C’est une question de sécurité nationale qui ne semble pas être prise avec tout le sérieux qu’elle requiert. Qu’on en juge : en trois ans, nos réserves de change ont baissé de 100 milliards de dollars.
A fin Décembre 2017, elles s’élevaient à 97,33 milliards de dollars pour chuter à 94,53 milliards à fin mars 2018.
Le ministre des finances indique placidement qu’elles s’établiront à 85,2 milliards de dollars à fin 2018, ensuite à 79,7 milliards en 2019 pour chuter à 76,2 milliards de dollars en 2020.
On dirait qu’il parle comme un étranger non concerné par cette lente descente aux enfers qui se déroule dans notre pays. Sommes-nous condamnés à voir nos réserves de change fondre au soleil sans réagir ?
Beaucoup d’observateurs ont remarqué que souvent nos devises sont dépensées de manière dispendieuse. L’analyse indique par exemple que le poste des services tertiaires consomme beaucoup de devises et qu’il y a un besoin de mettre de l’ordre à ce niveau.
Il a été également remarqué que les importations se font, dans certains cas, avec une légèreté déconcertante pour des produits souvent superflus.
Par ailleurs, les missions à l’étranger, très souvent d’aucun apport pour notre pays, se sont multipliées de manière exagérée. Il n’y a qu’à voir ces cohortes de parlementaires et de fonctionnaires qui se rendent chaque semaine aux quatre coins du monde pour assister passivement à des conférences sur des sujets qui ne sont d’aucune utilité pour notre pays sans autre objectif que celui de voyager en avion et faire du tourisme au frais de la princesse.
Notre diplomatie également consomme beaucoup de devises pour entretenir plus de 125 ambassades et consulats.
Les cadres de différents ministères passent leur temps à voyager à l’image de leurs ministres qui ne descendent jamais de l’avion et courent s’afficher comme panelistes à des colloques de peu d’importance.
Les choses ne peuvent pas continuer comme cela, car nous sommes en train de détruire l’avenir de notre pays et celui de nos enfants.
Allons-nous attendre jusqu’au jour où notre peuple n’aura plus quoi manger, une fois nos devises taries, pour réagir ?
Il faut absolument comprendre que nos réserves de change sont une question de sécurité nationale et que tous ceux qui concourent à les dilapider, comme c’est hélas souvent le cas, commettent des actes de trahison nationale et d’atteinte à notre souveraineté.
La question de nos réserves de changes ne doit pas être l’affaire de la seule banque d’Algérie ou du ministère des finances. C’est tout le pays, toutes les institutions, tous les organismes publics et privés, tous les cadres, tous les opérateurs qui devront être comptables de la scrupuleuse préservation de nos devises.
Le Premier ministre sera bien avisé d’organiser un conseil de gouvernement avec comme point unique à l’ordre du jour « la préservation accrue de nos réserves de change ».
Ce faisant, il remplira un devoir salutaire, car il y a beaucoup d’ordre à mettre dans ce segment. Il y a lieu, en effet, de suppléer à la carence de l’actuel ministre des finances qui ne semble pas apte à gérer efficacement cette question.
Tous les ministres devront s’impliquer avec le parlement et adopter des mesures drastiques contre les dépenses indues en devises.
Les secteurs à fortes dépenses en devises tels que l’armée, les affaires étrangères, les affaires religieuses, l’industrie, la santé, les secteurs importateurs de denrées alimentaires, les acquisitions d’équipements de l’étranger sans discernement, les procédures arbitrales mal gérées qui nous font perdre des fortunes en devises, les secteurs des services comme Air Algérie, la CNAN, les banques, les ports, les assurances, pour ne citer que ceux-là, devront avoir à cœur d’apporter avec engagement leur concours à cette œuvre patriotique visant à préserver jalousement nos précieuses réserves de change, gage de notre dignité, de notre sécurité et de notre honneur.
Il incombe à tous d’oser mettre en œuvre un plan pour préserver nos réserves de change qui continent hélas à être dilapidées. La listes des exemples concrets est longue.
Il va sans dire que ce plan doit s’articuler simultanément avec un autre destiné à accroitre nos recettes en devises.
Hamimi Merzoug
Université de Constantine
*Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et n’engagent pas le journal.