En ces moments de grande crise morale, en retenant qu’en droit existe la présomption d’innocence, la morale aux yeux des citoyens est devenue fondamentale dépassant le simple cadre juridique, surtout dans une économie mondiale super médiatisée grâce aux réseaux sociaux.
1.-Comment ne pas rappeler le cas d’un pays nordique où un ministre a démissionné pour avoir payé un ticket de métro sur le budget de l’Etat, des démissions de nombreux responsables politiques pour des cas presque similaires et des difficultés récentes du candidat à la présidence française François Fillon, qui a bâti toute sa candidature sur la droiture et la moralité et qui risque de bouleverser toute la carte présidentielle française. La crise morale touche tous les partis traditionnels avec le vieillissement de l’élite politique, , rejeté par les populations en majorité les jeunes , comme en témoignent l’arrivée aux Etats Unis du président Trump, de la percée improbable il y a quelques années du candidat français Macron, la percée de l’extrême droite et avec le Brixit anglais la crise de l’actuelle construction européenne qui s’est fondée sur l’Economique oubliant le social et le culturel. Pouvoir et opposition de par le monde devraient méditer ces expériences pour fonder leur action sur la morale, s’ils veulent être crédibles, mobiliser les citoyens au moment où face à la détérioration de leur pouvoir d’achat, on leur demande des sacrifices. La lutte contre l’immoralité n’est pas une question de lois ou de commissions, vision bureaucratique du passé mais de s’attaquer au fonctionnement des sociétés. Comment ne pas rappeler qu’un des plus grands sociologues, Ibn Khadoum (1332- 1406) dans la Muqadima (traduite en Prolégomènes et qui est en fait son Introduction à l'histoire universelle et à la sociologie moderne) montrait clairement que le cycle de déclin des civilisations au Maghreb commençait lorsque l’immoralité gangrenait toute la société du sommet à la base.
2.-La crise que connait actuellement le monde caractérisée par le divorce Etat-citoyens est avant tout une crise morale. Tout processus de développement, étant l’œuvre d’acteurs politiques, sociaux et économiques, il ne peut aboutir que s’il se fonde sur la transparence, la cohérence et visibilité des décisions reposant sur des institutions crédibles et sur la moralité de ceux qui sont chargés de sa mise en œuvre. Le fondement de la crise mondiale actuelle s’explique par le fait qu’il y a suprématie de la sphère financière spéculative sur la sphère réelle, la dominance des profits spéculatifs sur le travail. Or, comme nous l’on enseigné les fondateurs de la science économique, disons l’économie politique, le travail mu par l’entreprise est le fondement de la richesse des Nations. L’économie mondiale traverse une très grave crise qui aura des répercussions sur l’ensemble des pays sans exceptions car nous sommes à l’ère de la mondialisation du fait de l’interdépendance des économies et des sociétés étant dans une maison de verre avec la révolution dans le domaine des télécommunications. Aucun pays ne peut y échapper si l’on ne met pas en place de nouveaux mécanismes de régulation supranationaux afin de réhabiliter la sphère réelle, la monnaie étant un signe au service de l’économie et non la dominer. Et ce bien entendu, dans le cadre d’une économie mondiale concurrentielle tenant compte des avantages comparatifs mondiaux et devant lier l’efficacité économique avec une profonde justice sociale, les économistes parleront d’équité.
3.-C’est que nous sommes à l’aube d’une nouvelle transition de la société mondiale avec de profonds bouleversements technologiques, culturelles et géostratégiques ce qui supposera des ajustements sociaux douloureux et donc une nouvelle régulation sociale afin d‘éviter les exclusions. Le chacun pour soi serai suicidaire et nous ramènerai aux conséquences néfastes des effets de la crise de 1929, avec des conflits désastreux. Dès lors, il y a lieu impérativement de repenser le fonctionnement du système économique et politique international, où nous assistons à des trafics illégaux de part et d’autres de la planète à travers des réseaux complexes, impliquant les Etats, les entreprises, et les citoyens, car s’il ya des corrompus, il y a des corrupteurs Pour cela, les politiques et les économistes doivent réhabiliter un facteur stratégique du développement, la morale. Car existe des liens inextricables entre un développement durable et la morale, en fait la récompense de l’effort et une lutte contre la corruption sous ses différentes formes. . En ce début du XXIème siècle ce n’est donc pas seulement une crise économique mais également et surtout une profonde crise morale devant fonder note appréciation sur une profonde rénovation de la perception du monde réhabilitant les vertus du travail et de l’intelligence.. Cela passe par une profonde moralisation de la vie politique, économique sociale et culturelle. Les discours chauvinistes, soi-disant nationalistes de complots de l’extérieur ne portent plus au sein d’une population à majorité jeune parabolée ouverte sur le monde. Et il semble bien que les bouleversements actuels dans le monde sont bien le fait de l’immoralité qui conduit aux autoritarismes devenus, dans un monde complexe, de très graves menaces à la souveraineté et à l’indépendance des Etats et à la sécurité mondiale.
4.-Le monde a besoin d’une culture fondée sur la morale et de la tolérance, comme nous l’enseignent les philosophes des différentes nations, de l’Occident et de l’Orient, depuis la nuit des temps de Platon, Aristote à nos jours. Adam Smith qui était professeur de philosophie morale à l’université de Glasgow, connu par l’Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), considéré par la science économique comme l’œuvre fondatrice de la discipline, pourtant l’auteur accordait une importance capitale à la Théorie des sentiments moraux, ouvrage publié en 1759, ayant pour objet de définir les principes de la morale, saisir les vertus nécessaires au bon fonctionnement de la société et comprendre d’où vient le sens moral. qui a connu un succès international Car, comment des responsables politiques peuvent il inciter l’investissement au niveau de leurs pays, lorsqu’eux -mêmes n’ont pas confiance et placent leurs capitaux dans des paradis fiscaux ? les économistes et les politiques durant cette transition inévitable de la société mondiale doivent repenser les liens entre l’éthique et le développement, existant d’une part un lien dialectique entre le trafic en tous genres et le terrorisme qui est une menace planétaire et se nourrit de la misère et le manque de morale de certains dirigeants et d’autre part en sécurité et développement. Pour l’Algérie, il s’agit si l’on veut mobiliser la population face à des ajustements économiques et sociaux inévitables face aux inévitables contraintes budgétaires, entre 2017/2020, devant éviter l'illusion de la rente éternelle, d’avoir une vision stratégique face au nouveau monde, de mettre aux responsabilités politiques, des personnes crédibles avec une attitude morale irréprochable, sinon aucun modèle de croissance ne peut aboutir Je recommande à Mme la Ministre de l’éducation nationale d’introduire un cours de morale au moins d’une heure par semaine, car nous devons revenir aux valeurs de base qui conditionnera notre comportement futur, d’où l’importance de l’Ecole et du savoir poumon de l’épanouissement de toute civilisation.
(1)-Rencontre internationale organisée par l’Union européenne « sur la transition démocratique dans les pays arabes » -Malte les 24/26 décembre 2011 –conférence lors de cette rencontre du Pr Abderrahmane Mebtoul sur ce sujet- Le Professeur des Universités expert international à l’invitation du Forum Mondial du Développement Durable, étant membre du conseil scientifique, qui tient sa 15èmesession le 13 mars 2017, donnera une conférence, en présence de plusieurs personnalités internationales sur le thème « l’Algérie face à la quatrième révolution économique et à la transition énergétique »