique de la jeunesse depuis des mois.

On remarquera en effet que le sud est la seule région du pays qui a eu l’honneur de recevoir cette soudaine générosité de la police.

Dans l’absolu, il n’est pas interdit à la police d’étoffer ses troupes à Ouargla, Ghardaïa et Tam s’il y avait réellement un manque dans ses effectifs. Sauf qu’on n’a pas entendu le DGSN évoquer ce besoin de recruter avant le déclenchement des manifs dans ces wilayas.

Des boucliers anti émeutes

On devine du reste aisément le double objectif de cette opération : offrir un boulot et un revenu à la jeunesse désœuvrée et dans le même temps servir de bouclier à des actions de protestation à venir.

Un double emploi qui va comme un gant aux autorités soucieuses d’en finir le plus tôt possible avec une instabilité sociale qui tranche avec le légendaire calme des gens du sud.

Mais cette petite bouffée d’oxygène tendue par la DGSN aux jeunes de Ouargla, Ghardaïa et d’ailleurs cache mal le désert économique qui frappe la région toute entière.

Elle confirme si besoin était que les gouvernements successifs n’ont rien fait dans ces wilayas qui pouvait assurer aux jeunes du travail non pas en tant que flics mais en tant que cadres dans des entreprises créatrices de richesses.

L’uniforme pour masquer le désert économique

A son corps défendant, l’Etat vient de fournir lui-même la preuve de sa mauvaise gestion en ayant laissé cette région en jachère des décennies durant. Il est en effet tellement facile de "pondre" une instruction aux différents corps de la sécurité, de la protection civile, voire même de l’Etat civil pour recruter même en surnombre des fonctionnaires payés sur le budget de l’Etat.

Mais il serait économiquement malvenu de parler de lutte contre le chômage quand c’est le contribuable qui devra payer ces nouveaux "emplois" non créateurs de richesses.

C’est même une démarche anti économique au même titre que les fameuses augmentations salariales avec rappel depuis 2008 qui ont gravement grevé le budget de l’Etat.

Par cette façon de faire, le gouvernement signifie qu’il ne sait pas créer de l’emploi mais sait comment dépenser sans compter la rente pétrolière quand les algériens le rappellent à l’ordre.

Faut-il alors se réjouir du recrutement des ces milliers de policiers et assimilés au sud ? Tout dépend du bord où l’on se situe…

 

 



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