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La frontière du… KIF

24-07-2013 18:04  Rafik Benasseur

Régulièrement, les serviteurs du Makhzen se relayent à plusieurs tribunes médiatiques pour réclamer à cor et à cri la réouverture de la frontière entre le Maroc et l’Algérie. Cela devient un leitmotiv dans la bouche des responsables marocains dés qu’il est question de l’Algérie ou des «maux» du Maroc. Mais assez souvent, ces derniers perdent les pédales et laissent libre court à un délire qui n’a d’égal que leur volonté de se rapprocher de la cour de M6.

Et en la matière, l’ultime coup fourré venu de Rabat et signé par le SG du parti l’Istiqlal Hamid Chabat qui réclamait la «marocanité» de Bechar et Tindouf aura été le summum de la paranoïa makhzenienne. Mais la réouverture de la frontière que l’Algérie voudrait qu’elle soit un couronnement d’une remise à plat et non pas une condition sine qua non, est à ce point capitale vue du palais royal.

Tout le monde sait que le trafic international du cannabis est géré par des hommes de main du makhzen. C’est une source de revenus non négligeable pour le trône du «Commandeur des Croyants». Mais dans ce contexte de crise économique mondiale asphyxiante pour nos voisins, le makhzen avait urgemment besoin de prendre un bol d’air frais à sa frontière Est. La réouverture de la frontière avec l’Algérie constitue ainsi un enjeu économique vital pour le Maroc. Et qui risque d’être aussi un enjeu politique pour une monarchie de moins en moins populaire à cause des déballages de corruption faits ces deniers temps.

Même le précieux soutien de la France ne peut plus lui garantir le blocage des pamphlets et autres livres politiquement incorrects mettant en cause un roi prétendument sacré…

Le cannabis du «Commandeur des Croyants»

«Le roi prédateur», écrit cette année par Catherine Graciet et Eric Laurent, constitue à cet égard une preuve décapante. La personne de Mohamed VI n’est plus au dessus de tout soupçon. Le totem est tombé… Il fallait donc au makhzen trouver un défouloir pour «mobiliser» les marocains contre les «méchants algériens». La campagne politique et médiatique fielleuse lancée depuis deux mois est donc directement liée aux soucis internes du royaume et le refus de l’Algérie de céder à ses «yeux doux» s’agissant de la réouverture de la frontière.

Un joint… vital

A raison d’ailleurs. La preuve ? Le wali de Tlemcen, Abdelouahab Nouri, a indiqué aujourd’hui que les saisies des différents services de sécurité (Gendarmerie, Sûreté nationale et Garde-frontières) ont atteint, en 2012 à travers la bande frontalière, plus de 1.300 quintaux de kif traité provenant du Maroc représentant 47 fois la quantité saisie en 2011 et 144 fois celle saisie en 2006.

Il confirme ainsi les déclarations du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci selon lequel, «l'Algérie est presque ciblée». «Nous souhaitons une coopération du Maroc dans la lutte contre le trafic de drogue», a ajouté M. Medelci. Au chapitre du cannabis dont le Maroc est leader incontestable au monde, pas moins de 78 tonnes ont été saisies durant le premier semestre de l'année 2013 en Algérie, selon l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT). On comprend alors mieux l’impatience du makhzen de voir s’ouvrir cette frontière du KIF.



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