Le modus vivendi qui existait jusque-là tant bien que mal entre les deux opérateurs de téléphonie mobile Mobilis et Nedjma/Ooredoo a volé en éclat dimanche. Et c’est l’opérateur historique qui a ouvert les hostilités. Dans un communiqué, ce dernier s'est dit "inquiet" des "violations", de la part d'un concurrent, des dispositions réglementaires régissant la commercialisation de la téléphonie mobile de troisième génération (3G), indique dimanche un communiqué de cet opérateur public.
Mobilis s’est gardé de citer nommément ce concurrent mais tous les initiés savent qu’il s’agit bien de Nedjma/Ooredoo, dont la stratégie marketing, par trop agressive pour la commercialisation de la 3 g dérange. « la réglementation régissant la commercialisation des offres 3G a été bafouée par un autre opérateur concurrent, en transgressant le dispositif réglementaire instauré par les autorités publiques devant garantir la transparence et une concurrence loyale et saine", dénonce Mobilis qui dit se trouver par conséquent « dans l'obligation de saisir le Conseil de la concurrence et de réunir son Conseil d'administration afin d'examiner cette situation inquiétante ».
Soulignant la "fermeté" avec laquelle ce dossier est examiné par les institutions compétentes, Mobilis appelle à une "prise diligente des dispositions nécessaires pour mettre fin à cette situation de non droit ». Quel est le corps du délit dont est responsable Nedjma/Ooredoo ? La commercialisation de « ses offres 3G à travers le web, ce qui représente une infraction aux dispositions de l'article 2 de la décision de l'APRT qui conditionne la souscription à une ligne téléphonique mobile 3G par la présence personnelle et physique du souscripteur au niveau des agences et points de vente agréés".
Il est aussi reproché à ce même opérateur de transgresser également l'article 3 de cette même décision, ainsi que les textes réglementaires édictés par l'ARPT et les dispositions réglementaires du décret portant attribution de la licence 3G (cahier des charges) en utilisant des numéros 2G pour la commercialisation des services 3G", ajoute Mobilis. Contacté par l'APS, le chargé de communication de l'Autorité de régulation de la Poste et des télécommunications (ARPT) a indiqué que "le Conseil d'administration de l'Autorité doit, d'abord, se réunir pour examiner cette question ».
Nedjma, loin d’accuser le coup, est passée à la contre-offensive pour expliquer sa stratégie commerciale. Elle accuse sans citer Mobilis de diffuser des « informations erronées relayées sous couvert d’anonymat, concernant la conformité au cadre légal et réglementaire applicable ». Les responsables d’Ooredoo expliquent que « la suspension dont il est fait état concerne uniquement les mécanismes temporaires accordant aux clients dûment identifiés un délai de 15 jours pour signer un nouveau contrat et ainsi réduire les risques de débordement dans nos boutiques et protéger l'intégrité de nos clients, partenaires et employés ».
Pour l’opérateur qatari, « toutes les informations sont disponibles sans délai pour permettre aux autorités compétentes de confirmer que la double numérotation sur une seule SIM constitue la solution optimale pour les abonnés tout en respectant le principe de séparation des licences 2G et 3G » La guerre est bel et bien déclarée et à l’autorité de régulation de faire le juge de paix.