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"La fermeture des frontières a basculé dans l'absurde et l'injuste" écrit un algérien bloqué au Premier ministre

13-03-2021 11:04  Rédaction

Il s'appelle A. Salmi et voilà bientôt 400 jours qu'il est bloqué en France espérant à chaque instant prendre l'avion et rentrer au pays. En désespoir de cause il nous écrit, à l'instar de la bouteille d'eau qu'on jette à la mer avec la divine espérance que quelqu'un quelque part la trouve et vient à son secours. En s'adressant dans cette lettre ouverte au Premier Ministre, notre "naufragé", naviguant entre espoir et désespoir, aspiration et déception, attend impatiemment son retour auprès des siens.

"Monsieur le Premier Ministre,

Les frontières algériennes sont fermées et l'ouverture n’est certainement pas pour demain.  Demain, un autre jour. 

Ingénieur sans  emploi en France, je devais rentrer en Algérie le 19.03.20 mais le destin a décidé que la barrière sol-air  soit fermée le 17.03.20. J’ai cru que j’allais être rapatrié en premier mais je me suis trompé.  L’algorithme des priorités associé à une sélection au niveau du consulat d’Algérie m’ont condamné à un confinement de 365 jours en France. Au mois d'avril prochain, j’aurais bouclé quatre cents jours, enfermé  entre quatre murs à lire des romans de science fiction et  je dois  me préparer dès maintenant  à la possibilité de passer cinq cents jours en France.  J’ai un passeport algérien, un billet d’avion, un dépistage Covid-19  et je dois patienter encore en espérant être un jour sélectionné par le Ministère des Affaires Étrangères.   Une sélection qui se fait dans l'obscurité la plus totale et personne ne peut dire quels sont les critères de sélection ni pourquoi on doit être sélectionné pour pouvoir rentrer dans son  propre pays.  

J'ai écrit  au consul de  la rue solférino. Je vous ai écrit  sans lettre et sans timbre et je n’ai obtenu en retour qu’un silence blanc me condamnant ainsi  à quatre cents jours de solitude au temps du coronavirus. On ne peut pas se protéger à l’infini en abandonnant les exilés dans l’autre monde  jusqu'à l'extinction du virus dont personne n’est capable d’avancer une date.  La fermeture des frontières était très compréhensible au départ mais elle a rapidement basculé dans l’absurde et l'injuste: priorité pour X. urgence pour Y, autorisation spécifique pour Z...etc.  Il est urgent  de mettre fin à cette sélection et de trouver  une solution aux Algériens qui sont en attente de rentrer chez eux depuis douze mois.  Toute chose à une limite et il  arrive même que des  étoiles, épuisées par les vibrations du temps,  finissent par devenir des trous noirs perdant à jamais leur place dans le cosmos immortel.  

En attendant les hirondelles. Veuillez  agréer, Monsieur  le Premier Ministre, mes respects du Nord".



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