La grève illimitée des chauffeurs de bus et receveurs de l’ETUSA (ex RSTA), entamée il y a huit jours, a été déclarée lundi "illégale" par le tribunal administratif de Sidi M'hamed, selon une source judicaire citée par l’APS. Un verdict prononcé en référé lundi fait obligation aux grévistes de reprendre "immédiatement" le travail. Le mouvement de contestation a été déclenché, suite un retard dans le versement de la paie du mois d’octobre.
L’administration, tout en reconnaissant ce retard, l'avait expliqué par la mise en place de nouveaux mécanismex administratifs. Mais une fois la paie du mois d’octobre versée, les grévistes ont relancé une autre revendication, vieille celle-là, à savoir "l'application de tous les articles de la convention collective signée et adoptée en 1997 avec effet rétroactif et le respect de ses dispositions juridiques".
En fait, la décision de la justice d’invalider la grève, intervient à la suite d’une plainte de la direction générale. Jeudi le directeur général de l'Etusa, Yacine Krim, avait jugé "illégale" cette grève, considérant que "toutes les revendications des grévistes pour l'application de la convention collective de 1997 ont été satisfaites en octobre de l'année 2012". Pour le DG de l’ETUSA "il n'était plus possible de tolérer ce genre de débrayages inopinés qui causent des désagréments aux usagers des transports et des pertes à l'entreprise".
M. Krim avait aussi souligné qu'"il était du devoir de l'Etusa d'appliquer et de respecter les lois en vigueur", appelant les grévistes à "assumer leur responsabilité". Pour leur part les membres du bureau syndical, affilié à l’UGTA, restent intransigeants et menacent de poursuivre leur débrayage tout en exigeant dans la foulée le rétablissement du bureau dissout pour "faciliter le dialogue". Néanmoins, ils admettent le caractère « sauvage» qui risque de rendre le dialogue difficile et de compromettre la légitimité mouvement.
En marge d'une visite d'inspection à Alger, le ministre des Transports, Amar Ghoul, a estimé lundi que la grève des travailleurs de l'Etusa était un "problème interne qui doit se régler au niveau de l'entreprise", ajoutant que son département ministériel avait donné des instructions pour prendre en charge les revendications des grévistes, à condition qu'elles soient "raisonnables".
De son côté, Abdelmadjid Sidi Said, le patron de l'UGTA, a appelé les grévistes à faire preuve de « sagesse », les invitant à reprendre le travail « pour ne pas pénaliser les usagers des bus de l’ETUSA ». Ces usagers se considèrent justement comme des otages de cette grève. "Je ne comprends plus ce qui se passe ici. La grève dure depuis une semaine sans même pas garantir un service minimum. Je suis obligé de prendre, à contre coeur, les bus du secteur privé qui ne sont ni propres ni confortables, pour rentrer chez moi", se révolte un habitué de l’ETUSA.
D'autres personnes, ont dénoncé les désagréments provoqués par la grève tout en se disant « compréhensives » envers les grévistes. D’autres personnes encore se sentent comme des "otages" car, n'ayant pas d'autre choix, elles se retrouvent soit entassées dans des bus qui manquent de commodités, ou obligées de prendre des "taxis clandestins" pour arriver à leurs destinations.