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La paix au Liban plus que jamais menacée

20-10-2012 12:15  Abbès Zineb

Au lendemain de l'attentat à la voiture piégée dans le centre de Beyrouth, dans lequel a péri un agent de sécurité de premier plan libanais,la presse libanaise ne cache pas son inquiétude.

"La paix civile en danger", titre ainsi le quotidien "as-Safir", qui dit s’attendre au "pire" après l’"assassinat" de Wissam el-Hassan, chef des services de renseignement des Forces de sécurité intérieure (FSI), qualifié d'"artisan de la sécurité" par le journal.

Sa mort a "transporté le Liban d'une rive à une autre, avec tous les dangers qui guettent la stabilité et la sécurité», déplore pour sa part le quotidien "An-Nahar" (actuellement piraté…).

Des manifestations ont éclaté dans des régions à majorité sunnite, raconte "L’Orient-Le Jour"; des hommes, dont certains armés, ont brûlé des pneus et coupé des routes notamment entre Tripoli, la grande ville du Nord, et la frontière syrienne, ainsi que dans le quartier de Corniche el-Mazraa à Beyrouth.

L’armée libanaise a appelé à la retenue samedi. "Nous appelons le peuple libanais à dépasser ses blessures et à s’unir dans le but de barrer la route aux dissensions recherchées par les criminels", affirme le commandement de l’armée dans un communiqué relayé par le quotidien francophone libanais.

"Tous les moyens seront mis en œuvre pour démasquer les coupables et les traduire en justice, le général Hassan est le martyr de l’armée, des services de sécurité et du Liban tout entier", conclut le texte.

L’opposition libanaise accuse la Syrie, l’Iran accuse Israël…

L’attentat de samedi, qui a fait huit morts et 86 blessés près de la place Sassine dans le quartier d'Achrafieh, est considéré comme le pire que la capitale libanaise ait connu depuis 2008, et comme un signe supplémentaire de contagion de la guerre civile en Syrie, qui perdure depuis 19 mois.

Vendredi soir, l'ancien Premier ministre devenu chef de l’opposition, Saad Hariri, ainsi que le dirigeant druze Walid Joumblatt, ont nommément accusé le président syrien d'en être responsable. "Nous accusons Bachar el-Assad d'avoir assassiné Wissam al-Hassan, le garant de la sécurité des Libanais", a ainsi déclaré le fils de Rafiq Hariri, assassiné le 14 février 2005, sur une chaîne libanaise.

"Ceux qui ont tué Rafic Hariri ont tué Wissam el-Hassan et ceux qui détruisent la Syrie veulent détruire le Liban", a résumé le ministre des Affaires sociales Waël Bou Faour, membre du Parti socialiste progressiste (PSP) de Joumblatt. Pourtant, cet attaque a été condamnée unanimement, y compris par Damas et son allié iranien.

Le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi, a en effet dénoncé un acte "lâche", "terroriste" et "injustifiable", comme le rapporte l'agence officielle Sana.

Le ministère libanais des Affaires étrangères a de son côté insinué qu'Israël était lié à cette explosion. "Cette action a été menée avec l'objectif de semer la dissension parmi les différents courants et catégories de la population libanaise et perpétrée par un élément qui n'a jamais eu en tête les intérêts du peuple et du gouvernement libanais mais qui ne poursuit que ses intérêts et ses objectifs impurs", a écrit le porte-parole du ministère, Ramin Mehmanparast, dans un communiqué cité par Reuters.

"Il ne fait aucun doute que le principal ennemi des peuples du Liban et de la région est le régime sioniste, qui tire profit de l'insécurité et l'instabilité dans la région", a-t-il ajouté. Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor, a rétorqué que cette thèse injustifiée était "au-delà du pathétique", et même "pathologique".

Wissam el-Hassan était proche de plusieurs responsables politiques du Liban opposés au régime de Bachar al Assad –notamment de Saad Hariri- et avait dirigé plusieurs enquêtes sur de nombreux attentats qui ont secoué le Liban depuis 2005 et dans lequel Damas a été pointé du doigt.

Cet ancien responsable de la sécurité de Rafic Hariri avait notamment dirigé la partie libanaise de l'enquête sur le meurtre de l'ancien Premier ministre, tué avec 21 autres il y a maintenant plus de sept ans à Beyrouth. Ses recherches avaient conclu à une implication de la Syrie et du Hezbollah, allié libanais de Damas.

Il avait en outre dirigé l'enquête qui a conduit, en août, à la mise en examen de l'ancien ministre Michel Samaha et de deux Syriens pour complot, étant soupçonnés de préparer des attentats au Liban avec l’aide de hauts responsables sécuritaires syriens dans le but de créer des dissensions confessionnelles. Mais le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a souligné samedi que le général Hassan avait été menacé bien avant d’avoir révélé l’affaire Samaha.

Le gouvernement libanais appelé à la démission

L'Alliance du 14 Mars (opposition) "fait assumer au Premier ministre Nagib Mikati personnellement, en raison du rôle qu’il a accepté de jouer, la responsabilité du sang du général martyr Wissam el-Hassan et des innocents tombés à Achrafieh, a-t-elle fait savoir dans un communiqué, et au gouvernement réuni la responsabilité politique et morale complète du complot visant à saper la stabilité du pays, notamment à travers ce crime odieux".

De fait, elle a appelé à la démission "immédiate" du gouvernement –dominé par le Hezbollah chiite, allié d’Assad-, estimant que son maintien constituerait "le degré le plus élevé de protection aux criminels".

Le conseil des ministres libanais a tenu une "réunion urgente" ce samedi matin en présence des différents services de sécurité. L’Agence nationale d’information (ANI, officielle) indique que le président libanais, Michel Sleiman, a affirmé qu’il entamera dès que possible des consultations pour la tenue d’une session du dialogue national.

Une journée de deuil a été décrétée samedi, et les funérailles du général auront lieu dimanche place des Martyrs à Beyrouth à 15 heures. Wissam el-Hassan sera inhumé près de la sépulture Rafic Hariri.(Paris Match)



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